Quelle échappatoire pour le Niger dans la mêlée des coups d’Etat au Tchad et au Mali !

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Présidentielle du Niger : les priorités du favori Bazoum

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressNiger. Le Niger est un pays d’Afrique de l’Ouest, ayant des frontières avec sept pays limitrophes, l’Algérie au nord-nord-ouest, la Libye au nord-est, le Tchad à l’est, le Nigeria au sud, le Bénin au sud-sud-ouest, le Burkina Faso et le Mali à l’ouest-sud-ouest, avec comme capitale : Niamey.

Sa population multiethnique estimée à 22.772.361habitants, et répartie sur une superficie de 1.267.000 k², constitue une terre de contact entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord. L’économie du Niger se base en général sur ses plus importantes ressources naturelles qui sont l’or, le fer, le charbon, l’uranium ainsi que le pétrole.

Qui dit Niger, dit également un pays secoué par plusieurs coups d’Etat, comme la plupart des pays africains, qui a connu beaucoup de remous politiques ayant affecté sa stabilité, son développement, et sa croissance économique, et qui, au vu des 7 pays qui l’entourent, aurait pu être une plateforme non négligeable pour les échanges économiques avec ses voisins, néanmoins la course au pouvoir et les intérêts personnels ont joué contre cette optique.

Election de Mohamed Bazoum

Au jour d’aujourd’hui, le pays est désormais gouverné par Mohamed Bazoum qui, le mercredi 2 avril 2021, a prêté serment et prit officiellement ses fonctions en qualité de Président de la République du Niger. Dans ce contexte, il importe de rappeler que le nouveau Chef d’Etat élu le 21 février dernier avec 55,75% du suffrage universel (39,33% au premier tour), confirmé le 21 mars par la Cour constitutionnelle, a déjà dû faire face à deux attaques terroristes très meurtrières et à un appel à la désobéissance civile lancé par une rude opposition.

Le lourd bilan des victimes des sanglantes attaques lancées par l’État islamique (Daech) dans la région du Grand Sahara, le long de sa frontière avec le Mali, précisément le 21 mars 2021, ne saurait être oublié de sitôt, sachant que prés de 137 morts ont été recensés dans les localités d’Intezayane, Bakorat et Woursanat, dans le département de Tillia (région de Tahoua), selon un communiqué publié par le gouvernement nigérien.

Les jihadistes ont un plan à mettre en exécution, ils cherchent à accroître par tous les moyens les craintes de la population, en leur faisant croire à l’insécurité et à la faiblesse de l’État. Ces terribles attaques terroristes ont précédé, entre-autres, une tentative de coup d’État durant la nuit du 30 au 31 mars 2021, à quelques jours de l’investiture de Mohamed Bazoum.

Obligations, choix et défis

D’autres problèmes épineux ont d’ailleurs surgi, car vingt jours exactement après avoir pris ses hautes fonctions à la tête de l’Etat, Mohamed Bazoum a été confronté à de dramatiques et inattendus évènements survenus chez son voisin, le Tchad, qui s’étaient soldés par l’assassinat de son homologue tchadien, l’imposant président Idriss Deby Itno, lors d’affrontements avec des terroristes dans les environs d’une base militaire que le président tchadien venait de rejoindre, au niveau de ses frontières avec la Libye. Le défunt président aurait succombé à ses blessures « arme à la main » !

Ce fût donc une dure épreuve pour le nouveau président nigérien, qui a estimé que la situation au Tchad devenait très « préoccupante », l’incitant à renforcer ses unités sécuritaires le long de ses frontières avec son voisin ébranlé par ce coup d’Etat.

Cette épreuve va se renouveler encore une fois pour lui, le 24 mai 2021, au Mali cette fois-ci, avec lequel le Niger a des frontières communes, notamment par la destitution du Président par intérim, Bah N’Daw et de l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane, par l’homme fort actuel du pays, à savoir le colonel Assimi Goïta, a qui on lui devait déjà le coup d’État survenu en 2020, et qui renversa Ibrahim Boubacar Keïta. Assimi Goïta étant devenu le nouveau Président du Mali, confirmé officiellement par la Cour constitutionnelle.

Tranquilliser et mettre en confiance le Peuple

C’est d’ailleurs pourquoi le nouveau président nigérien, Mohamed Bazoum, a fait de la sécurité et du développement les axes de son programme, afin de booster positivement les choses dans son pays.

Il n’a pas hésité à rassembler autour de lui de nombreux fidèles et des jeunes actifs sur la scène politique et sociale, ainsi que des diplomates chevronnés, autant qu’une sélection tirée de son propre carnet d’adresses, minutieusement développé depuis plus de 30 ans.

Mohamed Bazoum, sait qu’il lui faudra adresser un message fort sur la sécurité, faire taire ceux qui incitent à la discorde, et gagner la confiance de la majorité de son peuple, du moins ceux qui ont voté pour lui, mais d’autres défis l’attendent.

En effet, le nouveau président devra redorer le blason de l’éducation et restructurer et renforcer la sécurité, tout en mettant le paquet dans la lutte contre la corruption, qui sévissait dans les rouages du système, depuis des décennies.

Comment booster l’économie du Niger

Pour le président nigérien, et pour bien tenir en main le pays, il n’y aurait pas de meilleure arme que l’économie, surtout pour un pays que la providence a nanti de champs pétroliers, de gisements d’or et d’uranium !

Pour ce qui est du pétrole, l’idée de mettre en œuvre un oléoduc long de 2.000 km vers le Bénin, pourrait probablement permettre au pays d’augmenter sa production de pétrole, pour passer de 20.000 à prés de 500.000 barils de brut par jour, d’ici à 2030.

Des ambitions pétrolières qui viseraient le soutien de l’agriculture du Niger, laquelle représente plus de 40 % du PIB, et qui fait travailler près de 80 % de la population active.

D’un autre point de vue, le pays a réussi d’attirer les investissements étrangers, en particulier de la Turquie qui s’est investie dans divers domaines, tels que les infrastructures aéroportuaires, routières ou hôtelières, et la nouvelle administration nigérienne devrait donc attirer plus d’investisseurs étrangers pour propulser son économie et promouvoir ses produits et services.

Une mission virtuelle du Fonds Monétaire International (FMI) organisée en 2020, dans le cadre des enjeux pétroliers du Niger, a confié : « Avec le début prévu des exportations de pétrole en 2022 et le maintien de la vigueur de l’investissement, à moyen terme, la croissance devrait être de 9 % en moyenne ».

Néanmoins, suite aux problèmes causés par la pandémie, dans le monde comme au Niger, le FMI a révisé sa vision des choses en annonçant que, dès 2021, la croissance économique devrait atteindre 6,9 %.

Le nouveau président arrivera-t-il à relever tous ces défis et à donner une meilleure image du Niger ?
Wait and See…

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