Africa-Press – Mali. À Bamako, la pénurie de carburant persiste et s’aggrave de jour en jour. Bien que des centaines de citernes escortées aient ravitaillé la capitale malienne le dimanche 26 octobre courant, les stations-service sont prises d’assaut dès les premières heures du matin, mais la plupart restent à sec.
De longues files d’attente interminables s’étirent devant les stations-service ; des conducteurs de véhicules de transports, personnels, services, motos, taxis, ainsi que des tricycles attendent des jours comme des nuits sans garantie d’obtenir du carburant.
Principale cause du blocage: de nombreux camions-citernes qui acheminent le carburant sont la cible d’attaques des hommes armés se réclamant du « Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn » (JNIM) dirigé par Iyad Ag Ghaly sur les axes d’approvisionnement en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
Cette situation paralyse de nombreux secteurs d’activité. Les transports urbains tournent au ralenti, les prix des trajets explosent, et plusieurs travailleurs peinent à se rendre à leurs lieux de service. Les vendeurs ambulants, chauffeurs et livreurs témoignent de pertes considérables.
« On dort presque dans les stations, mais il n’y a rien. Chaque jour, c’est la même peine », confie à Anadolu un conducteur de moto-taxi, exaspéré. « Cela fait trois jours que je dors devant cette station sans pouvoir acheter une goutte d’essence », raconte Moussa Traoré, chauffeur de taxi, le visage marqué par la fatigue. « Je ne travaille plus, je n’ai plus de quoi nourrir ma famille. »
Même désarroi du côté des particuliers. Awa Diallo, fonctionnaire, témoigne: « J’ai dû laisser ma moto à la maison. Pour aller au travail, je marche ou je dépends du transport en commun, mais même les SOTRAMA se font rares. »
Les conséquences économiques et sociales sont palpables. Les prix du transport ont explosé, affectant les petits commerces et les activités quotidiennes. « Tout est bloqué. Les livraisons ne passent plus, les travailleurs arrivent en retard, et les prix des denrées augmentent », explique Bakary Konaté, un commerçant du marché de Médina-Coura.
Lors d’une visite dans les stations-service, Abdoul Kassim Fomba de la Jeunesse et des Sports, Chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne, reconnaît que le Mali vit aujourd’hui une situation assez difficile dans l’approvisionnement du carburant.
« Aujourd’hui, nous sommes en train de vivre une situation assez difficile et nous comprenons aujourd’hui tous les défis que la population est en train de vivre. Donc il était important à un moment donné, à travers le ministère du Développement social et de la jeunesse, sous l’instruction des plus hautes autorités, de venir voir d’abord ce qui se passe ici, comment les réconforter » a déclaré Abdoul Kassim Fomba ministre de la Jeunesse à la télévision publique. Et d’ajouter: « Nous comprenons tout ce qui se passe et avec eux de comprendre quelles sont leurs perceptions de la chose ».
De son côté, la ministre de la Santé et du développement social, médecin-colonel Assa Badiallo Touré remercie les Maliens pour leur résilience face à cette crise de carburant. « On les remercie pour tous les efforts qu’ils sont en train de faire. Mais savoir que le gouvernement et les plus hautes autorités, en l’occurrence le président de la transition le général d’armée Assimi Goïta, pensent à tous ces maliens qui sont là, qui sont en train de passer des nuits et des nuits à la recherche de carburant » souligne-t-il à la télévision nationale. Il ajoute que « c’est pendant les moments les plus difficiles qu’on doit resserrer les rangs et nous entraider ».
Le comité interministériel de gestion des crises et catastrophes tenu ce mardi 28 octobre 2025, sous la présidence du Premier Ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga s’est penché sur la situation de l’approvisionnement du pays en carburant.
Le Comité s’est réjoui des efforts consentis par le Gouvernement et ses partenaires nationaux pour faire face à cette situation exceptionnelle. Le Chef du gouvernement a salué le patriotisme économique des opérateurs du secteur des hydrocarbures, et a exprimé toute sa satisfaction suite au récent ravitaillement des stations de distribution.
La réunion s’est penchée également sur le ravitaillement de certaines capitales régionales, notamment Ségou, Mopti et Koutiala affirmant que des dispositions urgentes sont envisagées pour approvisionner ces régions fortement touchées. Cependant, le comité interministériel a déploré certaines pratiques d’éléments des forces de l’ordre dans les stations-service disposant du carburant qui entravent les efforts en cours. Pour prévenir tout manquement, le comité a décidé de déployer la police militaire sur le terrain avec comme consigne de sanctionner tout agent pris en infraction.
En attendant un retour à la normale, les habitants de Bamako s’adaptent comme ils peuvent à cette crise énergétique qui s’ajoute aux nombreux défis du quotidien.
Dans ce contexte, le Gouvernement du Mali poursuit ses efforts pour approvisionner le pays en carburant, conformément aux instructions du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.
Dans cette perspective, un important convoi de plusieurs dizaines de camions-citernes est arrivé à Bamako dans la nuit de mercredi à jeudi, escorté en toute sécurité par les FAMa.
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