Quand le Conseil de sécurité consacre une réunion à la situation au Mali sur demande de la Russie

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Quand le Conseil de sécurité consacre une réunion à la situation au Mali sur demande de la Russie
Quand le Conseil de sécurité consacre une réunion à la situation au Mali sur demande de la Russie

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Il y a dix jours exactement, soit le mardi 3 mai 2022, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion informelle à huis clos consacrée au Mali, au lendemain de l’annonce par la junte militaire de transition de la résiliation de tous ses accords de défense avec la France.

Cette réunion a été sollicitée par la Russie, dont l’ambassadrice adjointe auprès des Nations unies, Anna Evsteneeva, a déclaré avant la réunion : « Le Mali a récemment exprimé sa préoccupation (…) concernant les violations de l’espace aérien par des forces étrangères », et « nous pensons qu’il est important de discuter de cette question au sein du Conseil de sécurité ».

Pour sa part, l’ambassadeur de France auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière, a déclaré également, avant le début de la session, que cette rencontre est « une bonne occasion pour revenir sur la situation sur place. Le Mali a des contrats avec des mercenaires privés, qui violent les droits de l’homme. Nous espérons un certain degré de responsabilité dans cette affaire ».

Le diplomate français, qui a ajouté que les forces françaises « poursuivront leur retrait du Mali », tout en soulignant que ce processus « sera achevé dans les six prochains mois », n’a pas hésité à répondre à la question qui lui fût posée au sujet de la possibilité d’accélérer ce retrait : « Je ne pense pas, nous le faisons de manière très organisée et en pleine coordination avec les forces armées maliennes ».

Réaction de la France quant à la décision du Conseil militaire malien

Réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies

Evoquant la décision prise par le Conseil malien de transition, le ministère français des Affaires étrangères a jugé, la veille, que la décision d’annuler les accords de défense avec Paris est « injustifiée », soulignant dans ce contexte que la France poursuivrait son retrait militaire « de manière ordonnée », comme prévu d’ici août.

Il importe de rappeler que le Mali avait condamné, dans une lettre qui a été adressée aux Nations unies, fin avril dernier, et dont l’Agence France-Presse s’est procuré une copie, « les violations répétées et délibérées de l’espace aérien national par des aéronefs étrangers, notamment par ceux appartenant aux forces françaises, à des fins d’espionnage, d’intimidation et de sabotage ».

Le document indiquait également que depuis le 18 février 2022, le gouvernement malien appelait au départ immédiat des forces françaises du Mali.

La junte militaire au pouvoir au Mali a annoncé, dans la soirée du lundi 2 mai, l’annulation par les autorités maliennes des accords de défense signés avec la France et ses partenaires européens, qui semble bien être une nouvelle étape qui reflète la détérioration des relations entre Bamako et ses anciens alliés dans la lutte contre les extrémistes armés.

Le conseil a rappelé la « position unilatérale » prise par la France, lorsqu’elle a suspendu les opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes en juin 2021, et l’annonce en février 2022 « de nouveau sans aucune concertation avec les autorités maliennes » du retrait des forces Barkhane et Takuba.

A noter que la demande de la Russie pour une réunion du Conseil de sécurité à ce sujet, intervient au moment où cet organe doit décider au mois de juin prochain s’il reconduit ou non sa mission de maintien de la paix au Mali (MINUSMA), constituée de 14.000 soldats et policiers.

Pour rappel, la France gère le dossier lié à ce processus de paix aux Nations Unies.

Dans une déclaration écrite, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré : « Après que la France a informé le 2 mai la décision unilatérale des autorités maliennes de transition d’annuler ces accords (…) la France considère cette décision comme injustifiée et dément officiellement toute violation du cadre juridique bilatéral pouvant être imputée à la Force Barkhane ».

Paris a exclu toute répercussion sur le calendrier du délicat retrait de la force Barkhane, annoncé en février et censé s’étaler sur six mois.

De même, Paris a « souligné qu’il reste vigilant contre toute tentative de manipulation d’informations » tout en « rappelant sa détermination à assurer la sécurité de ses soldats et des militaires européens qui ont participé à ses côtés à cette phase de désengagement ».

Déclaration d’António Guterres SG des Nations Unies

António Guterres à Dakar aven le Président Macky Sall

Par considération à la diplomatie menée par les Nations Unies, dans un contexte lié à la situation au Mali comme dans d’autres pays africains, il importe de noter que le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a exprimé, le dimanche 1er mai à Dakar, son espoir que les conseils militaires du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali quittent le pouvoir au plus vite, appelant d’autre part, les pays riches à remplir leurs promesses d’aider sans tarder les pays en développement à faire face à « l’urgence climatique ».

« Nous nous sommes mis d’accord sur l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto (à Ouagadougou, Conakry et Bamako) afin de rétablir au plus vite l’ordre constitutionnel », a déclaré António Guterres à Dakar, après avoir rencontré le président sénégalais Macky Sall, l’actuel président de l’Union Africaine.

Guterres considère l’Union africaine comme un « modèle en termes de coopération régionale », notant qu’il avait discuté avec Sall « des efforts conjoints contre le terrorisme et l’extrémisme violent » en Afrique de l’Ouest.

Il a déclaré à ce sujet que le Mali est devenu un foyer d’instabilité dans la région du Sahel depuis 2012. La violence terroriste s’est propagée de ses terres à ses deux voisins, le Burkina Faso au sud et le Niger à l’est.

« Il est temps d’agir », a fait remarquer António Guterres !

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