
Africa-Press – Mali. Face à des mouvements de grèves répétitives qui rendent la tâche difficile aux autorités de la transition, le président de ladite transition sest prononcé sur la question lors dune rencontre avec la diaspora malienne dAbidjan en marge de la cérémonie dinvestiture dAlassane Dramane Ouattara. Une intervention qui a provoqué une colère noire chez les syndicats qui observent, ces dernières semaines, des grèves.
En effet, depuis 14 décembre 2020, lUnion Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) observe une grève de 5 jours, une grève qui paralyse les services dassiettes du pays. Lintervention du Président de la transition, Bah NDaw en marge de la cérémonie dinvestiture de la président Alassane Dramane Ouattara, semble jeter de lhuile sur le feu. LUNTM, se sentant offensée par cette intervention, a suspendu les négociations avec le gouvernement, jusquà nouvel ordre. En plus, elle menace de saisir la CSI-Afrique.
“Avec létat du Mali, comment quelquun qui jouit de toutes ses facultés mentales peut parler de grève à fortiori partir en grève”, a affirmé le président de la Transition face aux Maliens résidents en Côte dIvoire.
Pour le secrétaire général de lUNTM, Yacouba Katilé, les propos du président de la Transition sont purement et simplement une menace à la liberté syndicale. “Les déclarations du président hors du pays, en Côte dIvoire, constituent, selon notre interprétation, une menace à lendroit du syndicat. Nul part dans le monde, ce genre de menaces ne doivent être proférées à lendroit des syndicalistes. Nous sommes dans nos droits au plan constitutionnel interne mais aussi au plan conventionnel international. Nous sommes suivis à travers le monde. Ce que nous avons demandé depuis que nous avons commencé le mouvement, je ne me rappelle pas avoir une seule fois avoir prononcé le nom du président de la République, même une seule fois encore moins le Premier ministre comme telle en termes daccusations de quoi que ce soit. Et quil fasse une telle déclaration constitue une menace pour nous. Nous sommes obligés de réagir”, a déploré Katilé.
Face “aux menaces” venant du président de la Transition, lUnion Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) entend saisir la Confédération Syndicale Internationale (CSI-Afrique) dans les jours à venir.
“Tout cela rentre en ligne de compte. Dès aujourdhui (Hier) nous allons saisir la CSI-Afrique. Nous avons été plusieurs fois consultés, si nous faisons objet de menaces de la part des militaires au pouvoir. On a toujours répondu négatif. Mais si aujourdhui, cest le premier responsable même du pays qui parle en terme militaire, nous allons vraiment informer au plan international nos affiliés dabord et ensuite les organisations de la protection des droits de lHomme”, a indiqué Katilé. Au moment où nous mettions sous presse, les conciliateurs étaient à pied-uvre pour ramener les syndicalistes sur la table des négociations.
Même son de cloche du côté des administrateurs civils
A travers un communiqué rendu public les administrateurs civils qui observent, depuis un certain moment, une grève illimitée nentendent pas lâcher : “les syndicats de la Plateforme d’action commune (Syltmat, Synac, Syntract et CS-ADR) ont appris avec stupéfaction à travers les réseaux sociaux, les propos insultants, discourtois et menaçants, tenus par le président de la transition devant la diaspora malienne à Abidjan, le lundi 14 décembre 2020, à l’endroit des travailleurs en grève, en général et des administrateurs civils, nommément pris à partie, en particulier”.
“La Plateforme d’action commune prend l’opinion publique nationale et internationale à témoin, qu’au lieu de faire face à leurs obligations, les autorités de la Transition, avec à leur tête le chef de l’Etat Bah NDaw, procèdent par des insultes, menaces et intimidations, caractéristiques de tout individu sans idée ni solution”, déplore les syndicats à travers le communiqué. Pour les syndicats, la solution aux problèmes d’un pays ne passe pas par les menaces, insultes et intimidations.
“La Plateforme d’action commune fait savoir que l’exercice de la magistrature suprême d’un pays commande de la lucidité, de la retenue, du respect envers ses concitoyens fussent-ils des ennemis, des adversaires, des malades mentaux, surtout à l’extérieur du pays. Il impose au prince du jour une culture permanente de l’intérêt général et de l’impartialité”, précise le communiqué.
Zié Coulibaly
Source: Plume Libre