Mali – Algérie: Quelles sont les conséquences de l’escalade actuelle entre les deux pays ?

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Mali – Algérie: Quelles sont les conséquences de l’escalade actuelle entre les deux pays ?
Mali – Algérie: Quelles sont les conséquences de l’escalade actuelle entre les deux pays ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. L’année 2023 s’est achevée sur une crise diplomatique qui a éclaté entre l’Algérie et le Mali, et ce à la suite de laquelle ce dernier a convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, précisément le 20 décembre dernier, pour protester contre ce qu’il a qualifié d’ingérence algérienne dans les affaires intérieures du Mali après que des responsables algériens ont accueilli les dirigeants de certains groupes armés opposés au nouveau régime militaire dans le nord du pays.

A noter que cela s’est passé avant que l’Algérie ne convoque à son tour son ambassadeur au Mali pour répondre aux accusations maliennes, sachant que des signes de tension ont été constatés dans les relations entre les deux pays, après des années de relations fortes.

Dans ce contextes, les médias des deux pays n’ont pas manqué d’échanger des accusations au point que les médias algériens ont qualifié Assimi Goïta, chef du Conseil militaire de transition au pouvoir au Mali, de putschiste sanglant, ce qui ajoute un nouveau chapitre de crises régionales dans le Sahel africain, déjà en crise depuis des années, sur fond de spéculations sur d’éventuelles répercussions négatives pour les deux parties, et au premier plan se trouve l’influence algérienne au Sahel, vers lequel le Mali est considéré comme une porte d’entrée stratégique.

L’escalade des autorités de transition à Bamako est également perçue comme une réaction exagérée à l’égard de l’Algérie, d’autant plus qu’elle est le principal sponsor de l’accord de paix conclu entre le gouvernement malien et les mouvements armés du nord du pays en 2015, et que l’Algérie a suivi de prés la mise en œuvre de ses dispositions au cours des huit dernières années, ce qui soulève des doutes sur les vraies raisons et les motivations de Bamako quant à cette escalade, qui pourrait renforcer son hostilité envers son voisinage régional depuis le récent coup d’État militaire dans le pays. Cela pourrait renforcer également la polarisation régionale dans la région du Sahel, qui souffre de troubles sécuritaires croissants, à la lumière de la récente escalade des activités des organisations terroristes dans cette région.

Voyons d’abord les dimensions de la crise

Malgré les raisons avancées pour l’éclatement de la crise entre l’Algérie et le Mali, qui révèlent l’exagération du côté malien dans l’escalade de l’incident, et selon les données de la situation actuelle, il existe un certain nombre de facteurs qui pourraient contribuer à l’éclatement des différends entre les deux pays au cours de la période écoulée, et les plus marquants d’entre eux peuvent être analysés comme ci-après:

• Accusations maliennes contre l’Algérie d’héberger des dirigeants de mouvements armés maliens

Les autorités maliennes de transition accusent l’Algérie d’avoir tenu des réunions avec certains dirigeants de groupes séparatistes touareg connus pour être constamment hostiles au gouvernement malien, sans toutefois inviter les responsables maliens pour assister à ces réunions. Ceci à la lumière des craintes de Bamako d’un éventuel soutien algérien à ces mouvements armés contre lui, d’autant plus que le Mali est engagé dans une opération militaire globale contre ces groupes ces derniers mois dans le nord du pays.

Les autorités maliennes ont également ouvert une enquête après que l’armée malienne a repris le contrôle de la ville de Kidal en novembre 2023 des mains de certains dirigeants de mouvements armés récemment venus en Algérie, tels que Bilal Ag Cherif, Alghabass ag Intalla, Ibrahim Ould Handa, Fahad Ag Al Mahmoud, Hanoun Ould Ali et Mohamed Ag. Najm.

Pourtant, il semble très naturel que l’Algérie accueille les dirigeants des mouvements armés dans le cadre du suivi de l’accord de paix signé en 2015 à Alger, avec une médiation et un parrainage algériens. Cela renforce l’affirmation de l’Algérie auprès du gouvernement malien selon laquelle elle maintient ses principes concernant la crise malienne, qui sont liés au souci de l’Algérie de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale, et la confirmation que le règlement de paix est à même d’assurer la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale ainsi que la stabilité dans la scène malienne.

Le 13 décembre 2023, suite à la défaite des rebelles touaregs à Kidal en novembre 2023, l’Algérie a appelé toutes les parties maliennes à renouveler leur engagement à mettre en œuvre l’accord de paix et de réconciliation issu de l’accord d’Alger, qui reste le cadre approprié pour résoudre la crise au Mali, dans le but d’établir la stabilité et la paix sur une base solide et durable.

Mais il ne faut pas oublier que l’Algérie entretient des relations historiques profondes avec l’État du Mali et ses composantes depuis l’époque de la révolution de libération algérienne, avant qu’elles ne se soient renforcées suite au succès de la signature de l’accord de paix en 1991, entre l’autorité centrale de Bamako et le pouvoir azawadien, mouvement rebelle dans le nord, puis « l’accord de paix et de réconciliation » en 2015, sans oublier qu’elle dirige actuellement un comité international de suivi pour mettre en œuvre ses dispositions.

• A propos de l’accueil par Alger du chef religieux Mahmoud Dicko

Le Mali a exprimé son mécontentement envers l’Algérie qui a accueilli certaines personnalités de l’opposition qui critiquent le conseil militaire de transition du pays, notamment Mahmoud Dicko, qui s’est rendu en Algérie le 19 décembre 2023 et qui est considéré comme une figure centrale sur la scène politique malienne et dont l’influence dépasse le champ religieux, car il a sans cesse critiqué vivement le conseil de gouvernement à plusieurs reprises à Bamako.

A noter que le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait reçu personnellement à Alger l’imam Mahmoud Dicko, la plus importante autorité religieuse du nord du Mali.

En accueillant l’Imam Dicko, l’Algérie n’a pas voulu perturber les négociations, mais a seulement voulu dire que les négociations en cours doivent se dérouler sous le couvert de l’accord, qui est la seule règle proposée au niveau international.

De facto, Bamako craint que l’Algérie ne devienne une plateforme d’hébergement pour des personnalités de l’opposition. Cela l’a amenée à avertir la partie algérienne que ces rencontres nuiraient aux bonnes relations entre les deux pays et que l’affaire pourrait dégénérer en une rupture des relations diplomatiques, avec des répercussions négatives pour les deux parties.

Il importe de rappeler que le président Tebboune, avait déclaré au journal Le Figaro, l’année dernière, qu’il critiquait la présence de Wagner au Sahel. C’était en réponse à une question posée par le journal sur la présence des unités paramilitaires de groupe privé russe, indiquant à ce sujet que: « L’argent que coûte cette présence serait dans une position meilleure et plus profitable s’il allait au développement de la région du Sahel », indiquant également que: « l’Algérie n’aime pas la présence de ces forces étrangères », malgré ses relations fortes avec la Russie.

• Réduction de la légitimité du conseil de transition au pouvoir

Le Mali pourrait considérer l’absence de ses membres aux réunions tenues par l’Algérie avec les dirigeants des mouvements armés comme une indication algérienne de la faiblesse de la légitimité du nouveau régime au pouvoir dans le pays, ce qui pourrait avoir incité Bamako à aggraver la crise avec l’Algérie. D’autant plus que les autorités maliennes sont soucieuses de confirmer leur légitimité politique et qu’elles sont la seule autorité légitime du pays.

• Le système malien semble bien fuir les crises internes

Certains pensent que l’élite militaire au pouvoir au Mali est impliquée dans un bourbier de crises internes au Mali, à la lumière des pressions politiques, économiques, sécuritaires et sociales de la période récente qui génèrent davantage de troubles dans le pays. Ce qui pourrait inciter le régime de Goïta à tenter de détourner l’attention des crises perçues à l’intérieur du Mali en créant des crises à l’étranger, surtout après le retrait complet de la France du pays et qu’il n’existe plus d’ennemi extérieur contre lequel le régime en place à Bamako puisse susciter le sentiment national de l’opinion publique pour la rallier autour de lui au détriment des crises internes accumulées.

• Bamako se sent capable d’éliminer les mouvements armés

Les forces maliennes ont remporté quelques succès contre les mouvements armés dans le nord du Mali au cours de la période récente, notamment après avoir repris le contrôle de Kidal en novembre 2023. Cela se fait avec l’aide de ses partenaires internationaux, comme la couverture aérienne et le soutien logistique apporté par l’allié russe à travers les forces paramilitaires du groupe privé russe Wagner, en plus de l’apport des drones turcs « Bayraktar » que Bamako a acquis depuis février 2023 et qui ont été utilisés dans les combats depuis août 2023, ce qui renforce les capacités de l’armée malienne par rapport aux autres mouvements armés.

Cela renforce sa volonté de résoudre le conflit dans le nord du pays, ce qui nécessite d’envoyer un message d’avertissement croissant aux pays voisins de la région, notamment l’Algérie, sur les dangers d’héberger des mouvements armés ou de leur apporter un soutien logistique et de s’entendre avec eux, notamment avec la poursuite de l’opération militaire malienne contre la rébellion dans le nord du pays pour l’éliminer complètement avec l’aide russe et régionale.

• Contradictions dans les relations entre les deux pays

Il semble qu’il y ait eu une tension cachée qui a prévalu entre les deux parties au cours de la période récente. Des informations ont indiqué que l’Algérie avait critiqué la décision du Mali de rompre les relations diplomatiques avec la France, en plus des accusations des milieux algériens selon lesquelles le Conseil militaire de transition au pouvoir au Mali était une dictature, tandis que les médias ont indiqué la diffusion d’un faux document attribué à l’Algérie sur la situation au Mali, avant que les autorités algériennes ne nient tout lien avec cette affaire de document, sachant que l’Algérie a exprimé son inquiétude quant au déploiement des forces russes Wagner au Mali, qu’elle considère comme une arrière-cour stratégique et un élément de la sécurité nationale algérienne, qui a conduit à la situation au niveau des relations bilatérales entre les deux pays, sur fond de craintes d’une escalade des tensions entre eux au cours de la période à venir.

Quand le président Tebboune pose des conditions

Le président Tebboune insiste sur le fait que la solution au Mali ne se fera que selon l’approche de l’Algérie, comme il l’a récemment déclaré aux médias locaux, exprimant son profond mécontentement face aux agissements du Groupe des États de l’Afrique de l’Ouest, au sujet duquel il a souligné: « Ils ne nous ont pas consultés et, à notre tour, nous ne les avons pas consultés et ne les consulterons pas sur le dossier malien ».

Tebboune est allé plus loin en fixant les conditions algériennes d’une solution à la situation, en soulignant la nécessité d’un pouvoir civil et en réduisant la période de transition à un an et demi, soulignant que « la solution de la crise au Mali ne sera obtenue que par accord avec l’Algérie ».

Le ton ferme du président Tebboune face à la crise malienne et aux développements qui ont accompagné la décision de son pays, de l’avis des observateurs, reflète sa position forte en tant qu’acteur régional influent, tandis que d’autres doutent de sa capacité efficace à jouer un rôle de médiateur décisif pour résoudre la crise, étant donné de nombreux faits dont le plus important est l’influence régionale de la Communauté ouest-africaine, ainsi que le poids français auprès du Bloc Africain du Sahel.

Les conséquences possibles

Cette étape d’escalade dans le cours des relations maliennes-algériennes entraîne de nombreuses répercussions potentielles à plus d’un niveau, dont les plus importantes pourraient bien être les suivantes:

• L’effondrement possible de l’Accord d’Alger de 2015

L’escalade continue des tensions entre le Mali et l’Algérie pourrait conduire à un retrait de cette dernière de la médiation de l’Accord d’Alger conclu en 2015, ce qui signifierait que toutes les parties s’engageraient à nouveau dans les combats dans le nord du Mali. Cela constitue une menace pour la sécurité de l’Algérie et du Mali et représente une opportunité pour les organisations terroristes d’étendre leurs activités dans ces zones, ce qui pose un défi à certaines zones riches en pétrole du sud de l’Algérie.

• Une nouvelle réalité à imposer au nord du Mali

Peut-être que le régime d’Assimi Goïta souhaite à nouveau remodeler les règles du jeu dans le nord du Mali, en s’engageant dans davantage d’opérations militaires pour éliminer complètement les mouvements rebelles, en profitant de la pression exercée sur l’Algérie, pour s’assurer qu’elle n’apporte aucun soutien ou abri aux éléments de ces mouvements, en profitant du soutien militaire russe et peut-être du soutien de l’alliance Liptako-Gourrma pour soutenir ses opérations militaires afin d’imposer son contrôle et étendre son influence dans le nord du pays au cours de la période à venir.

• L’expansion de l’isolement du système malien

La poursuite de la crise avec l’Algérie pourrait exacerber l’isolement régional du régime militaire au pouvoir au Mali, et ce au niveau régional, surtout après que ses relations avec le bloc de la CEDEAO et un certain nombre de puissances internationales, notamment la France, se soient tendues au cours des deux dernières années, à la suite du coup d’État militaire de mai 2021, ce qui renforce ses craintes d’être entouré d’une ceinture d’ennemis régionaux, et il pourrait reconsidérer ultérieurement la résolution de ses crises régionales, notamment en Algérie.

• Intensification de la crise entre les deux parties

Si les efforts diplomatiques ne parviennent pas à rapprocher les vues des dirigeants des deux pays, cela pourrait représenter l’occasion d’une éventuelle escalade qui pourrait atteindre le point de rupture entre les deux pays dans la période à venir, ce qui signifierait que l’Algérie se transformerait en un médiateur non neutre pour les autorités maliennes qui pourraient ainsi chercher à mobiliser les pays voisins de la région contre l’Algérie, qui pourrait perdre à l’avenir une grande partie de son influence dans la région du Sahel.

• Tensions frontalières croissantes

La coordination sécuritaire entre les parties algérienne et malienne pourrait être affectée négativement, car cela signifie des menaces sécuritaires croissantes dans le nord du Mali, et la possibilité de déclenchement d’affrontements militaires à plus grande échelle au cours de la période à venir, en plus des tensions frontalières croissantes. des attaques terroristes perpétrées par des organisations actives dans cette région, ce qui aggravera la situation humanitaire qui pousse des dizaines de milliers d’habitants de ces zones à se réfugier en Algérie sous le poids des menaces sécuritaires qui y règnent, ce qui pourrait entraîner l’infiltration de certains éléments terroristes dans le sud de l’Algérie, et la menace que cela représente pour la sécurité nationale algérienne.

• Rapprochement de l’Algérie avec les mouvements armés

L’Algérie pourrait punir les nouvelles autorités du Mali dans le cas où un règlement de la crise actuelle ne serait pas trouvé en se rapprochant des mouvements armés du nord du Mali et en leur fournissant un certain soutien logistique, afin d’embarrasser le régime militaire du Mali. Cela pourrait contribuer à transformer la région en un foyer de tensions régionales, susceptible de constituer un environnement propice aux activités de nombreuses organisations terroristes.

• Le déclin de l’influence algérienne dans la région du Sahel

L’Algérie pourrait perdre l’une de ses principales cartes d’influence dans la région en raison de relations tendues avec les autorités de transition maliennes, ce qui pourrait contribuer à limiter ses mouvements au Sahel. Cela pourrait renforcer le jeu du nouveau régime militaire malien sur les contradictions régionales en tentant de faire pression sur la partie algérienne en ouvrant des canaux de communication solides avec le Maroc, notamment après les déclarations d’Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, qui ont coïncidé avec la crise algérienne, disant que le Maroc est un partenaire fiable pour Mali, surtout qu’il a évoqué la possibilité de s’engager ensemble dans des projets à long terme.

De manière générale, les partis algériens et maliens devraient bientôt surmonter la crise actuelle, à la lumière du besoin de chaque parti de l’autre dans un contexte sécuritaire et politique régional turbulent et complexe.

L’Algérie ne veut pas voir disparaître sa forte influence au Mali, qui représente une porte d’entrée vers son influence croissante dans la région du Sahel, alors que le régime de Bamako est conscient de la nécessité d’avoir l’Algérie à ses côtés, que ce soit dans la voie des négociations avec les mouvements rebelles, ou dans la voie de confrontation militaire pour garantir que l’Algérie n’abrite pas d’éléments de ces mouvements. Par conséquent, les gains stratégiques découlant du rapprochement des deux parties dépassent de loin l’état de tension ou d’éloignement dans lequel elles pourraient se retrouver au cours de la période à venir aux niveaux bilatéral et régional.

Par ailleurs, ce que l’Algérie redoutait le plus dans la période récente, c’était le retour de la confrontation armée, compte tenu du maintien de chaque parti sur sa position, face au manque de confiance entre l’opposition et le gouvernement de transition. C’est ce qui s’est passé sur le terrain, et l’une de ses conséquences a été la crise actuelle entre elle et Bamako.

• Entre le Mali et l’Algérie surgit le spectre du Maroc

Il importe de rappeler que la crise que traversent actuellement les relations algériennes-maliennes a été précédée par d’importants développements sur le terrain qui lui ont ouvert la voie, notamment le contrôle par l’armée malienne de la capitale de l’opposition armée, proche de la frontière algérienne, en plus à une évolution politique et sécuritaire dont a été témoin la région, représentée par la présence des unités du groupe russe « Wagner », qui reçoit le soutien de la Russie, devenu un nouvel acteur sur la scène, grâce auquel les forces armées maliennes ont étendu leur influence dans des zones du nord du pays que l’Algérie considère comme faisant partie de sa sécurité nationale.

De plus, à la lumière de l’escalade de cette crise politique entre l’Algérie et le Mali, après que chacun d’eux a rappelé son ambassadeur résident dans l’autre pays, sur fond d’accueil par le régime algérien des partis d’opposition maliens, il est probable que Bamako réorganise ses priorités en matière de politique étrangère, en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

• Le pétrole serait la cause « essentielle » de la tension entre le Mali et l’Algérie ?

D’après certains médias, l’or noir serait la véritable cause du conflit entre ces deux pays, car le Mali et l’Algérie partagent un très grand bassin pétrolier dans le nord du Sahara, et selon des sources maliennes, l’Algérie chercherait aujourd’hui à reprendre l’exploration pétrolière dans cette zone désertique, alors que les autorités de transition à Bamako, qui ont repris le contrôle du nord du pays, semblent bien vouloir exploiter elles-mêmes ces ressources énergétiques..

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