Les Pays de la Région du Sahel et L’opportunité D’Avoir un Accès à L’Océan Atlantique : Rêve Éphémère ou Réalité ?

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Les Pays de la Région du Sahel et L’opportunité D’Avoir un Accès à L’Océan Atlantique : Rêve Éphémère ou Réalité ?
Les Pays de la Région du Sahel et L’opportunité D’Avoir un Accès à L’Océan Atlantique : Rêve Éphémère ou Réalité ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Nous tenterons dans cet article de revenir sur un aspect des problèmes sahéliens, notamment la ruée régionale, dans laquelle les principaux acteurs internationaux ne sont plus les plus importants dans la bousculade, mais également la rivalité « Maroc – Algérie » qui est entrée dans de nouvelles étapes, annonçant cette fois encore plus de tension quant à la recherche d’un débouché sur l’Atlantique.

Il existe une relation étendue entre « l’océan et la côte », certes, caractérisée la plupart du temps par la monotonie, dont la stagnation est interrompue de temps en temps par les vagues qui peuvent surgir de l’océan en cas de changements climatiques.

Cependant, que les vagues montent des côtes jusqu’à l’océan semble bien être le signe d’une situation inhabituelle parmi les répercussions des changements climatiques géostratégiques, que le monde connaît aujourd’hui dans plusieurs régions, dans lesquelles la région africaine du Sahel occupe une position avancée.

Contexte général: Il est nécessaire d’accélérer les transformations

La région africaine du Sahel connaît depuis plus de dix ans des transformations profondes et rapides, auxquelles plusieurs facteurs ont contribué, dont nous pouvons en citer ceux-ci:

• L’échec des « régimes postindépendance » à réaliser le rêve d’une indépendance souveraine.

• La croissance de réponses radicales à l’échec de l’État « national » qui ont pris de multiples directions, entrant en conflit dans de nombreux cas avec les acquis des systèmes de gouvernance existants et leurs soutiens régionaux et internationaux.

• Le lancement d’une course à « l’hégémonie » sur la région, riche en ressources, mais manquant de capacités et d’expertise qualifiées pour gérer sa diversité et d’opportunités pour la relancer de ses revers chroniques.

C’est ainsi qu’on a pu constater ces dernières années, dans la région du Sahel:

• Le contrôle par des groupes violents et extrémistes de vastes zones des pays de la région, notamment le Mali et le Burkina Faso, avec des opérations atteignant d’autres pays, particulièrement le Niger, le Togo, le Bénin et même la Côte d’Ivoire. On sait que l’état de violence a précédé d’autres pays, menés par l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc, même si ces opérations différaient par leur ampleur, leur degré de violence et leur impact.

• Le retour des coups d’État militaires après des décennies pendant lesquelles la région pensait être entrée dans l’ère de la transition démocratique, sachant qu’au cours des quinze dernières années, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad ont été témoins de coups d’État militaires, dont certains ont renversé des présidents élus, et d’autres ont renversé les putschistes des coups d’État précédents.

De manière générale, l’ensemble de la région est dominé par une situation politique fragile dans laquelle les slogans de « démocratie et bonne gouvernance » ne sont plus aussi attractifs qu’ils l’étaient au début des années 1990, lorsque les Africains subsahariens ont inauguré une ère, dont ils rêvaient, soit une ère de salut face aux systèmes d’exclusion et aux déclarations des porteurs de galons.

Le vieux colonisateur devenant « non grata »

En raison des anciens acteurs, en plus d’autres facteurs, la région du Sahel a connu un état de rébellion sans précédent contre l’ancien colonisateur. De facto, la France s’est retrouvée poursuivie dans le désert de sa propre expérience séculaire, et elle est restée son arrière-cour et une de ses forces dans le calcul des atouts stratégiques dans l’équilibre mondial. Ces derniers mois, les derniers soldats français ont quitté le Niger, dernière étape d’une course-poursuite dont les premiers chapitres ont été écrits à Bamako, puis à Ouagadougou.

On peut donc dire que le départ de l’ancien colonisateur a coïncidé avec l’entrée d’un nouvel acteur présenté par les militaires au pouvoir sous le titre de « diversification du partenariat », et on craint dans plusieurs milieux qu’il ne se transforme en un nouveau colonisateur. Quelle que soit sa réalité dans les prochains jours, l’ours russe est devenu un acteur influent dans la région du Sahel, entraînant des armées, leur fournissant des armes et menant des opérations de « terre brûlée » contre les groupes rebelles au pouvoir, sans distinguer celles lancées par les forces armées, les demandes locales et celles qui véhiculent des perceptions et peut-être des agendas transfrontaliers.

L’effondrement du Groupe des Cinq (le G5 Sahel)

Incarnant toutes les transformations précédentes, et à quelques semaines du dixième anniversaire de sa fondation, le Groupe des Cinq pays du Sahel (G5 Sahel), qui comprenait parmi ses membres la Mauritanie (pays du siège), le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, s’est effondré, et de ses entrailles est né un nouveau groupe qui ne cache pas ses penchants vers les nouveaux maîtres du Sahara (les Russes).

Le nouveau groupe, qui comprend aujourd’hui le Mali, le Burkina Faso et le Niger (anciens membres du G5 Sahel), se base sur des objectifs qui vont au-delà de la coopération militaire et économique pour s’apparenter à une alliance face aux risques spécifiques aux régimes de ces pays, dont le plus important est de protéger les régimes putschistes et leurs agendas « nationaux », avec comme premier objectif: « vaincre la France et mettre fin à sa présence dans leur pays, et peut-être dans la région ».

Maroc – Algérie: De la surveillance à la bousculade ?

Non loin des côtes, les deux voisins amis (qu’on peut aussi qualifier de frères ennemis), et il s’agit ici du Maroc et de l’Algérie, continuent de suivre la situation avec beaucoup d’intérêt et de prudence. La sensibilité de leurs interrelations, ainsi que la sensibilité des positions et des localisations des pays de la région, les incitent à préférer éviter l’entrée directe dans le conflit dans un espace vital pour chacun d’eux. Cependant, les développements mentionnés ci-dessus (l’effondrement de la plupart des auvents qui étaient debout) les ont poussés dans la situation qu’ils avaient toujours évitée: « la situation de bousculades dans le Sahara et dans le Sahel ».

Néanmoins, le point de départ a été l’annonce par le Maroc, le 6 novembre 2023, de ce qu’il appelle une initiative royale visant à « permettre à l’ensemble des pays africains du Sahel d’accéder à l’océan Atlantique pour en bénéficier », estimant que « le succès de cette initiative reste tributaire de la réhabilitation des infrastructures des pays du Sahel et d’œuvrer à sa connexion aux réseaux de transport et de communication de son environnement régional ». On peut dire qu’il était clair que cette initiative représentait un changement stratégique dans la position marocaine, qui reste pourtant prudente à l’égard de provoquer l’Algérie, laquelle dispose d’une influence stratégique dans plusieurs pays, mais Rabat a apparemment décidé que le moment était approprié pour imposer de nouvelles règles d’engagement au Sahel.

L’annonce marocaine a été faite simultanément au retrait des forces internationales des villes du nord du Mali et à l’obtention de victoires sur le terrain par l’armée malienne, appuyée évidemment par les unités paramilitaires russes privées de Wagner, qui lui ont permis d’étendre son influence sur la ville de Kidal, qui représente un symbolisme historique et une importance stratégique dans la région de l’Azawad, dont les mouvements Touaregs et arabes réclament la sécession, et qui connaît également un état de troubles chroniques depuis des décennies.

Les transformations rapides au nord et la situation qui en résulte ont provoqué une confusion fondamentale dans les règles de gestion d’un conflit dans lequel l’Algérie continue de considérer qu’elle a le dernier mot en tant que sponsor de l’accord de paix signé en 2015, accord qui ne semble plus représenter les ambitions des deux principales parties au conflit du fait que:

• Bamako, qui a expulsé la France et les forces internationales, et ses dirigeants militaires estiment que le moment est venu de reconquérir le nord par la force,

• La Coordination des mouvements de l’Azawad qui estime qu’elle a patienté pendant longtemps en attendant les résultats d’un accord de paix qui n’a pas été respecté, et qui estime qu’elle mérite davantage d’assumer des rôles fondamentaux dans l’administration du nord après le départ de forces internationales.

A ce moment critique, la situation est devenue incontrôlable et des campagnes d’échanges d’accusations sans précédent entre Alger et Bamako sont apparues au public, puis se sont rapidement développées pour convoquer les ambassadeurs pour des consultations après que l’Algérie ait accueilli une réunion de coordination des mouvements azawadiens et l’accueil par le président Abdelmadjid Tebboune, de l’ancien chef du Conseil suprême islamique du Mali, l’influent cheikh Mahmoud Dicko.

Ce sont là des mesures que le Mali considérait comme une ingérence flagrante dans ses affaires intérieures, alors que l’Algérie les considérait comme essentiels et les plaçait dans le cadre de son rôle naturel régi par son parrainage de l’accord de paix, mais les médias algériens ont qualifié la position du Mali de « conspiration contre l’Algérie », l’accusant d’avoir mordu la main tendue pour la paix et a qualifié le chef de la junte militaire au pouvoir à Bamako de putschiste sanglant.

Par ailleurs, et dans une démarche qui a rendu la situation au Sahel encore plus grave, le Maroc a activé son initiative en accueillant, le 23 décembre dernier, à Marrakech, une réunion des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, tandis que la Mauritanie était absente à cette réunion, même si son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Marzouk, était bien présent à Marrakech pour participer à la sixième session du Forum arabo-russe, et en marge de celui-ci, il a eu des entretiens avec son homologue marocain, Nasser Bourita.

Les participants à la réunion de l’Initiative royale marocaine ont convenu que les pays formeraient des comités à leur niveau pour étudier les moyens d’activer l’Initiative d’accès au littoral de l’Océan atlantique.

Algérie – Maroc: Un Sahel sans accès à l’Océan et un Océan sans accès au Sahel !

Il n’échappe point aux observateurs et spécialistes des affaires africaines et des experts internationaux, que le Maroc et l’Algérie, qui s’affrontent sur plusieurs fronts depuis des décennies, sont confrontés à une crise forte dans leur nouvelle zone d’engagement:

• l’un (le Maroc) a une présence étendue sur l’océan mais n’a pas d’accès au Sahel africain,

• et l’autre (l’Algérie) possède une grande partie du Sahel et du désert mais n’a pas d’accès à la mer du côté de l’Océan atlantique.

Cela les rend stratégiquement entravés et condamnés par la logique géographique à conférer des dimensions et des rôles à d’autres pays qui ont nécessairement leurs propres récits et situations.

Ainsi, le Sahara occidental est en guerre avec le Maroc depuis des décennies, une situation qui connaît aujourd’hui un état d’escalade ayant atteint son apogée lors de l’opération qui a visé la ville de Smara, et des allusions ont été émises depuis Rabat sur la possibilité de l’implication de certaines parties en Mauritanie, sachant que l’absence de la Mauritanie à la réunion de Marrakech constitue un message clair de la réticence de Nouakchott, qui adopte la neutralité dans le conflit algéro-marocain, à s’écarter de sa position traditionnelle, ce qui complique les chances de succès de l’initiative marocaine.

C’est pourquoi, dans ses déclarations suite à l’annulation de la rencontre de Marrakech, Rabat a tenté de donner l’impression que l’absence de la Mauritanie et du Sénégal à la réunion ne signifie pas leur retrait de l’initiative, mais force est de constater que Nouakchott et Dakar ne sont pas du tout prêts à signer un contournement dans une initiative comme celle-ci qui leur ferait perdre des cartes économiques et stratégiques vitales.

Maroc – Algérie: Des alliances qui se chevauchent

La question de l’accès vers l’océan et de l’accès au Sahara n’est pas seulement ce qui limite les ambitions du Maroc et de l’Algérie d’influencer le Sahel, mais Il existe plutôt des facteurs liés à la superposition de leurs alliances internationales avec des enjeux qui entrent en conflit avec leurs paris, voire même entre eux.

• Parallèlement, les États-Unis d’Amérique gèrent:

1-Une relation vitale avec le Maroc qui l’a incité à normaliser et à signer les accords d’Abraham, et à troquer la position biaisée du Maroc sur la question du Sahara occidental contre une position marocaine forte envers l’entité sioniste.

2- Et une relation avec l’Algérie dans ce que Washington décrit comme la guerre contre le terrorisme, l’un des fruits de la convergence des deux positions a été le consensus américano-algérien intervenu au Niger ces derniers mois, pour faire face aux efforts ouest-africains soutenus par la France pour contrecarrer le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier.

3-L’Algérie entretient également des relations privilégiées et fortes avec la Russie dans plusieurs domaines, mais elle ne cache pas des positions négatives quant à la présence des unités de Wagner dans les pays qui la bordent (Mali et Libye).

4-Finalement, Rabat, l’allié traditionnel de Paris, ouvre également les bras aux pays rebelles (Mali, Niger, Burkina Faso), et leur promet un accès à l’océan.

• La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les Etats-Unis conditionnée par la normalisation avec Israël

Bien que l’environnement international lui fût déjà favorable depuis un bon moment, Rabat avait remporté une importante victoire diplomatique le 10 décembre 2020, lorsque le président Donald Trump, à l’époque de son mandat, avait annoncé sur Twitter que les Etats-Unis reconnaissaient officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

Néanmoins, en contrepartie de cette reconnaissance, le Maroc avait accepté à son tour de renouer des relations diplomatiques avec Israël, en commençant par rouvrir leurs bureaux de liaison respectifs, et puis d’une représentation diplomatique à part entière sous la houlette de l’ambassadeur David Govrin.

Les Etats-Unis ont, en outre, proposé de vendre pour un milliard de dollars de drones et d’armes guidées avec précision au Maroc. La reconnaissance américaine étant liée à la normalisation diplomatique avec Israël, et bien que des représentants des deux partis appellent à renoncer à cette mesure, l’administration Biden aura probablement du mal à revenir sur la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sans mettre en péril la relation entre Rabat et Israël.

• Le « Deal du siècle » sous les effets de l’agression continue d’Israël à Gaza

Il faut se rendre à l’évidence que la situation est telle, que les trois ans du « deal du siècle », selon la formule de Donald Trump, sont passés sous silence. Contrairement aux années précédentes, l’accord du 22 décembre 2020, qui est témoin de la reprise officielle des relations entre Rabat et Tel Aviv ainsi que la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, n’a fait l’objet d’aucune célébration, et ce, suite aux agressions multiples et le génocide commis par Israël contre Gaza.

• Israël avait compris l’importance cruciale de la question du Sahara occidental pour le Maroc

La reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara représente un événement historique car, depuis le rétablissement des relations diplomatiques, Israël a adopté une approche positive sur ce sujet, et de nombreuses personnalités éminentes ont exprimé leur soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara marocain. Cette décision a été facilitée par les solides liens entre les deux peuples et le consensus parmi les partis politiques en Israël.

Par ailleurs, Israël exprime le souhait d’élever prochainement le statut de la mission diplomatique israélienne de bureau de liaison à celui d’ambassade à part entière à Rabat. Un souhait qui demeure assez trop « discret » pour les deux parties, sachant qu’un partenariat florissant s’est développé dans de nombreux domaines entre les deux pays, notamment sur les plans économique, militaire et culturel, et de nombreux touristes israéliens se rendent de plus en plus au Maroc, tandis que les investisseurs israéliens montrent un intérêt croissant pour les opportunités offertes par le Royaume.

Et puis après…ce sont les problèmes du Sahel !

Il s’agit en fait d’une situation alimentée par des crises internes et alimentée par des conflits externes.

Dans le passé, les puissances internationales lointaines, même relativement, étaient les plus importantes dans la lutte (France, Russie, Turquie, Iran, Chine), et aujourd’hui la rivalité maroco-algérienne est entrée dans de nouvelles phases, annonciatrices de plus de tension cette fois à la recherche d’un débouché sur l’Atlantique.

Il est vrai, certes, que la tension dans les relations entre le Mali et l’Algérie s’est atténuée au cours de la deuxième quinzaine du mois de janvier 2023, avec le retour des ambassadeurs des deux pays et l’arrêt des échanges médiatiques, mais quiconque examine les générateurs d’inflammation peut s’attendre à ce que cet état de calme ne durera pas longtemps.

Face aux défis de sécurité sans couverture maintenant, après l’effondrement du Groupe des Cinq pays du Sahel, l’Algérie affiche une colère lente face à sa transgression dans les cadres précédents après l’échec de sa tentative d’établir une coalition en 2013, avec de nouvelles inquiétudes concernant la présence militaire et sécuritaire croissante des Émirats arabes unis en Mauritanie et au Maroc.

L’entrée en force des « drones » turques dans l’arsenal d’armement de l’armée malienne, suscite des craintes à Nouakchott comme à Alger, craintes perçues avec méfiance à Bamako, compte tenu de ce que les partisans du colonel Assimi Goïta considèrent comme la même hégémonie dans la plupart des pays voisins du Mali.

Il y a des signes d’une crise entre Rabat et Nouakchott, que les deux parties s’efforcent de réprimer et de contrôler son rythme, mais des indicateurs croissants indiquent que les opérations de « silence et contrôle » pourraient trouver un moyen de respirer, surtout si les complications de la gestion les « routes » vers la côte et l’océan atlantique se poursuivent.

Le mot de la fin

Pour conclure ce dossier spécial, il faut reconnaître que ce n’est un secret pour personne que la reconnaissance du Sahara marocain par un pays de la taille des États-Unis constitue pour le Maroc une victoire diplomatique majeure, et un coup dur porté à ses opposants à court terme.

Cette reconnaissance pourrait également constituer un important regain de moral pour la diplomatie marocaine. Toutefois, ce scénario ne servira ni les intérêts diplomatiques du Maroc ni son image aux niveaux arabe, régional et international, que ce soit à moyen ou long terme.

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