Rapporté par
Anouar Chennoufi
Africa-Press – Mali. Un communiqué émanant de la Présidence malienne, le samedi 23 octobre 2021, est venu annoncer la libération d’une religieuse colombienne qui avait été enlevée il y a près de cinq ans au Mali, par des groupes relevant d’Al-Qaïda.
En effet, le Cabinet présidentiel du Mali a déclaré sur le réseau social Twitter que « Gloria Cecilia Narvaez », enlevée le 7 février 2017 près de la ville méridionale de Koutiala, à proximité de la frontière du Burkina Faso, a été finalement libérée samedi.
Commentant la libération de leur compatriote, la Vice-présidente colombienne et ministre des Affaires étrangères Marta Lucia Ramirez a ainsi réagi dans son communiqué : « Je suis très heureuse d’apprendre la libération de notre bien-aimée compatriote du Mali, sœur Gloria Cecilia Narváez ».
Ramirez a indiqué que les autorités colombiennes y travaillaient « depuis plusieurs mois » pour atteindre cet objectif, soulignant que le président Ivan Duque avait soulevé personnellement la question avec les dirigeants du Mali, du Sénégal et du Ghana.
Elle a assuré qu’elle avait demandé au gouvernement français de l’aider dans les efforts pour sauver la sœur franciscaine, et ce, lors de sa récente visite à Paris, où elle avait eu l’occasion « d’analyser les dernières preuves que la sœur colombienne était toujours en vie ».
Al-Qaïda derrière son enlèvement
A noter que cette affaire avait fait beaucoup d’échos, notamment en 2018, lorsque les autorités colombiennes avaient déclaré qu’une cellule d’Al-Qaïda détenait la religieuse et a demandé une rançon pour sa libération.
Il semble d’ailleurs que dans un clip vidéo, le groupe aurait accusé Narvaez de tenter de faire du prosélytisme auprès des musulmans, ce que Maria Angela Holguin, la ministre colombienne des Affaires étrangères à l’époque, avait remis en question le motif de « prosélytisme », affirmant que la religieuse était détenue pour des raisons économiques.
Il importe de rappeler, que des membres de groupes religieux ou d’organisations humanitaires sont régulièrement pris pour cible et kidnappés par des hommes armés ou des extrémistes en République du Mali, comme dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, généralement dans le cadre d’une demande de rançon, car ces groupes sont toujours en quête d’argent pour survivre.
En revenant à la libération de la religieuse colombienne sœur Gloria Cecilia Narvaez, prise en otage par des jihadhistes depuis 2017, la fin de son calvaire a été confirmée bien confirmée à l’AFP par l’archevêque de Bamako, Mgr Jean Zerbo, qui a assuré « Nous avons beaucoup prié pour sa libération. Je remercie les autorités maliennes et les autres bonnes volontés qui ont permis cette libération », ajoutant que la religieuse « se porte bien ».
De quoi s’occupait Sœur Gloria Cecilia Narvaez au Mali ?
Âgée de 59 ans et originaire de Pasto (département de Nariño, sud-ouest de la Colombie), elle travaillait alors comme missionnaire, depuis six ans, dans la paroisse de Karangasso, un petit village situé à 400 km de Bamako, et tenait la congrégation (une congrégation d’origine suisse fondée en 1893 et présente dans 17 pays) avec trois autres religieuses, à savoir les Colombiennes Sœur Sofía et Sœur Clara, ainsi que la Burkinabè Sœur Adélaïde.
Son enlèvement a été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Qaïda en juillet 2017 dans une vidéo publiée sur le réseau social Telegram, où elle apparaissait auprès de plusieurs autres otages occidentaux.
A cette époque, précisément au début de l’année 2017, le nord et le centre du Mali étaient les principaux territoires d’action des groupes armés affiliés aux organisations Al-Qaïda ou Daech.
L’ancienne otage était une femme courage, selon la Sœur Isabel Valencia, laquelle a fait remarquer : « C’est une femme d’une qualité humaine très particulière, terre à terre, de la plus haute qualité humaine, sacrifiée jusqu’à la mort, mue par l’amour des pauvres ».
Comment a-t-elle été kidnappée ?
En fait, sœur Gloria Cecilia Navarez s’était volontairement livrée à ses ravisseurs alors qu’ils s’apprêtaient à enlever deux autres religieuses, beaucoup plus jeunes.
Selon sa collègue, Sœur Navarez s’était adressée aux terroriste d’Al-Qaïda sur ce ton : « Je suis la supérieure, emmenez-moi ». Elle a voulu ainsi éviter aux jeunes religieuses d’être prises comme otages. Un geste on ne peut plus humanitaire !
Retour sur le contexte du communiqué présidentiel
Le Cabinet présidentiel du Mali a fait l’éloge dans son communiqué daté du samedi 23 octobre dernier : « du courage et de la bravoure de la sœur », précisant que cette libération est « le couronnement de 4 ans et 8 mois d’efforts conjugués de plusieurs services de renseignements ».
La ministre colombienne des Affaires étrangères, Marta Lucía Ramírez a également salué les « efforts humanitaires du gouvernement français pour avoir contribué à cette action réussie ».
Reçue et décorée par le Pape François
Par ailleurs, un responsable de l’aéroport de Bamako, qui tenait à s’exprimer en gardant l’anonymat, a confié à l’agence de presse française AFP que « Sœur Gloria était arrivée samedi soir dans la capitale malienne d’où elle devrait prendre l’avion pour Rome ».
Son départ de Bamako a été également confirmé par l’archevêché de la ville.
Une histoire véridique qui s’est bien terminée…sans grabuges, dirons-nous !
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