El Hadj A.B.HAIDARA
Africa-Press – Mali. Il serait intéressant, au regard des bruits de casseroles qu’on entend, de procéder à l’audit de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) sur les 8 ans de Moumouni Guindo dont son mandat prend fin ce samedi 31 mai 2025. Mais qui pour le faire? C’est la question principale qui est sur toutes les lèvres depuis quelques semaines.
C’est la saison du renouvellement des mandats de certaines autorités indépendantes censées appuyer les pouvoirs publics dans leur croisade contre la corruption et l’enrichissement illicite.
Après Samba Alhamdou Baby, Vérificateur général sortant, ce sera le tour du président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, Moumouni Guindo, de « raccrocher les crampons » ce 31 mai 2025 au terme de deux mandats de 4 ans chacun.
Si le premier s’en va la tête haute avec des lauriers tressés par ses collaborateurs et les vivats des plus hautes autorités, le second est de nos jours au centre de la controverse et accusé de n’avoir rien réalisé de concret en 8 ans de présence à la tête de l’Office. Selon des sources bien informées, il s’est fendu d’une lettre au Premier ministre pour solliciter une rallonge de mandat de neuf mois, arguant d’un retard administratif lors de sa reconduction – un prétexte juridique aussi mince qu’une feuille de papier bible. Pendant ces neuf mois, il n’a jamais passé la main, et aujourd’hui, il exige que cette période soit consolidée en sa faveur. Hélas ! Et le Premier ministre aurait décliné cette demande, d’après les mêmes sources. Raison pour laquelle certains cadres concernés par cette fin de mandat ont déjà commencé à préparer leurs cartons afin de libérer les bureaux. C’est le cas de Djibril Kane, qui a démissionné à la tête du Fonds de solidarité au sein de l’Oclei.
En tout cas, cette quête d’une rallonge de mandat incline à penser que Moumouni n’a véritablement pas comblé les espoirs escomptés lors de sa nomination à ce poste. «Sa demande ne serait qu’une tentative maladroite de colmater les brèches pour cacher des pratiques qu’un audit mettrait facilement à nu» estime notre source. Toujours est-il que plusieurs observateurs s’accordent pour dire que Guindo, au lieu de s’investir pleinement pour le rayonnement de l’Office, s’est contenté de «voyages de prestige» à des coût de millions de nos francs et de dépenses somptueuses à contre-courant des missions de l’Office, qui devrait participer à la moralisation de la vie publique en mettant à nu l’enrichissement illicite des agents publics et parapublics.
Et pourtant, il a été placé à la tête d’un organe censé promouvoir la transparence dans la gestion des biens publics et des avoirs des agents de l’Etat.
Huit années durant, il n’a guère produit de résultats probants. Son dernier rapport annuel n’en était pas un car il a repris des données antérieures de trois ans pour faire du chiffre un buzz.
Pis encore, dans ce poste qui exige coordination et esprit d’équipe, il a agi en «électron libre» d’après certains de ses collaborateurs. Aucun membre de son collège n’a été informé de ses démarches, car dans son esprit, ses collaborateurs ne sont que des obligés, de simples figurants dans une pièce dont il serait l’unique vedette.«Il avait l’occasion de marquer positivement l’histoire d’une institution qui devait creuser son sillon. Il aurait pu contribuer à assainir la gestion publique. Mais, il a préféré confondre mission d’Etat et quête personnelle de prestige. Va-t-il s’en tirer sans rendre des comptes?» demande un visiteur des lieux.
Source: abamako.com
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