Le G5 Sahel va-il disparaître après le retrait de la France du Mali ou s’étendre au golfe de Guinée?

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Le G5 Sahel va-il disparaître après le retrait de la France du Mali ou s’étendre au golfe de Guinée?
Situation actuelle du G5 Sahel

Africa-Press – Mali. Tout le monde, en Afrique particulièrement, se demande avec préoccupation si le groupe des 5 pays du Sahel (G5 Sahel), Mauritanie – Mali – Niger – Tchad et Burkina Faso, va disparaître ou non.

D’autres pensent par contre que ce groupe va prendre une autre dimension expansive pour atteindre, avec l’appui de la France, les États du golfe de Guinée.

En effet, une grande question se pose aujourd’hui au niveau régional et international, avec ou sans soucis : quel va être le sort de ce groupe sur lequel tout le monde comptait (et compte encore) pour faire face au terrorisme dans la région sahélienne ?

Beaucoup d’analystes et d’observateurs s’accordent à l’unanimité sur la nécessité de réfléchir au futur statut du G5 Sahel et de sa force militaire conjointe, après les récents développements dans la région du Sahel africain, tels que les coups d’État qui ont eu lieu au Mali et au Burkina Faso, tous deux membres du groupe, et l’étendue de la menace terroriste qui tente d’engendrer les pays du golfe de Guinée.

Personne n’est donc capable de prédire si ce groupe va rester cohérent ou non dans ses objectifs et dans son ensemble, surtout après que la carte de l’intervention internationale ait connu une modification avec le retrait de la France du Mali, suite à ses nombreux différends avec le gouvernement malien qui l’accuse de résultats limités obtenus dans la lutte contre le terrorisme ?

Avis du S.G. des Nations Unies António Guterres

Dans ce contexte, le rapport daté de mai 2021 du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait confirmé que « la force conjointe du groupe Sahel progresse vers l’accomplissement de ses tâches, mais elle est toujours paralysée par son manque de moyens financiers et logistiques, pour lui permettre d’être indépendant et capable de se déplacer librement et efficacement ».

Le Secrétaire général des N.U. Antonio Guterres

Avis du Président de Mauritanie Mohamed Cheikh Ghazouani

Pour sa part, le Président mauritanien Mohamed Cheikh Ghazouani a appelé, dans son discours prononcé lors du 35ème Sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu à Addis-Abeba, à « redoubler son soutien au G5 Sahel, surtout dans le contexte des étapes de transition politique qui traversent certains de leurs pays, ce qui peut contribuer à aggraver la fragilité de leur situation générale ».

Le Président mauritanien M. C. Ghazouani

Il s’agit là d’un appel venu confirmer l’attachement du président mauritanien au Groupe G5 Sahel, et ce malgré les obstacles entourant ce groupe aujourd’hui en raison des coups d’État militaires perpétrés au Mali et au Burkina Faso, considérés comme étant les membres les plus exposés aux opérations terroristes.

D’autre part, même si le G5 Sahel souffre de nombreuses lacunes et trouve d’énormes difficultés à faire face à des défis multidimensionnels, il reste tout de même dans cette région le cadre le plus approprié pour conduire efficacement la lutte contre le fléau du terrorisme.

A noter que, selon certaines sources diplomatiques occidentales en Afrique : « la force conjointe du groupe Sahel, dont la force française Barkhane était chargée de planifier et de coordonner ses opérations, n’a mené aucune activité significative depuis plusieurs mois », soulignant que la dernière opération de cette force a été enregistrée au début du mois de février dernier, sauf que seules les brigades du Niger et du Tchad y ont participé.

Evoquant le sort du groupe du G5 Sahel, l’expert burkinabé Mohamed Sawadogo, spécialiste des questions sahéliennes, a déclaré ceci : « Je pense que la France envisage sérieusement d’étendre le groupe G5 Sahel jusqu’au pays riverains du golfe de Guinée, dans le cadre d’une initiative qui attirera les financiers, et résoudra ainsi le problème de financement dont souffre la force militaire conjointe du Sahel ».

Il a tenu à faire remarque : « Il est impossible que la force militaire conjointe du Sahel se substitue à la brigade française Barkhane, car cette force est incapable de combler le vide que les Français laisseront après leur retrait de Mali, dont ils ont fixé la date de Juin prochain pour que cela prenne fin, malgré que les autorités maliennes de transition ont exigé qu’il soit un retrait direct sans délai le moindre retard ».

Il importe de rappeler qu’il y a d’autres obstacles qui se dressent sur le chemin de la force commune du Sahel, notamment sa dépendance totale vis-à-vis du bataillon français qui s’en ira d’ailleurs du Mali, ainsi que les coups d’État survenus au Mali et au Burkina Faso, sans oublier le différend qui sied entre le Mali et le Niger, et évidemment les sanctions infligées au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

L’expert Mohamed Sawadogo a souligné entre-autres, que « la préoccupation du Mali et du Burkina Faso vis-à-vis des enjeux du G5 Sahel, avec leurs propres problèmes internes, affecte significativement, du fait que ces deux pays, avec le Niger, constituent le noyau principal du groupe, et le lieu où se concentre la violence jihadiste armée ».

Ceci nous mène tout droit à la déduction suivante : sans les trois pays mentionnés, le Groupe des cinq pays du Sahel ne peut avoir aucune importance, car il existe de nombreux indicateurs qui confirment la possibilité de résoudre les obstacles et les embûches auxquels il est confronté.

Par ailleurs, la France, dans le cadre de la stratégie de redéploiement de ses forces militaires et sécuritaires retirées du Mali, envisage d’étendre sa coopération régionale vers les pays riverains du golfe de Guinée, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin.

En conclusion, l’idée des autorités françaises ne sera point rejetée par ces pays, devenus largement menacés par le terrorisme.

C’est pourquoi le G5 Sahel, dans son statut actuel ou son futur élargissement probable, a plus que jamais besoin du soutien de l’Union africaine, car il n’y pas d’autres voies que le dialogue, la coopération et la coordination des efforts, pour vaincre collectivement la violence et le terrorisme, et établir une alliance continentale globale pour un développement durable.

Anouar CHENNOUFI

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