les groupes armés au Mali

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les groupes armés au Mali
les groupes armés au Mali

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Poursuivant notre démarche dans l’intéressant thème que nous avons entamé dès le début de ce mois-ci, à savoir « les groupes armés » dans la région du Sahel et en Afrique, nous consacrons donc aujourd’hui cet article à ce fléau opérant au Mali, plus précisément dans le nord du pays.

Nos recherches à ce sujet nous ont menés au constat suivant : « Les événements, toujours brûlants et témoins d’une détérioration internationale et régionale, ont commencé avec la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye (août 2011), lorsque des centaines de militants touaregs qui avaient combattu dans les rangs des forces de Kadhafi jusqu’à leur chute, ont commencé à regagner leur patrie au Mali, au Niger et ailleurs, emportant avec eux des véhicules militaires, des armes sophistiquées et d’importantes quantités de munitions ».

Une fois arrivés à destination, là, les groupes armés à dominance touaregs se sont préparés à se rassembler pour combattre l’armée régulière locale, du moins pour le Mali, ce qui avait conduit à un coup d’État militaire dans la capitale, Bamako (le 22 mars 2012), mené par des soldats de l’armée qui en ont profité pour renverser le président « Amadou Toumani Touré » (en place depuis 2002), et « Le Mouvement laïc de libération de l’Azawad », en alliance avec le groupe armé « Ansar al-Dine », a également pu prendre le contrôle des régions du nord d’où l’armée s’était retirée.


Carte d’implantation de tous les groupes armés du Continent africain

Mais cette alliance, et malgré les efforts déployés pour qu’elle se poursuive, n’a pas duré longtemps, car des différends ont rapidement éclaté entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad et son ancien allié le groupe Ansar al-Dine, qui a réussi à étendre son contrôle sur le nord, après de longues batailles entre les deux parties, laissant derrière eux des dizaines de morts.

Outre le Groupe Ansar al-Dine, le contrôle a concerné entre-autres les régions du nord du Mali et ses principales villes (Tombouctou, Gao et Kidal), qui représentaient collectivement plus de la moitié de la superficie du pays, entre le « Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest », et « Al-Qaïda au Maghreb islamique » qui sont alliés, ainsi qu’un certain nombre de groupes tels que les katiba « Ansar al-Charia » et celle de la « Brigade masquée ».

Les forces maliennes et françaises et les forces de la Mission onusienne ont continué d’être la cible d’attaques atypiques, par des méthodes d’attaque sophistiquées et des attentats-suicides par des engins explosifs improvisés, à savoir bombes montées sur véhicule, et en bord de route, en plus de mortiers/missiles.

Les principaux risques pour la sécurité physique des civils comprenaient :
***les actes de banditisme armé,
***les attaques ciblées souvent menées par des individus armés en raison de l’évolution des affaires politiques, y compris lors des élections locales,
***les mines, engins explosifs improvisés et autres explosifs de guerre abandonnés,
***et les dommages consécutifs causés aux civils à la suite d’un conflit armé entre groupes armés dissidents,
***et les attaques commises par des extrémistes violents et des terroristes et les acteurs gouvernementaux.

Des individus armés ont continué quant à eux d’exercer des représailles contre des civils soupçonnés de collaborer avec le gouvernement ou avec la MINUSMA, qui avait été mise en place en avril 2013.

Présentation de ces groupes armés et de leurs zones de contrôle
• Groupe Ansar al-Dine

Il s’agit d’un groupe armé qui dit chercher à « faire appliquer la loi islamique sur tout le territoire du Mali », mais ne revendique pas l’indépendance du nord du pays, contrairement au « Mouvement de libération de l’Azawad », qui cherche la sécession du nord pour établir l’état de l’Azawad.

Son fondateur est Iyad Ag Ghali, fils de chefs tribaux historiques et ancien militaire, et chef historique de la rébellion des tribus touaregs au cours des années 90 du siècle dernier. Il est issu d’une ancienne famille Azawad de Kidal, à l’extrême nord-est du Mali. Ag Ghali était un haut fonctionnaire malien, influencé par l’idéologie guerrière lors de sa médiation pour la libération des otages occidentaux enlevés en 2003 par Al-Qaïda au Maghreb islamique.

La plupart de ceux qui appartiennent au mouvement sont des Touaregs, contrairement à d’autres groupes dont la plupart des membres sont des Arabes.

Ansar al-Dine est le groupe le plus important et le plus menaçant dans le nord du Mali, selon les médias locaux, qui affirment également que « la suprématie militaire du mouvement et la position particulière dont il jouit sont dues en grande partie à son alliance avec al-Qaïda, qui l’a alimenté en argent et en individus jusqu’à ce qu’il s’était fait la plus forte présence sur le terrain parmi ses semblables dans le monde.

Ansar al-Dine a réussi à étendre son contrôle, notamment, à l’ancienne ville de Tombouctou, au nord-ouest du Mali. Dans cette grande ville, le groupe a travaillé à la démolition des sanctuaires soufis et des sanctuaires religieux, qui ont été inscrits par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine mondial en 1988, il a donc détruit sept sanctuaires sur 16, ce qui a suscité de vives réactions au niveau international et à l’UNESCO.

• Al-Qaïda au Maghreb islamique

L’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, émanant du Groupe Salafiste pour la Prêche et le Combat en Algérie, qui, à son tour, est né du sein du Groupe Islamique Armé, qui dispose depuis des années de bases-arrières dans les régions du Sahara, dont le nord du Mali, à partir desquelles elle se lance pour mener ses opérations. Elle est donc la plus ancienne et la plus expérimentée des organisations armées de la région, ainsi que la plus ancienne en matière de communication et d’établissement de relations avec les chefs tribaux là-bas.

Les observateurs de la situation dans la région estiment que « Al-Qaïda » est le véritable moteur de tous les groupes armée du nord du Mali, et qu’il est le lien principal entre les différentes organisations, et qu’il a également le bras le plus long dans la région, sachant que des sources locales le décrivent souvent comme le plus enraciné, le mieux informé et le plus expérimenté des régions du Nord.

Des sources identiques indiquent que les éléments opérant dans les rangs d’« Ansar al-Dine » ou du « Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) » ne sont finalement que d’anciens combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Les mêmes sources affirment que l’organisation dit vouloir « libérer » la région de la présence occidentale – française et américaine – notamment ceux qui lui sont fidèles des régimes qu’il décrit comme des « apostats », dans l’idée « de protéger la région des ambitions étrangères et d’établir un État majeur qui gouverne selon la loi islamique ».

• Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)

«Le Mouvement pour l’unicité et le jihad » est l’un des plus importants mouvements armés actifs dans les régions du nord, un mouvement issu d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont la plupart de ses membres sont arabes.

Le mouvement appelle à prendre les armes en Afrique de l’Ouest, et son contrôle est centré sur la ville de (Gao) située sur le fleuve Niger dans le nord-est du Mali, et le « Mouvement Unicité et Jihad » partage le contrôle de la ville avec le « Mouvement national pour la libération de l’Azawad », après que l’armée malienne en ait été expulsée, et avant que ne soient expulsés, plus tard, les éléments du mouvement de l’Azawad sur fond d’un conflit entre les deux parties.

Le « mouvement pour l’Unicité et le Djihad » a affirmé plusieurs fois qu’il peut contrôler la capitale malienne dans les 24 heures s’il le souhaitait, notant qu’il dispose d’un énorme arsenal militaire qui lui permet de s’emparer de la ville et de conquérir les armées de la région, mais il n’a cessé de confirmer qu’il ne visait pas à atteindre la capitale, Bamako.

Grâce à ses ressources financières, ses liens tribaux et sa présence sur le terrain, le mouvement a pu expulser tous ses opposants touaregs de la ville d’Ansongo, et comme le reste de ses alliés armés, le mouvement a été à l’origine de l’enlèvement de diplomates et d’étrangers, dont des Algériens enlevés auparavant dans la région de Gao, et l’exécution également d’un diplomate algérien enlevé à son tour.

Ce mouvement avait annoncé à ses débuts la formation de quatre katiba militaires :
• la compagnie « Abdullah Azzam »,
• la compagnie « Abu Musab al-Zarqawi »,
• la compagnie « Abu Laith al-Libi »,
• et la compagnie « kamikazes ».

Le mouvement a estimé dans l’un de ses communiqués que l’annonce de la nouvelle restructuration résultait de l’expansion de son influence et de l’augmentation du nombre de ses combattants, notant que les nouveaux groupes de combattants seraient répartis en fonction des défis auxquels la région est confrontée en interne et en externe.

• Groupe « Ansar al-Charia »

Ansar al-Charia est présenté comme « un groupe islamiste populaire et régional pour appliquer la loi de Dieu dans tout le Mali ». Selon ses chefs, ils le considèrent comme étant le groupe qui porte une identité particulière, à savoir « la seule organisation arabo-islamique dans une zone où il y avait de nombreuses organisations selon la multiplicité des ethnies ».

Cherchant à éloigner la dimension géographique et ethnique de leur groupe, ils ont déclaré dans un de leurs communiqué que : « La porte est ouverte à tous les musulmans, arabes, non arabes et songhaï, et ne se limite pas aux habitants de Tombouctou », avant de confirmer que certains des tribus Songhaï du fleuve Niger avaient décidé de se porter volontaires et de rejoindre le nouveau groupe.

• Groupe « Les signataires par le sang »

Ce groupe a été créé par l’Algérien Khaled Abou al-Abbas plus connu sous le nom de guerre « Mokhtar Belmokhtar », le premier chef d’AQMI à s’implanter hors d’Algérie dans les pays du Sahara et du Sahel, et principalement au Mali. En décembre 2012, en conflit avec les autres chefs d’AQMI, il créa son propre mouvement : « Les Signataires par le sang », dont la principale action fût la prise d’otages d’Aïn Amenas, en Algérie, en janvier 2013. Malgré cela, il est resté attaché à son attachement à l’unité des décisions prises par les organisations armées concernant la crise dans le nord du Mali.

Les sites Web des groupes armés avaient publié des déclarations d’Abou al-Abbas, dans lesquelles il indiquait que « Sa katiba respectera tout choix convenu par les mouvements Ansar al-Dine, Unicité et Jihad, et les tribus qui ont appelé à l’application de la charia, et nous les aiderons et les soutiendrons, qu’ils soient en paix ou en guerre », menaçant ceux qui participent ou planifient la guerre dans le nord du Mali, qui, selon lui, est « un plan malveillant, rusé et une guerre par procuration au nom de l’occident ».

• Mouvement de libération de l’Azawad

Après sa défaite par des hommes armés et la chasse à l’homme lancée contre ses membres d’une ville à l’autre du nord du Mali, on peut dire que le Mouvement de libération de l’Azawad est un mouvement qui souffre d’une sorte de moribond. Le mouvement affronte toujours plusieurs difficultés combinées, dont l’absence de moyens financiers ou l’épuisement de ses armes et munitions. En effet, peut-être que nombre de ses éléments se sont précipités pour rejoindre ses ennemis des groupes islamiques tels que le mouvement Ansar al-Dine, qui reste le plus facile et le mieux équipé.

Le « Mouvement national pour la libération de l’Azawad » est une organisation politique et militaire qui a été créée fin 2011 avec la fusion d’un certain nombre de groupes séparatistes des tribus touaregs, et le mouvement prétend qu’il « cherche à amener le peuple de l’Azawad hors de l’occupation malienne qu’il considère illégale ».

En fait, il vise à fonder l’Etat de « l’Azawad » dans la région qui s’étend du nord-est du Mali au nord-ouest, dont le désert couvre une vaste zone de ce territoire, et le mouvement la considère comme le berceau des Touareg.

Le Chef d’état-major du Mouvement national de libération de l’Azawad, Mohamed Ag Najim, est un ancien colonel de l’armée de Kadhafi, qui avait regagné son foyer d’origine dans le nord du Mali, avec ses groupes armés après la chute du régime Kadhafi.

A noter que d’autres groupes ont été fusionnés pour donner naissance à d’autres katiba comme « Al Mourabitoun », « Front de libération Macina », « Ansaroul Islam », « Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin », sur lesquels nous reviendrons dans l’un de nos prochains articles.

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