Une situation explosive au Mali pousse le Mali à démentir le déploiement de mercenaires russes sur son territoire

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Une situation explosive au Mali pousse le Mali à démentir le déploiement de mercenaires russes sur son territoire
Unités paramilitaires de Wagner à Bamako

Africa-Press – Mali. Personne ne peut nier que, depuis 2012, le Mali est le théâtre d’attaques meurtrières menées par des groupes armés liés directement (et même indirectement) aux organisations d’Al-Qaïda et de Daech.

C’est d’ailleurs pour venir en aide aux maliens que la France avait accouru au secours du Mali, militairement, à partir de l’année 2013, à ce jour, même si les relations entre les deux pays ont été gangrénées au point d’inciter les autorités maliennes à recourir à des mercenaires du sulfureux groupe paramilitaire « Wagner », qui sont déjà présents en Ukraine, en Syrie, en Libye et dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne.

C’est une décision « un peu trop téméraire » qui aurait suscité une grande polémique auprès de la communauté internationale, et en premier lieu auprès de la France, des Etats-Unis, et certains pays européens, dont l’Allemagne.

Démenti Malien

Communiqué signé par le Porte-parole du gouvernement malien

Néanmoins, nous avons appris, dans la soirée du vendredi 24 décembre 2021, que le gouvernement malien a vite fait de publier un communiqué officiel, dans lequel il « aurait » démenti tout déploiement de mercenaires du groupe russe « Wagner ».

A noter que l’annonce dudit déploiement a été annoncée, quelques jours avant, par une quinzaine de forces occidentales participant à la lutte contre le fléau du terrorisme dans ce pays de la région du Sahel.

En fait, le gouvernement malien a laissé entendre dans sa déclaration qu’il « présentait un démenti officiel à ces allégations » concernant le déploiement d’éléments de la société de sécurité privée russe Wagner, au Mali.

La même source indiquait également que le Mali « exige que des preuves lui soient fournies à ce sujet », soulignant dans le même contexte son « souci de préciser que des formateurs russes, comme la Mission européenne de formation, sont effectivement au Mali », et ce, dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des Forces nationales de défense et de sécurité.

Pour revenir à ce démenti, il importe de noter que le communiqué en question a été signé par le nouveau porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, nommé le 1er décembre dernier par le Président de la transition, chef de l’état, le Colonel Assimi Goïta, et à qui avait été confié également le Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

Dans ce communiqué, on pouvait lire que Bamako exige « d’être jugée sur ses actes et non sur la base de rumeurs, et tient à rappeler que le Mali est tenu de respecter le partenariat entre les deux pays, le Mali et la Fédération de Russie, son partenaire historique.

Mali – Union européenne

Il importe de noter que les quinze pays occidentaux qui ont signé la déclaration commune jeudi dernier, qui ont condamné fermement le déploiement de mercenaires russes sur le territoire malien, sont : Allemagne, France, Royaume Uni, Canada, Belgique, Danemark, Estonie, Italie, Lettonie, Norvège, Nederland, Portugal, Tchéquie, Roumanie, Suède.

Tous ces pays participent aux côtés de la France au nouveau groupement européen de forces spéciales « Takuba », qui vise l’accompagnement des soldats maliens sur les terrains du combat.

Une source du gouvernement français a déclaré quant à elle : « nous constatons aujourd’hui, sur le site, l’alternance des mouvements aériens d’avions de transport militaire appartenant à l’armée russe, ainsi que des installations implantées à l’aéroport de Bamako pour faciliter la réception d’un grand nombre de mercenaires, de visites fréquentes de cadres de Wagner à Bamako, et des activités de géologues connus pour leur proximité avec Wagner. »Ladite déclaration a invité la Russie à agir de manière responsable et constructive dans la région.

Lutte anti-terroriste

Le déploiement des troupes de mercenaires russes a constitué, jusqu’à présent, une ligne rouge pour l’Etat français, néanmoins, les 15 signataires de la déclaration ont réaffirmé clairement leur « détermination à poursuivre leur travail pour protéger les civils, soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et contribuer, évidemment, à établir une stabilité à long terme.»

Une situation qui risque d’être explosive

La « double prise du pouvoir à Bamako » par des militaires à la faveur d’un putsch en 2020 et d’un second en 2021, tous deux menés par le colonel Assimi Goïta, aujourd’hui Président de transition au Mali, n’a pas enrayé la spirale de violences.

Parallèlement à la décision prise par les 15 pays européens, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait mis en garde à son tour, les autorités du Mali, contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait effectivement des mercenaires relevant du groupe Wagner.

D’ailleurs, Les Etats-Unis, suivis par l’Union européenne ont imposé des sanctions contre ce groupe soupçonné d’être proche du président russe Vladimir Poutine.

Dans ce contexte, il importe de rappeler que l’Union européenne avait déjà pris la décision d’imposer tout un bouquet de sanctions en réponse aux actions déstabilisatrices du groupe militaire privé russe “Wagner” en Europe et en Afrique.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, avaient même opté, lors de leur réunion dernière tenue à Bruxelles, pour des sanctions ciblées, dont des interdictions de visa et des gels d’avoirs dans l’Union européenne, à l’encontre des personnes et entités liées au groupe Wagner,
« …Ce qui est important dans ce paquet de sanctions, ce sont les noms et les activités des personnes ciblées », a déclaré un diplomate européen.

Un autre diplomate a expliqué dans la même optique : « De nombreux processus de sanctions de l’UE seront utilisés pour se déplacer dans des endroits où l’entreprise est concentré », ajoutant que « la société militaire russe privée est utilisée pour déstabiliser la sécurité en Europe et dans d’autres pays voisins, notamment en Afrique ».

Communiqué signé par le Porte-parole du gouvernement malien

De son côté, la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), vient d’ailleurs de publier un communiqué dans lequel la CEDEAO a annoncé la tenue d’un Sommet extraordinaire sur le Mali, le dimanche 9 janvier 2022, à Accra, au Ghana.

Le prochain sommet intervient après que la CEDEAO ait pris acte de la communication par le Mali, le 31 décembre 2021, d’un projet de chronogramme sur les élections, document transmis le vendredi à Nana Akufo-Addo, président en exercice de ladite organisation. Hormis la grande tension dans la région, on doit s’attendre à voir la situation empirer davantage.

Anouar CHENNOUFI

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