Cedeao / Aes : divorce consommé après l’expiration du délai – BF, Mali et Niger résolument vers une souveraineté assumée

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Cedeao / Aes : divorce consommé après l’expiration du délai – BF, Mali et Niger résolument vers une souveraineté assumée
Cedeao / Aes : divorce consommé après l’expiration du délai – BF, Mali et Niger résolument vers une souveraineté assumée

Africa-Press – Niger. Le 29 juillet 2025 marque une date décisive dans l’histoire politique de l’Afrique de l’Ouest : l’expiration du délai de six mois accordé par la CEDEAO aux États de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour reconsidérer leur retrait. Une échéance qui scelle définitivement la rupture entre les deux blocs, consacrant un divorce irréversible voulu et assumé par le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Le retrait de l’AES de la CEDEAO, devenu officiel le 28 janvier 2025 après le respect du préavis d’un an, n’est pas un coup de tête, mais le résultat d’un processus longuement réfléchi par les autorités des trois pays. Soutenus par leurs peuples, les présidents Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani ont fait le choix de tourner le dos à une organisation perçue comme dévoyée de sa mission originelle.

Comme le souligne une analyse de l’Agence d’information du Burkina (AIB), ce retrait est un « choix pleinement assumé » pour une souveraineté retrouvée face à une CEDEAO accusée d’être un « instrument de domination » servant des intérêts étrangers, en particulier ceux de l’ex-puissance coloniale, la France.

Lors du sommet d’Abuja du 15 décembre 2024, la CEDEAO avait accordé un moratoire de six mois pour tenter de ramener l’AES dans ses rangs, avec le soutien des présidents sénégalais et togolais. Mais cette initiative, perçue par Assimi Goïta comme une « tentative supplémentaire de la junte française et de ses supplétifs » visant à freiner la dynamique émancipatrice du bloc sahélien, a été rejetée d’un bloc par l’AES.

Malgré cette séparation institutionnelle, les deux blocs avaient toutefois exprimé en mai 2025 leur volonté de coopérer sur certaines priorités communes. Un communiqué conjoint signé à Bamako évoquait la « lutte contre le terrorisme » et la préservation des acquis de l’intégration régionale, notamment en matière de libre circulation des personnes et des biens.

L’AES s’organise désormais autour d’une vision fondée sur trois piliers : une diplomatie souveraine, une défense autonome et une politique de développement endogène. Cette réorientation stratégique commence à porter ses fruits. Militairement, les résultats sont notables : plus de 70 % du territoire burkinabè est sous contrôle, Kidal a été reconquis au Mali, et le Niger a renforcé sa présence territoriale.

Sur le plan économique, la fin des accords néocoloniaux et la diversification des partenariats ont permis d’acquérir des équipements militaires adaptés et de valoriser les ressources nationales. Pour les peuples de l’AES, la souveraineté ne se mesure pas en slogans, mais en résultats concrets.

Face à ce désengagement fracassant, la CEDEAO est sommée de se réinventer. Accusée de collusion avec des intérêts extérieurs et incapable de garantir la sécurité régionale, l’organisation sous-régionale traverse une crise existentielle. L’absence de réformes structurelles, la persistance du franc CFA et l’inefficacité de sa politique sécuritaire interrogent la légitimité même de l’institution.

L’AES ne se contente pas de quitter une organisation : elle pose les bases d’une nouvelle architecture régionale. Par son unité, ses avancées militaires et sa résilience économique, l’Alliance se positionne comme un pôle alternatif crédible d’intégration sous-régionale. Son ambition ? Redéfinir les règles du jeu en Afrique de l’Ouest et offrir un modèle fondé sur l’autodétermination.

Pour les dirigeants de l’AES, le chemin vers la souveraineté ne fait que commencer. Cette transition sera difficile, semée d’embûches, et nécessitera des sacrifices. Mais les peuples du Sahel ont choisi leur voie. Comme l’a rappelé le président Goïta, « l’histoire des peuples libres s’écrit toujours avec courage, sueur et parfois avec du sang ».

En rompant avec la CEDEAO, l’AES tourne une page. Mais c’est surtout une nouvelle ère qu’elle inaugure, celle d’une Afrique de l’Ouest décidée à prendre en main son destin.

Par DIOMANDE SALIF

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