Africa-Press – Niger. L’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste (ARCEP) a organisé, le 11 septembre 2025, une conférence de presse consacrée à l’encadrement de l’utilisation des services Internet par satellite, notamment ceux de l’opérateur Starlink. Cette rencontre, co-animée par M. Massaoudou Tahirou, Directeur des réseaux et services de communication, M. Sidi Chegou, Directeur des affaires juridiques et du contentieux, et M. Hassane Amadou, Directeur du système d’information et de la digitalisation, a permis d’éclairer l’opinion sur la réglementation en vigueur et les procédures de régularisation.
Par décret n°2024-728/P/CNSP/MC/P/EN du 21 novembre 2024, le gouvernement a accordé une licence à l’opérateur satellitaire Starlink pour favoriser le déploiement du haut débit dans les zones rurales et éloignées, souvent mal desservies par les réseaux terrestres. L’objectif est de réduire la fracture numérique et de donner accès à des connexions rapides, fiables et abordables.
Cependant, selon l’ARCEP, un usage non réglementé de cette technologie a rapidement émergé. La multiplication de «WIFI ZONE» à but lucratif, installées par des particuliers sans autorisation préalable, enfreint les textes légaux et constitue parfois une menace à l’ordre public, car elle rend difficile l’identification des utilisateurs, avec des risques pour la sécurité nationale.
Une démarche pédagogique pour accompagner les usagers
« Notre objectif n’est pas de freiner l’initiative privée ni d’entraver l’innovation. Nous voulons simplement rappeler que toute activité commerciale liée à Internet est encadrée par la loi », a expliqué M. Massaoudou Tahirou.
L’ARCEP a publié un communiqué invitant les promoteurs à se régulariser dans un délai initial d’un mois, renouvelable si nécessaire. Dans le cas où il s’agit de la revente d’Internet sur un domaine privé, une simple déclaration auprès de l’ARCEP est requise. Cette procédure est assortie de frais d’étude de dossier de 59.500 FCFA TTC et d’une redevance annuelle de 5.000 FCFA. En revanche, lorsque l’exploitation concerne des fréquences sur le domaine public, l’obtention d’une licence est obligatoire. Le montant avait été fixé par le passé à 5 millions de FCFA par bande de fréquence, notamment 2,4 GHz ou 5,8 GHz, mais il reste déterminé par le gouvernement. L’ARCEP a précisé que les usagers qui utilisent Starlink dans leur domicile à des fins strictement privées ne sont pas concernés par cette mesure.
En deux jours seulement après la diffusion du communiqué, plus de 500 personnes se sont rendues dans les locaux de l’ARCEP pour s’informer sur les modalités de régularisation. Un guichet spécial a été ouvert et des missions de sensibilisation sont prévues dans les huit régions du pays.
Au cours des échanges, les responsables de l’ARCEP ont insisté sur la dimension sécuritaire. Des cas ont été signalés où des utilisateurs anonymes de Starlink ont utilisé Internet pour s’attaquer aux fondements de la sécurité nationale. « Si les abonnés ne sont pas identifiés auprès des opérateurs, il devient impossible de les tracer », a averti M. Tahirou.
Un collectif de jeunes exploitant des réseaux Starlink à but lucratif a salué la démarche pédagogique de l’ARCEP. Tout en affirmant leur volonté de se conformer à la loi, ils demandent que les procédures soient simplifiées et adaptées à leur réalité. Certains estiment que les pièces exigées par la réglementation comme le NIF ou le statut d’entreprise représentent des obstacles pour de jeunes entrepreneurs ou étudiants. Ils plaident également pour une révision à la baisse des frais de licence, jugés trop élevés pour leurs moyens.
L’ARCEP rassure et s’engage
Face à ces préoccupations, les responsables de l’Autorité ont rappelé que des mesures d’accompagnement sont prévues: assistance personnalisée au guichet spécial, sensibilisation du public à grande échelle, et création prochaine d’antennes régionales à Tahoua et Zinder pour rapprocher le service des populations. « Nous ne sommes pas là pour interdire, mais pour mettre de l’ordre. La réglementation protège les investisseurs, les usagers et l’État. Elle garantit un environnement numérique équitable, sécurisé et durable », a martelé le Directeur des réseaux et services. Les responsables ont également précisé que les redevances collectées par l’ARCEP ne servent pas uniquement à son fonctionnement. Une partie alimente le Fonds d’investissement pour le développement, logé à la BCEAO, et 10 % contribuent au Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie.
La conférence de presse de l’ARCEP a permis d’ouvrir un dialogue constructif avec les acteurs concernés. Dans un contexte marqué par les défis sécuritaires et la nécessité de préserver la souveraineté numérique du Niger, l’Autorité privilégie une approche pédagogique pour encadrer l’usage de Starlink, soutenir les initiatives locales et garantir l’équité entre les opérateurs.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press