Rôle de la Société civile dans la construction du nouveau Mali : « Obligations et Ambitions »

12
Des citoyens maliens répondant aux appels des ONG

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. La Société civile contribue quotidiennement à la promotion, la protection et l’amélioration des droits humains dans toutes les régions du monde. Quel que soit leur nom – défenseurs des droits humains, ONG de défense des droits humains, Syndicats d’avocats, clubs d’étudiants, divers syndicats, instituts universitaires, blogueurs ou organisations caritatives travaillant avec des groupes vulnérables – les acteurs de la société civile œuvrent pour un avenir meilleur et participent aux objectifs généraux de justice , l’égalité et le respect de la dignité humaine.

Les acteurs de la Société civile effectuent leur travail dans le domaine des droits de l’homme de plusieurs manières par exemple :
• Soulever les préoccupations des citoyens et de l’opinion publique,
• Travailler à combler les fossés dans les sociétés en proie aux conflits,
• Plaidoyer pour les groupes qui souffrent de discrimination ou de désavantages,
• Échanger des informations,
• Défendre et surveiller la mise en œuvre des normes relatives aux droits de l’homme,
• Signaler toute violation liée à ce sujet,
• Assister et soutenir les victimes de violations,
• Faire campagne pour l’élaboration de nouvelles normes relatives aux droits de l’homme,
• Fournir des conseils politiques pour faire avancer l’agenda des droits de l’homme,
• Contribuer à la mise en place d’un système de protection efficace au niveau national et dispenser une formation dans ce domaine.
En principe, ce sont les objectifs principaux des acteurs et militants de la Société civile, en plus de leur « veille politique » envers les gouvernements.

Programmes de la Société civile

Pour ce qui est du Mali, nous constatons qu’un programme de la Société civile a été mis en œuvre dernièrement à Mopti, visant à accroître l’efficience et l’efficacité des ONG et d’autres composantes de la Société civile, en plus du développement et de la mobilisation des organisations villageoises.

Dans ce contexte, la Fondation Aga Khan au Mali soutient le développement d’un secteur de la Société civile dynamique, efficace et durable. Le processus consultatif a conduit à l’élaboration de normes largement acceptées pour des OSC de bonne qualité, ainsi qu’à la conception d’un outil d’auto-évaluation pour mesurer les progrès de l’organisation vers l’atteinte de ces normes. La Fondation Aga Khan a facilité la création de 285 Organisations de la Société Civile dans chaque région du Mali, pour compléter l’auto-évaluation, ainsi qu’un soutien pour renforcer les capacités de 80 organisations.

La Fondation Aga Khan contribue aux efforts de l’Etat

Reconnaissant l’importance de relations fortes entre le gouvernement et la Société civile pour la croissance de la nation, la Fondation travaille également à encourager une meilleure coopération entre les deux secteurs, ce qui a conduit à la mise en place de plusieurs forums au niveau de Bamako et au niveau régional avec les responsables gouvernementaux et les représentants de la Société civile pour identifier les principales opportunités et défis auxquels sont confrontées ces relations et développer des stratégies pour y faire face.

En outre, cette coopération a amélioré l’inclusion des priorités des citoyens dans les plans gouvernementaux.
A noter que les organisations de la Société civile contribuent au développement durable des sociétés, car elles disposent des connaissances et des structures organisationnelles nécessaires.

Dans tous les pays en général, y compris la République du Mali, la Société civile est généralement définie de façon plus exclusive qu’inclusive, en opposition à l’État, à la sphère privée, à l’institution militaire et au cercle religieux. Elle agirait donc dans l’espace situé entre le pouvoir d’État et la sphère privée, là où se manifeste le corps social.

L’existence d’une société civile au Mali semble acquise, même si, paradoxalement, elle est toujours en construction. En effet, la Société civile doit être, aux yeux du FMI et de la Banque Mondiale qui influent sur la politique du pays à travers des « plans d’ajustements structurels », le pilier qui fournira une assise à la démocratie. Dès lors, ces organismes aspirent à une libéralisation du pays qui passe par un retrait de l’État et par la privatisation des services publics et des entreprises d’État.

Cette Société civile s’observe dans ce qu’Habermas (1978) avait appelé « l’espace public ». C’est donc cet espace public, un espace d’interpellation autonome par rapport à l’État et à la sphère privée, qui permet par son existence la constitution d’une Société civile. Il se manifesterait à travers les médias privés, les associations, les syndicats, les ONG, les mouvements sociaux mais aussi à travers des groupements informels.

Néanmoins, nombre des composantes de la Société civile quittent la voie pour laquelle elles ont opté, pour se rapprocher de plus en plus du cercle du « pouvoir ».

D’ailleurs, ces dernières années, le nombre de partis et d’associations a explosé au Mali, ce qui est apparu comme un signe de bonne santé démocratique. Toutefois, on s’est vite aperçu qu’ils s’inscrivaient eux aussi dans la course au pouvoir et aux fonds accordés aux associations par la coopération internationale. Beaucoup de ces groupes peuvent être perçus comme des groupements d’intérêts économiques.

Il importe de rappeler que l’État malien a tenté de structurer cette Société civile en créant, dès 1996, l’« Espace d’interpellation démocratique » (EID). Il s’agit d’une institution qui regroupe paritairement des membres de la Société civile (les critères de leur sélection ne sont toutefois pas précisés) et de l’État, « a pour objectif d’informer les opinions publiques nationales et internationales sur l’état des droits de l’homme en République du Mali, de contribuer de façon active et pédagogique à la réalisation d’une culture démocratique nationale et d’impulser de façon significative la politique de promotion et de protection des droits et libertés des citoyens. L’EID, c’est la consécration du contrôle citoyen, la justice de la base au sommet, la forme moderne de l’arbre à palabre ».

Des citoyens en colère contre la transition dirigée par l’armée

En plein renouvellement, cette institution qui joue le rôle de médiateur entre l’État et la Société civile n’a jamais pu prouver son efficacité, mais elle témoigne de la volonté de l’État malien de reconnaître et d’appuyer la structuration de la Société civile.

Reconnaissons tout de même que la Mali a une société civile dynamique qui a été engagée dans plusieurs processus de construction de la paix dans le pays.

En effet, durant le processus de paix des années 90, la Société civile avait pris le devant dans la recherche d’une solution. Les organisations de femmes, en particulier au nord du Mail, avaient alors joué un rôle clé dans les processus de réconciliation entre le mouvement touarègue et le gouvernement malien en participant, par exemple, au processus qui mena à la cérémonie de la « Flamme de la paix » en 1996, au cours de laquelle des armes déclassées ont été détruites dans un immense incendie.

Les groupes de la Société civile peuvent aussi aider à empêcher qu’un conflit ne devienne violent, à promouvoir le dialogue intracommunautaire dans le but de faire évoluer les perceptions liées à un conflit, à mobiliser les acteurs pour la paix, à contribuer à l’adoption d’accords de paix durables, et à répondre aux causes structurelles et aux conséquences de conflits violents.

Pour conclure, les ONG, présentées comme une initiative citoyenne, sont rapidement devenues un modèle de référence au cœur des politiques nationales, au nord comme au sud du pays.

D’après les chiffres disponibles qui illustrent également bien ce changement, le Mali comptait 191 ONG en 1992 contre 1600 en 2003, et l’on dénombrait près de 8000 associations dont le statut est différent de celui des ONG. Pour le seul district de Bamako, en 2006, le nombre d’ONG s’élevait à 2135 et en 2007, 829 ONG ont été créées

Le Président de la République de Transition du Mali

Au jour d’aujourd’hui, alors que leur nombre continue à grimper, la politique qui a pris place par le biais du nouveau régime « Assimi Goïta » au Mali va-t-elle restructurer davantage et objectivement les ONG de la Société civile malienne, pour bien servir et le « Peuple » et « l’Etat » ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here