Sanctions de la Cedeao contre le Mali : les inquiétudes d’Alger

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Sanctions de la Cedeao contre le Mali : les inquiétudes d’Alger
Sanctions de la Cedeao contre le Mali : les inquiétudes d’Alger

Africa-Press – Mali. Alger a exprimé le 10 janvier ses inquiétudes « devant les risques graves et les épreuves que porte en elle la panoplie de sanctions massives annoncées par le sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cedeao ce 9 janvier à Accra ». Dans un communiqué des affaires étrangères, l’Algérie s’inquiète également face aux « contre-mesures annoncées par le gouvernement de la République du Mali » et a appelé « toutes les parties à la retenue et au réengagement dans le dialogue en vue d’éviter à la région un engrenage de la tension et une exacerbation de la crise ».

Sanctions « illégitimes, illégales et inhumaines »

Pour rappel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont imposé, le 9 janvier, une série de sanctions économiques et diplomatiques à l’encontre du Mali en réponse à l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années. Parmi ces mesures, fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et suspension des échanges autres que de produits de première nécessité.

La veille de l’annonce de ces sanctions, jugées « illégitimes, illégales et inhumaines » par le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, la junte avait soumis à la Cedeao un nouveau calendrier pour rendre le pouvoir au civil, se projetant sur quatre ans au lieu des cinq ans promis par le pouvoir malien. Mais cette proposition n’a pas suffi pour freiner le processus d’instauration de ces sanctions.

En réaction, le Mali a annoncé, le 10 janvier, le rappel de ses ambassadeurs en Afrique de l’Ouest, la fermeture de ses frontières avec ses voisins de la Cedeao, accusant cette dernière d’être « instrumentalisée par des puissances extrarégionales », en l’occurrence Paris dont les relations avec le pouvoir malien ne cessent de se tendre. La France a par ailleurs apporté son soutien, à l’ONU, aux sanctions contre la junte, mais, le 11 janvier, la Russie et la Chine ont bloqué au Conseil de sécurité l’adoption d’un texte, proposé par la France, pour obtenir une position unie de l’ONU face à la junte malienne.

Alger appelle Bamako à revoir son calendrier

Face à ses tensions, l’Algérie, en sa double qualité de chef de file de la médiation internationale et de président du Comité de suivi de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, tente de jouer l’équilibre. En effet, tout en prévenant contre « les risques graves » des sanctions contre la junte, l’Algérie a appelé le pouvoir à Bamako à revoir son calendrier, estimant « raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme d’une année, que seules des considérations impérieuses d’ordre sécuritaire, financier ou matériel pourraient étendre de quelques mois le cas échéant ». Alger a également rappelé que, lors d’une audience accordée le 6 janvier à une délégation malienne de haut niveau, le président Abdelmadjid Tebboune a « insisté sur la nécessité pour les autorités de la transition au Mali d’envisager de s’engager à faire de l’année 2022 celle de l’instauration d’un ordre constitutionnel malien ».

Pour une « compréhension mutuelle »

Alger met en garde contre « les conséquences politiques, sécuritaires et économiques que peut avoir toute transition longue telle que celle envisagée par la partie malienne », tout en plaidant pour « un dialogue serein et réaliste avec la Cedeao en vue de parvenir à un plan de sortie de crise qui tienne compte des exigences internationales et des aspirations légitimes du peuple malien, ainsi que des facteurs endogènes liés aux dynamiques nationales maliennes ». Enfin, l’Algérie a exprimé sa « pleine disponibilité à accompagner activement la République du Mali et la Cedeao dans la voie salutaire de la compréhension mutuelle ».

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