Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Mali. Nous savons déjà que le Mali a bénéficié, lors du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu le dimanche 3 Juillet dernier, à Accra, Capitale du Ghana, d’une levée des sanctions économiques qui lui avaient été imposées le 9 Janvier 2022.
Selon le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Casey Brou : « La levée des sanctions économiques et financières, l’ouverture des frontières terrestres et aériennes, et le retour des ambassadeurs des pays de la CEDEAO à Bamako, sont des décisions qui prennent effet immédiatement ».
Néanmoins, un « point noir » aurait été constaté dans la déclaration faite à ce sujet, qui, selon certaines sources provenant de la communauté même, aurait mentionné ceci : « …Mais les chefs d’état ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle ».
D’autant plus que, malgré les importants progrès fournis par les autorités, après que le gouvernement malien ait soumis une proposition visant à organiser des élections présidentielles et législatives et à remettre le pouvoir aux civils en 2024, ce qui signifie prolonger la période transitoire à deux ans, « la suspension de l’appartenance du Mali au groupe et les sanctions individuelles imposées aux membres du Conseil militaire de transition, ne pourraient être levées qu’après le retour du pays au statut constitutionnel ».
Reste à savoir si le Mali va réintégrer le G5 Sahel ou non ?
Le gouvernement malien avait clairement indiqué auparavant que le groupe du G5 Sahel n’a pas atteint ses objectifs de lutte contre les groupes armés, de renforcement des liens de développement économique et de sécurisation, en raison d’un ensemble d’obstacles structurels, d’une faible efficacité des ressources humaines, manque de politiques de financement, mauvaise coordination entre les États membres et manque de soutien logistique et faible coopération interétatique entre ces pays. En outre, les forces du groupe ont été même accusées de violations des droits humains, notamment d’arrestations arbitraires, de détentions et d’exécutions extrajudiciaires.
Ceci dit, le maintient du retrait du Mali du G5 Sahel peut inciter d’autres pays membres du group de se retirer à leur tour, comme le Burkina Faso, qui souffre de conditions similaires au Mali, d’un état d’agitation politique, et de l’augmentation de la concurrence internationale, avec la croissance de l’activité des groupes armés, et l’affaiblissement des capacités des armées nationales, qui affecte de plus en plus les efforts de coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme, et peut se limiter à la mise en œuvre de certaines opérations qualitatives dans la région.
A la suite à cette nouvelle situation, le président de transition du Mali, en l’occurrence le colonel Assimi Goïta, a appelé, lors de son premier discours prononcé le 8 Juillet dernier, soit 5 jours après que le groupe ouest-africain (CEDEAO) ait annoncé la levée de ses sanctions contre Bamako, s’est résumé à appeler son peuple à « l’unité et à se concentrer sur le développement et la stabilité du pays ».
Goïta, qui a mis en avant les intérêts du Mali, a indiqué également : « qu’il est temps pour une union sacrée autour des intérêts supérieurs de la nation », et ce lors d’une transmission en direct à la télévision d’État.
Il a ajouté entre-autres : « Il est clair que notre démarche n’a jamais été de remettre en cause le retour à l’ordre constitutionnel, mais cela doit se faire dans des conditions de sécurité et de stabilité ».
Pour rappel, dans ce contexte, la CEDEAO et les pays occidentaux avaient imposé au Mali une interdiction majeure des transactions commerciales et financières depuis le 9 janvier 2022, à l’exception de certains produits de base, sachant que l’embargo a gravement affecté ce pays sahélo-africain, qui n’a aucun contact avec la mer.
Cette situation a poussé le Président Goïta, le mardi dernier, à se rendre dans la région de Nioro, dans l’ouest du Mali, à proximité de la frontière mauritanienne, pour lancer une campagne de lutte contre l’insécurité alimentaire.
« Nous sommes bien conscients que les causes de l’insécurité alimentaire sont liées à d’autres choses, notamment les risques climatiques, en plus des conflits internes » entre groupes de population, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, remerciant, dans son allocution, la Guinée et la Mauritanie voisines pour leur « solidarité tout au long de la période d’interdiction ».
Il importe de rappeler également que durant les six mois passés, les territoires et les ports maritimes des deux pays, à Conakry et à Nouakchott, ont permis au Mali de contourner l’embargo imposé par l’organisation CEDEAO, ce qui a ainsi permis à Bamako de contourner Dakar et Abidjan, par lesquels transitent la majorité des produits destinés au pays.
Tout de même, l’isolement a coincé le Mali qui a fait défaut sur plus de 300 millions de dollars de sa dette en raison des sanctions qui l’ont « éloigné » du marché financier régional, et de la banque centrale régionale également.
A noter que le mandat du président ghanéen Nana Akufo-Addo à la tête de la CEDEAO arrivant à terme, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a élu à sa place le président de la Guinée-Bissau « Amaru Sissoko Embalo » comme nouveau président tournant.
Dans sa déclaration, Embalo a indiqué que cette décision reflète « la solidarité unifiée de tous les présidents des Etats membres de la CEDEAO avec le jeune président de la région ».
L’appel à la raison du Tchad et du Niger
Le Tchad et le Niger ont appelé, mercredi 13 juillet 2022, le Mali à réintégrer la force conjointe du G5 Sahel. Le Mali avait pris la décision de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, en mi-mai dernier.
Mais le dernier mot revient évidemment au Mali et à son président le colonel Assimi Goïta, pour savoir si le pays dissident va (ou non) regagner le bercail !
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