MALI : La MINUSMA après juin 2022…soit la reconduction…soit la dissolution !

31
MALI : La MINUSMA après juin 2022…soit la reconduction…soit la dissolution !
MALI : La MINUSMA après juin 2022…soit la reconduction…soit la dissolution !

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. La prochaine réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, concernant le Mali, se tiendra au mois de juin prochain, au milieu d’une forte détérioration des relations de ce pays sahélien avec la France (qui à son tour a retiré la force Barkhane du Mali en février 2022, et a déplacé plusieurs de ses bases militaires au Niger voisin), et l’ambiguïté des résultats de la visite d’Antonio Guterres effectuée sur les lieux de rassemblement des personnes déplacées et des réfugiés dans la région de Ouallam au Niger et ses déclarations.

A noter que le Secrétaire général des N.U. avait effectivement exprimé sa pleine compréhension de l’approche française et occidentale des crises dans la région du Sahel, exhortant la communauté internationale à investir au Niger et à financer l’équipement et la formation de son armée, et de renforcer la capacité du Niger à se défendre, d’autant plus que son armée a fait preuve d’un « courage remarquable » malgré son faible niveau d’armement, avant de rappeler que : « Quand on voit la situation au Burkina Faso et au Mali, où des coups d’État militaires ont eu lieu, je suis sûr qu’il faut vraiment transformer la frontière avec le Niger en un mur pour empêcher les massacres perpétrés par les groupes armés. Pour ce faire, le Niger a besoin de plus de capacités qu’il n’en a actuellement ».

Pour les analystes politiques, ce sont des déclarations qui résument toutes les crises de la région sahélienne sur la question de « faire face aux menaces terroristes », malgré tous les dangers structurels qui ont frappé les infrastructures de l’État dans la région pendant des décennies, exacerbés par un blocage politique clair, des ingérences internationales et régionales à des niveaux divers et l’échec des approches sécuritaires et militaires pendant près de deux décennies à réaliser des progrès dans la lutte contre ces menaces, et à la lumière de l’échec total du slogan « Solutions africaines aux problèmes africains », qui n’a pas empêché l’approfondissement de la domination des puissances internationales sur les chemins des crises africaines et leurs solutions ou leur pérennité.

L’avenir de la MINUSMA pourrait être compromis

Contingent sénégalais au sein de la MINUSMA

Nous savons déjà que dans sa résolution 2584 (2021), le Conseil de sécurité avait prorogé jusqu’au 30 juin 2022, lors de sa réunion en 2021, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et avait prié le Secrétaire général de lui faire rapport tous les trois mois sur la suite donnée à ladite résolution.

Ainsi, l’avenir de cette mission, dont le mandat annuel est à renouveler en juin prochain, pourrait être compromis par les derniers développements au Mali, dont notamment sa décision de développer son partenariat avec des forces russes.

A ce sujet, des sources occidentales avaient confirmé qu’elles sont du groupe Wagner pour la sécurité privée, tandis que les gouvernements malien et russe avaient soutenu que ces forces sont à des fins d’entraînement, et qu’elles sont menées selon un accord entre les deux pays.

Cependant, cette évolution n’apparaissait pas dans les critiques des responsables occidentaux du Conseil militaire malien, sur fond de ce qu’ils considéraient comme « combler le vide du départ des forces françaises avec les forces mercenaires de Wagner que la Russie utilise pour étendre son influence et réaliser ses divers intérêts sur le continent africain ».

Dans ce contexte, certains diplomates n’ont pas caché le fait que le retrait français pourrait conduire des contingents européens participant à la MINUSMA, comme ceux appartenant à l’Allemagne ou au Royaume Uni, à engager aussi leur départ.

Pour eux, le retrait français ne doit « pas saper la MINUSMa », et après juin 2022, la mission de paix de l’ONU « restera présente » au Mali, soulignant à ce propos qu’elle devra « s’adapter » au retrait des forces françaises de ce pays.

Il importe de mettre à découvert le fait que malgré l’escalade politique associée aux opérations militaires françaises dans la région du Sahel entre Paris et Bamako, au cours de la première semaine de mai de cette année, quelques semaines après la décision de la France (en février 2022) de retirer ses forces du Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU a accueilli avec satisfaction la Feuille de route actualisée pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (Alger 2015), ainsi que les efforts déployés par le Comité de suivi de l’Accord pour renforcer son rôle à l’appui de cette mise en œuvre, et la tenue des deux premières réunions du Comité en dehors de Bamako, à Kidal et Kayes.

Néanmoins, le Conseil de sécurité a exprimé sa vive impatience face aux retards persistants et a également précisé les résultats substantiels qu’il s’attend à voir de la part des parties maliennes dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015, y compris dans la réforme constitutionnelle, la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité, le développement du Nord et la participation pleine, effective et significative des femmes.

En outre, le Conseil de sécurité a rappelé qu’il est prêt à répondre par des sanctions, si ces mesures prioritaires n’étaient pas mises en œuvre d’ici la fin du mandat de la MINUSMA en juin 2022.


Les forces onusiennes de la MINUSMA vadrouillant dans les rues de Bamako

Pour rappel, la mission des Nations unies au Mali MINUSMA, qui déploie 13.289 soldats et 1.920 policiers, est l’une des plus importantes forces de maintien de la paix des Nations Unies, qui a été formée en 2013 (principalement à partir de forces africaines) pour aider à soutenir la guerre du Mali contre les groupes terroristes, mais la force a fait l’objet de critiques répétées pour son incapacité à intervenir efficacement, ce qui a conduit à placer l’entière charge de la sécurité sur les forces armées mal équipées du Mali au niveau requis.

Pourtant, depuis le début de cette année, l’armée malienne a lancé une campagne de « punitions collectives » dans le but de réimposer le contrôle de l’État dans le centre du Mali, après l’absence des autorités gouvernementales pendant des années, pour influencer cette région et fournir des services à ses habitants.

Les partis occidentaux craignent « l’impact de cette campagne sur l’escalade des activités des groupes armés, notamment par le groupe Nusrat al-Islam et les Musulmans », qui recrute des éléments de la population peule locale, et se présente comme le seul allié possible de ces éléments face à des milices ethniques hostiles « et des forces de sécurité gouvernementales connues pour leurs violations des droits de l’homme ». Dans un mois exactement, nous saurions si la MINUSMA sera « maintenue ou dissoute » ! Nous y reviendrons au moment opportun…

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here