Africa-Press – Mali. Depuis le printemps dernier, un excès de cas d’hépatites aiguës sévères et non expliquées a été signalé. Dans les colonnes du Parisien, le virologue Bruno Lina, médecin aux Hospices civils de Lyon (Rhône), explique que la communauté scientifique ne parvient toujours pas à « y voir clair ». Au moins « huit cas possibles ont été signalés et quatre sont en cours d’investigation par les équipes médicales », explique Santé publique France dans un communiqué, publié le 30 juin. Et 920 cas probables ont été rapportés dans 33 pays.
Si le nombre de cas n’explose pas, les médecins sont inquiets. Malgré les recherches, ils ne sont pas parvenus à trouver la moindre explication à cette maladie. « Aujourd’hui, il faut le dire, personne n’y voit clair. Au début, on a pensé que le Covid pouvait en être la cause. En fait, non, le Sars-CoV-2 seul n’est pas le responsable », explique le virologue à nos confrères. Sur un peu plus de 300 cas diagnostiqués en Europe, seuls 10 % avaient été infectés par le coronavirus.
« Il est possible que l’on ne trouve jamais »
Dans le même temps, selon le virologue, « les cas d’hépatites liées aux adénovirus de types 40 et 41 sont exceptionnels ». Celui-ci exclut, également, l’hypothèse d’une association entre les deux virus évoqués, le Sars-CoV2 et l’adénovirus. Néanmoins, ce dernier pourrait être « l’une » des causes. « Il est possible qu’il y ait plusieurs facteurs associés d’ordre toxicologique, environnemental et infectieux, qui, par leur combinaison, provoquent ces hépatites aiguës. Il peut s’agir d’un problème avec de l’eau ou un aliment », explique-t-il en balayant des hypothèses très larges. « Rien n’est exclu. »
Ce n’est pas la première fois qu’une hépatite donne du fil à retordre aux médecins. Ainsi, dès les années 1970, des scientifiques découvrent une nouvelle hépatite mortelle. Il faudra attendre 1989 pour identifier le virus responsable. Il sera nommé le VHC, pour virus de l’hépatite C. « Depuis le développement de la microbiologie moderne, c’est la première fois que l’on a affaire à une épidémie mondiale que l’on ne comprend pas », reconnaît Bruno Lina. Selon lui, « il est possible que l’on ne trouve jamais » ce qui est à l’origine de cette nouvelle maladie, et ce, pour plusieurs raisons. Par exemple, entre les pays européens et anglo-saxons, les médecins ne classifient pas de la même manière les cas « suspects », la France ayant l’une des définitions les plus restrictives.
Par ailleurs, « le signal est en train de disparaître », indique le virologue lyonnais, alors que le nombre de nouveaux diagnostics tend à baisser. Or, sans nouveau cas, difficile d’identifier une maladie. Selon Santé publique France, 920 cas ont été recensés dans le monde, selon un décompte arrêté le 22 juin dernier.
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