Africa-Press – Mali. Le géant minier canadien Barrick Mining a décidé de retirer le complexe aurifère de Loulo-Gounkoto (Mali) de ses prévisions de production pour l’année 2025, a révélé ce mardi l’agence Reuters. Cette décision intervient sur fond de conflit prolongé avec les autorités maliennes, alimenté par une réforme contestée du code minier, a-t-on appris de Financial Afrik ce jeudi 12 juin 2025.
Le complexe Loulo-Gounkoto, l’un des gisements les plus rentables de Barrick en Afrique, est en arrêt depuis janvier 2025. En cause: le blocage des exportations d’or, la saisie de près de 3 tonnes de stock, et la détention temporaire de plusieurs employés, dans un contexte de bras de fer fiscal et juridique entre Bamako et la multinationale.
Selon les analystes, cette mise en retrait pourrait amputer jusqu’à 11 % de l’EBITDA 2025 de Barrick si la situation ne se débloque pas. Le site, détenu à 80 % par Barrick et à 20 % par l’État malien, représentait jusqu’à 14 % de la production mondiale du groupe.
Les tensions entre les deux parties s’intensifient depuis plus de deux ans, autour de l’application d’un nouveau code minier malien, qui vise à renforcer le contrôle de l’État sur les ressources stratégiques.
En décembre 2024, Barrick a lancé une procédure d’arbitrage international pour contester les décisions maliennes. En parallèle, le gouvernement de transition a saisi un tribunal national pour nommer un administrateur provisoire à la tête du complexe.
Malgré quelques concessions de Bamako, notamment l’autorisation pour Barrick de rapatrier exceptionnellement 20 % de ses bénéfices dans une banque étrangère, les discussions restent bloquées sur un point central: le mode de règlement des litiges. Le Mali réclame des procédures locales, tandis que Barrick exige un arbitrage international, condition jugée non négociable.
Le bras de fer intervient alors que la production aurifère du Mali – troisième producteur d’or en Afrique – est en chute libre. De 66,5 tonnes en 2023, elle est tombée à 51 tonnes en 2024, soit une baisse de 23 %, dans un contexte de tensions croissantes entre l’État et les opérateurs miniers.
Ce conflit pourrait, à terme, fragiliser l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers, alors que l’exploitation minière représente une part cruciale des recettes budgétaires maliennes.
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