A la tribune de l’ONU, le Mali règle ses comptes avec Guterres, Embalo, Bazoum, Ouattara et la France : « Notre pays a été poignardé dans le dos par les autorités françaises »

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A la tribune de l’ONU, le Mali règle ses comptes avec Guterres, Embalo, Bazoum, Ouattara et la France : « Notre pays a été poignardé dans le dos par les autorités françaises »
A la tribune de l’ONU, le Mali règle ses comptes avec Guterres, Embalo, Bazoum, Ouattara et la France : « Notre pays a été poignardé dans le dos par les autorités françaises »

Africa-Press – Mali. A l’occasion du débat général de la 77ème Session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Premier ministre malien par intérim, Colonel Abdoulaye Maïga, a prononcé, le samedi 24 septembre 2022, un discours de 18 pages durant 35 minutes, dans lequel il précise que « le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité : pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité, pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité ».

Le thème de cette session s’intitule : « Une nouvelle ère : des solutions porteuses de changement pour relever des défis interdépendants ». Dans son discours, le Colonel Abdoulaye Maïga a répondu aux sorties médiatiques du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres ; des autorités françaises ; du Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara ; du Président en exercice de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo ; du Président de la République du Niger, Mohamed Bazoum.

Répondant à Guterres, le Colonel Maïga a fait savoir que l’affaire des « 46 mercenaires ivoiriens » est bilatérale et judiciaire entre deux pays frères. Il a précisé qu’au Mali, les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice.

Il a indiqué que le Mali n’acceptera pas en tant qu’Etat que des militaires ayant dissimulé leurs identités avec des armes, débarquent dans son aéroport.

Depuis le mois d’août 2020, dit-il, le Mali se trouve dans un processus de transition, qui prendra fin le 26 mars 2024, par le transfert de pouvoir aux autorités élues.

Selon lui, peu de gens savent que le Mali est le seul pays au monde dans lequel se déroulent simultanément 4 types d’insécurité : le terrorisme, les conflits communautaires manipulés par les terroristes, la criminalité transnationale organisée et les actions violentes d’individus isolés.

Le premier ministre par intérim a souligné que la mise en œuvre diligente et intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, demeure une priorité stratégique des autorités de la Transition, en tant qu’instrument pacifique de résolution durable de la crise que traverse le Mali dans sa partie Nord.

« Il nous faut reconnaître que près de 10 ans après son établissement, les objectifs pour lesquels la MINUSMA a été déployée au Mali ne sont pas atteints. Et ce, en dépit des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.

C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali réitère sa demande, maintes fois exprimée, d’un changement de paradigme, d’une adaptation de la MINUSMA à l’environnement dans lequel elle est déployée et d’une meilleure articulation de cette mission avec les autorités maliennes », a-t-il dit.

Avant d’ajouter que « l’obscurantisme de la junte française, qui a violé l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes… Eu égard à la gravité des faits commis par la junte française, le Mali a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Cette réunion a pour objet de permettre au Mali de présenter les éléments de preuve en sa possession ». Tirs tous azimuts Le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maiga, a fustigé la dernière sortie médiatique du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, qui a demandé aux autorités maliennes à « régler la situation » des 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako, depuis le 10 juillet dernier.

« L’amitié reposant sur la sincérité, souffrez que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre sortie médiatique, au cours de laquelle vous prenez position et vous vous exprimez sur l’affaire des 46 mercenaires ivoiriens, qui est une affaire bilatérale et judiciaire, entre deux pays frères », a souligné le Chef du gouvernement malien.

Il ajoutera : « C’est évident, que la qualification judiciaire des infractions liées à cette affaire ne relève pas des attributions du secrétaire général des Nations Unies.

Au Mali, notre administration ne travaille pas sur la base de l’oralité, ni des déclarations par voie de presse, par conséquent, nous nous tenons scrupuleusement à la note verbale de la Minusma en date du 22 juillet 2022, dans laquelle, il ressort clairement qu’il n’existe pas de liens entre les 46 mercenaires et les Nations Unies ».

Abdoulaye Maiga a indiqué que « la position du secrétaire général sur l’affaire des mercenaires a été suivie par certains responsables d’Afrique de l’Ouest ».

Le Premier ministre s’en est pris au président en exercice de la CEDEAO, non moins président de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qu’il accuse de « mimer » les Nations Unies.

« Il est important de lui préciser que le secrétaire général des Nations Unies n’est pas un chef d’État et le président en exercice de la Cédéao n’est pas un fonctionnaire. Par conséquent, il serait indiqué qu’il ne banalise pas la Cédéao », a-t-il dit.

« Il est utile de rappeler, au président en exercice de la Cédéao, qu’au Mali, les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice.

Donc, nous n’avons pas vocation à interpeller ou relâcher, ceci relève de la fonction judiciaire », a ajouté le Premier ministre malien par intérim. Évoquant le retrait des militaires français de la force Barkhane du Mali, Abdoulaye Maîga a déclaré que le Mali avait été « poignardé dans le dos par les autorités françaises ».

« Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme », a indiqué le Premier ministre par intérim.

Accusant la France de « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde », Abdoulaye Maïga a, en revanche, salué « les relations de coopération exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie ».

Aussi, lors de son discours, le colonel Abdoulaye Maïga a vertement critiqué le président nigérien Mohamed Bazoum, qu’il a accusé de ne pas être nigérien, et le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara, en décrivant la « manœuvre » permettant à un président de « conserver le pouvoir pour lui seul et son clan », en changeant la Constitution pour obtenir un troisième mandat.

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