Africa-Press – Mali. Ce bilan à chronologie inversée retrace ici des derniers aux premiers évènements qui ont marqué la vie politique au Mali, durant l’année 2021. **Le jeudi 6 Janvier 2022, un porte-parole de l’armée malienne a annoncé l’arrivée de soldats russes dans la ville septentrionale de Tombouctou, pour entraîner les forces maliennes dans une base d’où les forces françaises se sont retirées en décembre.
L’arrivée des forces russes au Mali avait auparavant provoqué la colère des pays occidentaux – la France en tête – qui a indiqué que parmi les forces russes se trouvait le Groupe paramilitaire spécial Wagner, accusé de violer les droits de l’homme dans d’autres pays. Le gouvernement malien nie cela, affirmant que les forces russes sont dans le pays dans le cadre d’un accord bilatéral.
**Quinze pays occidentaux impliqués dans la lutte contre les groupes armés au Mali, dont la France et l’Allemagne, ont dénoncé dans un communiqué conjoint, rendu public le jeudi 23 Décembre 2021, l' »implication du gouvernement russe » dans le déploiement d’éléments du groupe de mercenaires russes « Wagner », au Mali, quelques jours après que l’Union européenne ait imposé des sanctions à l’encontre dudit groupe.
Après un déploiement de prés de neuf ans au Sahel, la France a repositionné en juin dernier ses forces militaires en remettant trois bases dans le nord du Mali, et en se concentrant sur Gao et Ménaka près du Niger et du Burkina Faso.
**Le Mardi 14 Décembre 2021, les forces françaises ont remis à l’armée malienne la base de Tombouctou, la dernière des bases de la force Barkhane dans le nord du Mali.
Les forces françaises avaient passé plusieurs années dans cette base, à commencer par le lancement de l’opération Serval pour repousser l’avancée des terroristes.
La base a été livrée au milieu de la peur de l’avenir des habitants et du désir de certains de voir quitter les militaires car « l’opération Barkhane n’a pas avancé » selon eux.
Au milieu de cela, les Maliens aspirent à retrouver la paix et la sécurité et à restaurer la confiance dans la capacité de l’État à étendre son contrôle.

**Des responsables locaux ont déclaré qu’au moins 30 personnes avaient été tuées, le vendredi 3 Décembre 2021, dans une attaque lancée par des hommes armés soupçonnés d’être des djihadistes contre un véhicule de transport dans la région instable de Mopti, dans le centre du Mali.
Les responsables ont souligné que « les passagers ont été aspergés de balles et le véhicule a été incendié » lors d’une attaque menée par des terroristes près de la ville de Bandiagara.
**Après 8 ans de combat contre les organisations extrémistes au Mali, les forces françaises poursuivent les procédures pour mettre fin à l’opération Barkhane et ramener progressivement la moitié de leurs soldats jusqu’à la fin de l’année.
Les envoyés de la chaîne France 24 avaient escorté les derniers soldats français lors du processus de remise de la base de Tessalit, située dans le nord près de la frontière algéro-malienne, à l’armée du Mali.
**Les forces de l’opération française Barkhane ont remis à l’armée malienne la base de Tessalit dans le nord du pays dans le cadre de la restructuration de ses opérations dans la région du Sahel, a annoncé mardi l’état-major français.
« Après la base de Kidal, la base opérée par la force Barkhane à Tessalit a été transférée aux forces armées maliennes le 13 novembre. Les derniers militaires français ont quitté le site le 15 novembre », indique un communiqué.
**Dimanche 7 Novembre 2021, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé des sanctions aux membres de la junte au pouvoir au Mali, et le chef du groupe ivoirien, Jean-Claude Casey Brou, a déclaré que ces sanctions entreraient en vigueur « immédiatement ».
Ces sanctions, qui interviennent après que le Mali ait officiellement informé la CEDEAO que les élections ne pourraient pas se tenir comme prévu le 27 février 2022, comprennent une interdiction de voyager et un gel des avoirs financiers des membres.

**Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies est arrivée à Bamako, le samedi 23 Octobre 2021, pour faire pression sur les autorités militaires maliennes pour qu’elles reviennent à un régime civil, après deux coups d’État en neuf mois dans un pays embourbé dans les attaques armées et les violences djihadistes.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a reçu la mission dirigée par l’ambassadeur du Niger auprès des Nations unies, Abdou Abari et son homologue français Nicolas de Rivière, ainsi que l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas Greenfield.

**Le gouvernement malien a appelé à des négociations officielles, le 19 Octobre 2021, avec Iyad Ag Ghali et Mohamed Koufa, les dirigeants d’al-Qaida dans la région du Sahel, par l’intermédiaire du Conseil suprême islamique du Mali, en la personne de son président, Sharif Othman Madani Haidara.
La Chaîne France 24 a programmé une émission télévisée dans ce sens, lors de laquelle Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes sur France 24 a donné des précisions à ce sujet.
**La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), présidée par le Ghana, a exhorté la junte malienne au pouvoir à garantir la tenue d’élections anticipées dans les délais prévus en février 2022, selon un membre de la délégation ghanéenne, après des entretiens tenues le dimanche 17 Octobre 2021 avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo et le président de la République de transition Assimi Goïta, à Bamako.
**Vendredi 8 Octobre 2021, la force française Barkhane combattant les groupes armés dans le Sahel et la région subsaharienne, a annoncé l’assassinat de l’imposant leader du groupe burkinabé « Ansar al-Islam » Omaro Mobo Modi à la frontière avec le Mali, dans une opération coordonnée avec des forces américaines et maliennes.
Modi est à la tête de ce groupe djihadiste spécialisé dans la pose de mines artisanales, et ses membres sèment la panique avec leurs opérations sanglantes au Mali et au Burkina Faso.
**En réponse aux déclarations du président Emmanuel Macron, le ministère malien des Affaires étrangères a convoqué, le mardi 5 Octobre 2021, S. E. l’ambassadeur de France à Bamako, pour protester contre ce qu’il a qualifié de « déclarations inamicales et insultantes » du président français.
Macron avait appelé ce jour-là au « retour de l’Etat » dans ce pays africain, et qualifié jeudi de « honteuses » les accusations portées par le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, selon lesquelles Paris aurait abandonné le Mali.

**Le président français Emmanuel Macron, quant à lui, a estimé que l’autorité malienne, qui a évoqué l’abandon de son pays par la France, n’était autre que les des auteurs du coup d’Etat, promettant que son pays « poursuivrait les projets de développement » au Mali en coopération avec la communauté internationale, soulignant que « ce travail ne peut se faire si les dirigeants n’assument pas leurs responsabilités ».
**Entre-autres, la France a prévenu mercredi 29 Septembre 2021 le Mali qu’il perdrait « le soutien de la communauté internationale » et abandonnerait l’intégralité de sa souveraineté s’il se tournait vers le groupe privé russe Wagner.
« Si le Mali s’engage dans un partenariat avec des mercenaires, il sera isolé et perdra le soutien de la communauté internationale qui lui est très attachée, il renoncera à toutes les composantes de sa souveraineté, il sera loin de diversifier ses partenaires et il sera enfermé avec un groupe de mercenaires », a expliqué la ministre française des Armées, Florence Parly, devant le Sénat.
Les tensions se sont accrues entre les deux pays suite au discours du Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, devant l’Assemblée générale des Nations unies, dans lequel il a accusé la France d’abandonner le Mali « à mi-chemin » avec sa décision de retirer la force Barkhane, justifiant ainsi la recherche de son pays « d’autres partenaires », dont des « entreprises privées russes ».
**A noter que la Force Barkhane a réussi à éliminer le leader de l’organisation Daech, dans le Grand Sahara, Adnan Abu Walid al-Sahraoui, selon une annonce faite dans la soirée du mercredi 15 Septembre 2021 par le président français Emmanuel Macron, saluant de fait ce « grand succès dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel ».
**Dans ce contexte, un responsable militaire et des responsables locaux maliens ont indiqué, le 9 Août 2021, que plus d’une quarantaine de civils ont été tués le dimanche 8 dans le nord du Mali, lors d’attaques attribuées à des djihadistes et visant trois villes voisines près de la frontière avec le Niger.
« Plus d’une quarantaine de civils ont été tués dimanche par des terroristes dans les villages de Karo, Otagona et Dautegivt », a confié aux médias un responsable de la sécurité, sous couvert d’anonymat, ajoutant que les terroristes sont entrés dans les villages et ont tué tout le monde.
« Vingt civils ont été tués à Karo, 14 civils à Otagona et plusieurs autres dans le village de Dautegivt », a précisé un responsable du village, notant que les assaillants sont arrivés à moto et ont surpris les villageois.
**Le président par intérim du Mali, Assimi Goïta, a été victime d’une tentative d’agression à l’arme blanche, que détenait l’un de ses agresseurs, alors qu’il priait à la Grande Mosquée de Bamako, le mardi 20 Juillet 2021, à l’occasion de l’Aïd al-Adha.
Fort heureusement, Goïta a été retiré des lieux, apparemment indemne, selon le journaliste, « après que l’Imam ait effectué la prière et le sermon, ou lorsque celui-ci s’apprêtait à procéder au rituel sacrifice ».
« Le jeune homme a tenté de poignarder Goïta dans le dos, mais une autre personne a été blessée », selon le responsable de la mosquée.
**Autre point a retenu l’attention des maliens, le mandat d’arrêt international émis par la police internationale « Interpol » à l’encontre de Karim Keita, fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keita, dans l’affaire de la disparition depuis 2016 d’un journaliste à Bamako.
La victime travaillait sur un dossier qui nuirait à la réputation de Keita, et il aurait appelé le fils de l’ancien président à cette fin, mais il a ensuite disparu de la vue, quant à Karim Keita il a échappé à l’arrestation à la suite du coup d’État de l’armée contre son père, et s’est réfugié en Côte d’Ivoire.
**Vendredi, 26 Juin 2021, deux attaques sanglantes ont visé le Mali, dont l’une a ciblé un site militaire dans le centre du pays, faisant six morts, et la seconde un site temporaire des Nations Unies dans le nord, faisant 15 blessés.
L’attaque d’un poste militaire dans le village de Boni (centre) a fait six morts et un blessé, dix militaires maliens ont été tués en février dans le même village.
Les forces armées maliennes ont indiqué sur leur page Facebook avoir repoussé « vigoureusement » les attaques « simultanées » menées dans ce village le vendredi après-midi.
Plus tôt dans la journée, les Nations Unies ont annoncé qu’une voiture piégée a explosé dans le nord du Mali, blessant 15 membres de sa force de maintien de la paix, pour la plupart des Allemands, dont trois d’entre eux ont été grièvement blessés, selon la ministre allemande de la Défense Ingret Kramp-Karrenbauer.
**Une large majorité des Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU a appelé lundi 14 Juin 2021 à des « élections libres et équitables » au Mali en février 2022, sans la participation de leurs dirigeants actuels, et a affirmé son soutien au renouvellement de la force de maintien de la paix.
« La priorité absolue est d’organiser les élections présidentielles le 27 février 2022 », a réitéré à son tour l’ambassadeur de France Nicolas de Rivière lors d’une réunion du conseil onusien, sans qui des responsables du récent coup d’État y prennent part.
**Le président français Emmanuel Macron a annoncé le jeudi 10 Juin 2021, lors d’une conférence de presse, un « changement en profondeur » de la présence militaire de son pays dans le Sahel africain, et la formation d’une coalition internationale pour combattre les djihadistes dans la région.
Il a ajouté qu’il le finaliserait d’ici la fin juin, déclarant à ce sujet : « A l’issue des consultations, nous entamerons un changement profond de notre présence militaire dans la région du Sahel », annonçant la fin de « l’opération Barkhane » en tant qu’« opération extérieure » et la formation d’une « coalition internationale qui comprendrait les pays de la région ».
**Le ministère français des armées a annoncé le jeudi 3 Juin 2021 que Paris « a décidé de suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes » après le dernier coup d’Etat du 24 Mai 2021, et en attente de garanties sur le retour des civils au pouvoir après les élections prévues en février.
**De son côté, l’Union africaine a décidé lors de sa réunion tenue à Rabat, le 2 Juin 2021, de suspendre à son tour l’adhésion du Mali à la suite du deuxième coup d’État survenu dans le pays, avec la possibilité de prendre des mesures supplémentaires.
**Idem pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a décidé dimanche 31 Mai 2021, lors d’un sommet extraordinaire, de suspendre l’adhésion du Mali suite au deuxième coup d’État militaire dont il a été témoin en neuf mois.
« Les chefs d’État condamnent fermement le récent coup d’État » et « ont décidé de suspendre l’adhésion du Mali aux institutions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest conformément à ses dispositions », indique un communiqué publié à l’issue du sommet.
**Un responsable militaire malien a déclaré le jeudi 26 Mai 2021, que le président de transition Bah N’Daw et le Premier ministre, qui ont été arrêtés par l’armée lundi, ont été libérés.
La libération des deux hommes était l’une des conditions imposées par la communauté internationale aux militaires qui ont dirigé le pays pendant neuf mois après leur coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.
**La Cour constitutionnelle suprême du Mali a nommé le vendredi 28 Mai 2021 le colonel Assimi Goïta, qui a mené un 2ème coup d’État militaire, comme nouveau président de la République par intérim, pour « exercer les fonctions, les pouvoirs et les autorités du président de transition et mener le processus de transition à son terme ».

**En moins d’un an, le nom d’Assimi Goïta est devenu une figure clé de l’équation régnante au Mali, attirant l’attention de l’opinion publique sur le continent et à l’étranger, d’autant plus que son pays joue un rôle pivot dans la lutte contre le terrorisme dans le région sahélienne.
Le colonel Goïta est resté pendant des années inconnu dans l’armée malienne, chargé de multiples tâches dans la guerre de ce pays africain contre les djihadistes, mais depuis août 2020, date du premier coup d’État contre le président élu Ibrahim Keita, ce jeune militaire est devenu le centre de gravité de l’attention des médias internationaux, considérant qu’il est l’homme fort au Mali qui a mené deux coups d’État en un an.
**Des soldats maliens ont emmené lundi 24 Mai 2021 le président malien de transition, Bah N’Daw, et le Premier ministre Moctar Ouan, dans le camp de Kati près de Bamako, pour protester contre un remaniement gouvernemental opéré par les autorités de transition.
A noter que le transfert du président et du Premier ministre à Kati est intervenu après que le gouvernement de transition ait nommé le même jour de nouveaux ministres, sachant que des portefeuilles clés étaient attribués à des personnalités militaires malgré les critiques croissantes du rôle de l’armée dans la gouvernance du pays.
**Engagé à mettre en œuvre la promesse des auteurs du coup d’État militaire de remettre le pouvoir aux civils après une période de transition de 18 mois, le gouvernement malien a annoncé à la mi Avril 2021 que des élections présidentielles et législatives au Mali se tiendraient en février et mars 2022.
Selon l’annonce, le premier tour des élections présidentielles et législatives se tiendra le 27 février 2022, et un éventuel second tour les 13 et 20 mars, respectivement, selon ce qu’a indiqué le ministre de l’Administration foncière, le lieutenant-colonel Abdulaye Maiga, lors d’une conférence de presse.
Maiga a indiqué que ces élections s’inscrivent dans le cadre du « respect de la durée de la période transitoire, soit 18 mois ». Un référendum aura lieu avant les élections présidentielles et législatives le 31 octobre, sur un amendement à la constitution promis de longue date et non encore mis en œuvre.
**Le lundi 17 Mars 2021, au moins 31 soldats maliens ont été tués dans une attaque attribuée à des djihadistes dans le nord-est du pays près des frontières avec le Burkina Faso et le Niger, selon un nouveau bilan rapporté mercredi par des sources militaires et locales.
Cette embuscade est considérée comme l’une des attaques les plus violentes visant les forces maliennes en 2021. Le bilan précédent était de 11 morts, 11 disparus et 14 blessés.

**Pour la première fois dans la ville symbolique de Kidal, les partenaires d’un accord de paix visant à mettre fin aux tensions dans un Mali tumultueux se sont réunis le 12 Février 2021 dans le but d’avancer dans la mise en œuvre de ses dispositions.
Le comité de suivi de l’Accord d’Alger ne s’est jamais réuni dans cette ville du nord du Mali, toujours sous le contrôle de l’ex-rébellion dominée par les Touaregs, depuis sa signature en 2015.
A relever que, dans un événement inédit depuis longtemps, le drapeau malien a été hissé dans la cour du siège des autorités locales de la région de Kidal, le fief touareg que l’Etat malien a à peine fréquenté entre mai 2014 et février 2020 après l’expulsion de l’armée, après avoir subie de lourdes pertes.
**L’armée malienne, en coopération avec les forces françaises, a annoncé le mardi 27 Janvier 2021 que 100 extrémistes furent tués et 20 autres capturés lors d’une opération conjointe menée au cours du mois de janvier, dans le centre de Mali.
La tenue de cette rencontre dans une ville comme Kidal a vocation à faire avancer le plan politique à un moment où il semble que la perspective de sortie de crise dans la région du Sahel soit encore loin d’être atteinte, dans un contexte de doutes persistants sur les capacités des pays régionaux de mener à bien leurs missions et face aux interrogations sur l’avenir de la présence militaire française dans la région.
Anouar CHENNOUFI
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