Africa-Press – Niger. Qui, au Niger, ne connaît pas Badamassi Alhassane? Teint noir, robuste, fort, nez camus, fils d’Alassane et de Habi, il est né vers 1964 à Goumba, dans le département de Magaria, région de Zinder. Mesurant environ 1m80, Badamassi est une figure historique très respectée de la lutte traditionnelle nigérienne. Il a représenté la région de Zinder dans les années 1990 et était considéré comme l’un des meilleurs lutteurs de sa génération. Badamassi Alhassane est surtout célèbre pour être l’un des premiers lutteurs à disputer six finales du Sabre national, remportant le titre à deux reprises, en 1993 et en 1995.
Malgré une carrière parfois marquée par des défaites en finale, le double champion et quadruple vice-champion a consacré près de 25 ans de sa vie à la pratique de la lutte traditionnelle. Il était redouté pour sa célèbre technique consistant à secouer ses adversaires afin de les déstabiliser, avant de les terrasser. Avec cette technique, il a traumatisé plusieurs grands lutteurs de son époque, dont Mahamadou Idi Commando, Barmou Lallé, Labo Maikafo, et bien d’autres encore.
Selon Badamassi, la lutte d’hier était bien meilleure que celle d’aujourd’hui, qu’il qualifie de « lutte politique », pourrie par trop de règlements. « La lutte d’aujourd’hui, où l’on prend les mains pour les secouer ou les agiter comme des hélicoptères, nous ne l’avons pas connue. À notre époque, on attrapait et on terrassait. Il n’y avait pas non plus ces histoires de réclamations à tout bout de champ. La lutte est devenue du grand n’importe quoi. Beaucoup de lutteurs manquent d’objectifs. Seul celui qui a un objectif s’entraîne sérieusement et se protège », a-t-il déclaré.
L’ancien champion estime également qu’à son époque, il existait davantage de cohésion et d’amour entre les lutteurs, ainsi qu’avec le public. Aujourd’hui, selon lui, cette cohésion est surtout portée par le public. Les lutteurs, dit-il, n’ont de considération que pour eux-mêmes. Il a profité de l’occasion pour appeler les jeunes lutteurs à mettre davantage l’accent sur les entraînements, avec plus d’ardeur et de courage afin d’atteindre leurs objectifs, tout en évitant certaines pratiques de débauche et de consommation de substances nuisibles à la santé.
Badamassi Alhassane n’a pas manqué d’exprimer son admiration pour le sextuple champion Issaka Issaka. « L’une des raisons pour lesquelles je le respecte beaucoup, c’est qu’il se respecte lui-même et il a un objectif clair. Il fait ce qu’il faut pour l’atteindre. Ce n’est pas sorcier, jeune homme: il s’entraîne très bien, il mange bien et travaille son côté mystique », nous confie-t-il. Il a également expliqué qu’autrefois, lorsqu’un lutteur démontre ses capacités, il était aimé par tous les Nigériens. Ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui.
Revenant sur ses débuts, Badamassi raconte qu’il a commencé par le ‘’kokowa ladda’’. « Ensuite, j’ai été appelé au service militaire à Mirriah. Après trois mois, j’ai simulé une maladie pour quitter l’armée et vivre pleinement ma passion », a-t-il raconté. Son ascension était le fruit d’un entraînement intensif, avec des tractions, des abdominaux, du footing qu’il faisait de Koundoumawa (son village) à Takieta, affirmant consommer à lui seul trois à quatre gros poulets après les entraînements et rassemblant des marabouts en leur promettant des sommes importantes. Pour se perfectionner, il a effectué une tournée au Nigeria, notamment à Kano, Sokoto, Maiduguri, Gaidam et Abuja. À son retour, il a enchaîné les succès. « Après mon retour, j’ai disputé une finale. L’année suivante, j’ai été champion à Maradi. À Zinder, j’ai été vice-champion, et à Diffa, champion, une fois de plus. J’ai été deux fois champion du Niger et quatre fois vice-champion. Mais les lutteurs d’aujourd’hui sont trop maigrichons et aspirent pourtant au sabre », a-t-il expliqué.
Badamassi estime avoir atteint son objectif dans la lutte, puisqu’il bénéficie aujourd’hui de l’admiration du public. Il a tenu à remercier particulièrement le Chef de l’État qui a personnellement pris en charge ses frais médicaux à une période où il était souffrant. Après sa retraite, il a exercé comme entraîneur à Zinder. Aujourd’hui, il est arbitre stagiaire au sein de la Commission centrale des arbitres. Bien que sa carrière soit derrière lui, Badamassi Alhassane demeure une figure emblématique de la lutte traditionnelle qui inspire des générations par son parcours et son immense contribution au patrimoine sportif national.
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