Africa-Press – Niger. Après trois (3) années de léthargie, le cadre de concertation sur la décentralisation (CCD) au Niger s’est réuni en session, ce jeudi 27 Novembre 2025, à Niamey, en vue de présenter l’état des lieux des réformes en cours; faire le point sur le transfert des compétences et des ressources et recevoir la contribution des Partenaires Techniques et Financiers ; engager une réflexion collective sur les défis persistants; et définir les nouvelles modalités de collaboration.
C’est le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire, le Général de Division Mohamed Toumba qui a présidé la cérémonie d’ouverture, en présence notamment, du Gouverneur de la Région de Niamey, le Général de Division Assoumane Abdou Harouna et le Chef de la Coopération Suisse au Niger, M. Claudio Tognola, également Chef de file des partenaires techniques et financiers (PTF).
Le cadre de concertation sur la décentralisation, précise-t-on, est un mécanisme stratégique qui, depuis sa création par arrêté n° 2048 MI/SP/ACR/DGDCT du 21 janvier 2014, se veut comme le socle opérationnel de la coordination, de la cohérence et de la synergie des interventions dans le domaine de la décentralisation au Niger.
Cette session au titre de l’année 2025, rappelle-t-on, est une relance des activités de cette instance, car la dernière en date s’est tenue en Novembre 2022.
« Contrairement à la déconcentration, la décentralisation est un mécanisme multisectoriel et multi-acteurs. Elle fait intervenir l’État, les Collectivités Territoriales, la Chefferie Traditionnelle, la Société Civile, les ONG, les Communautés de base ainsi que vous, Partenaires Techniques et Financiers, dont les contributions ont accompagné de nombreuses dynamiques de développement local aux cotés de l’Etat », a expliqué le Ministre d’Etat en charge de l’intérieur au Niger Mohamed Toumba lors de la cérémonie d’ouverture.
Il a aussi ajouté que « C’est à juste titre que nous nous retrouvons aujourd’hui en tant qu’acteurs clés de ce processus, dans une synergie de partage d’informations et de réflexions pour harmoniser et fédérer nos différentes interventions ».
« Du reste, la lettre de mission à nous confiée par le Chef de l’Etat accorde une place de choix à la gouvernance des Collectivités territoriales », a-t-il déclaré, avant d’indiquer à l’endroit des participants: « Dès lors, vous conviendrez avec moi que loin d’être un simple transfert technico-administratif, la décentralisation, représente pour nous un choix de société, une voie de gouvernance qui place nos communautés au cœur de l’action publique ».
Revenant sur la mission assignée au Cadre de Concertation sur la Décentralisation (CCD), le Ministre de tutelle des collectivités territoriales a rappelé que celle-ci consiste essentiellement à impliquer davantage l’ensemble des partenaires ; à fédérer les efforts pour la mise en œuvre cohérente de la décentralisation ; et organiser la réflexion collective sur l’opérationnalisation des ; réformes.
Dans le même registre, il a ajouté: la mobilisation des moyens techniques, humains et financiers nécessaires, ainsi que l’appui au démarrage, à la promotion et au renforcement des capacités des communes.
Selon l’officier général de l’armée, au Niger le Gouvernement a déjà transféré plusieurs secteurs de compétences aux collectivités dans le cadre de la décentralisation/ Il s’agit, a-t-il cité, des secteurs de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement.
Il aussi noté que de nouvelles dynamiques sont en cours pour « Clarifier et renforcer les compétences transférées ; Redéfinir les mécanismes de financement; Réorganiser les circuits de planification locale; Renforcer massivement les capacités des Collectivités Territoriales; Mettre en cohérence les interventions extérieures avec les priorités nationales ».
« Au cours de cette session, et au regard de l’importance des secteurs transférés, les Ministres concernés interviendront certainement pour faire le point du niveau opérationnel du processus de mise en œuvre du transfert des compétences et de ressources de l’Etat aux Collectivités Territoriales », a-t-il souhaité.
Selon le chef de file des partenaires techniques et financiers du secteur de la décentralisation au Niger, « Le dernier Cadre de concertation Etat-PTF sur la décentralisation, tenu en novembre 2022, avait permis de relever de nombreux défis qui demeurent encore, ajoutant que la tenue de ce CCD nous offre l’occasion de partager avec vous deux points qui nous semblent cruciaux.
Il s’agit, selon M. le Chef de la Coopération Suisse au Niger, du renforcement de l’autonomie et des ressources humaines et financières.
A ce niveau, a-t-il fait observer « le transfert des ressources, actuellement, le niveau de transfert représente moins de 2% du budget national, et les dotations des trois fonds (FAD, FP, FAT) ne dépassent pas 3 milliards par an pour 255 communes, ce qui limite fortement leurs capacités ».
« Nous proposons d’atteindre au moins 5% du budget national d’ici à 2029, en cohérence avec l’objectif de l’UEMOA de 20% en 2035, cela pourra aider les communes à jouer un rôle plus accru dans la mise en œuvre du programme de Refondation de la République récemment adopté par l’Etat », a-t-il suggéré.
Toujours sur le même point, il a indiqué qu’il « est également crucial d’inscrire dans la loi de finances une rubrique dédiée aux ressources transférées dans les budgets des ministères sectoriels (Éducation, Santé, Hydraulique et assainissement et Environnement) ».
Le second point suggéré par Claudio Tognola est: la simplification et l’efficacité.
A ce sujet, a indiqué le coopérant « la décentralisation doit s’accompagner d’un effort de simplification. Nous proposons de clarifier la répartition des compétences pour assurer une complémentarité fluide entre l’État et les collectivités territoriales ».
Il a aussi indiqué que « La coordination de la programmation et de l’exécution des actions communes est essentielle pour faire des Collectivités Territoriales de véritables laboratoires d’innovation ».
« En favorisant une plus grande autonomie, cela encourage des solutions plus innovantes et plus adaptées, tout en veillant à corriger les inégalités territoriales », a commenté le chef de file des partenaires de l’Etat nigérien sur la décentralisation.
Auparavant, le Gouverneur de la Région hôte de la rencontre a souhaité la bienvenue aux participants, tout en se réjouissant du choix de Niamey pour abriter cette rencontre.
Le Général Assoumane Abdou Harouna a aussi fait la genèse de la décentralisation au Niger, allant de la période coloniale à l’époque actuelle.
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