Africa-Press – Mali. Après de fortes tensions, les discussions reprennent entre la Cedeao et la junte malienne. Celle-ci souhaite faire une nouvelle proposition à Goodluck Jonathan, le médiateur ouest-africain, arrivé ce 18 mars à Bamako.
Sa dernière visite dans la capitale malienne n’avait pas été couronnée de succès. Le 26 février, Goodluck Jonathan, l’émissaire de la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Mali était reparti bredouille, échouant à trouver un terrain d’entente avec les autorités du pays sur la nouvelle durée de la transition. C’est sans nul doute avec un plus grand enthousiasme que l’ancien président nigérian, a foulé le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta-Senou à Bamako ce 18 mars dans l’après-midi, pour une visite de deux jours.
Selon nos informations, cette visite, qui intervient un mois après la fin règlementaire de la transition, se fait à l’invitation d’Assimi Goïta. De quoi redonner de l’espoir à l’organisation ouest-africaine qui depuis plusieurs semaines déjà exige « un retour dans les plus brefs délais à un ordre démocratique » au Mali.
La Cedeao compte les mois
À cet effet, le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), n’a pas manqué de souligner la reprise du dialogue entre les deux partis : « À la veille de la visite à Bamako du médiateur de la Cedeao, je me suis entretenu ce jour avec le colonel Assimi Goïta. Je soutiens la reprise du dialogue pour une solution négociée de la crise au Mali », a-t-il fait savoir sur son compte Twitter.
Depuis qu’il a pris la tête de l’UA le 6 février, Macky Sall a fait du dossier malien une priorité. Selon nos sources, Goodluck Jonathan et le président sénégalais ont échangé à ce propos par téléphone il y a une semaine.
Malgré les efforts diplomatiques de haut niveau, rien n’assure que les discussions aboutissent à un accord entre les autorités maliennes et la Cedeao,Ajouter tant les positions restent divergentes. L’organisation ouest-africaine reste dominée par la position ferme défendue par son président en exercice – le Ghanéen Nana Akufo-Addo –, le Nigérien Mohamed Bazoum et l’Ivoirien Alassane Ouattara. Elle souhaite que la prolongation de la transition ne dépasse pas 12 mois. Son comité technique a quant à lui préconisé fin février l’organisation d’élections dans un délai de 12 à 16 mois. Il rejoint ainsi l’UA qui préconisait une transition de 16 mois maximum.
Concessions
Mais Assimi Goïta veut plus. Lui qui avait annoncé qu’il se maintiendrait encore cinq ans est prêt à revoir sa copie, mais souhaite une transition d’encore 20 mois, affirme plusieurs sources à Bamako.
« Les militaires au pouvoir estiment qu’il faut mettre en application certains travaux issus des conclusions des Assises nationales de la refondation. De plus, ils s’appuient sur l’insécurité pour justifier le nouveau chronogramme qu’ils souhaitent proposer. Les forces armées maliennes multiplient actuellement les opérations pour créer des conditions favorables à la tenue d’élections. Douze mois est un délai qu’elles jugent trop court », décrypte notre source diplomatique.
La Cedeao entendra-t-elle ces arguments ? Sous ses dehors intransigeants, la junte d’Assimi Goïta semble prête à des concessions pour trouver un terrain d’entente avec la Cedeao. Il devient pour elle urgent de faire lever les sanctions diplomatiques et commerciales à son encontre. « Pour faire avancer le processus, les militaires n’excluent pas non plus de mettre fin aux fonctions de Choguel Kokalla Maïga à la primature, pour nommer un Premier ministre plus consensuel qui permettrait de poursuivre le dialogue avec la communauté internationale », fait savoir notre source diplomatique.
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