à Ingall, l’une des principales courses de dromadaires du Sahara

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Niger : à Ingall, l’une des principales courses de dromadaires du Sahara
Niger : à Ingall, l’une des principales courses de dromadaires du Sahara

Africa-PressNiger. Le petit Moussa, 10 ans, se souviendra longtemps de ce samedi 18 septembre, à Ingall. Malgré son mètre de haut, il a survolé le désert le temps de la principale course de dromadaires du Niger, l’une des plus grandes au Sahara.

Alors que des bêtes de course sont arrivées de tout le pays et du proche voisin algérien, c’est lui, le fils de la brousse de Tchin Tabaraden qui écoule d’habitude les longues journées chaudes à mener dans le désert le bétail de son père, qui s’est hissé à la première place.

Lui, Moussa, qui ne va pas à l’école mais qui monte l’animal au rugissement de dinosaure depuis ses 3 ans. Il ne fait les courses que depuis qu’il a 7 ans : « Avant, j’avais peur de monter seul sur les chameaux [dromadaires]. » Lui, enfin, qui se prend désormais à rêver d’un avenir doré, dans lequel il aura « plein de chameaux » et, surtout, « gagnera d’autres courses ! »

Celle d’Ingall, dans le nord du Niger, est l’événement du festival de la Cure salée, grande fête d’un pastoralisme saharien pris au piège du conflit djihadiste dans la région. Mais ici, nulle référence à cela, il est temps de s’amuser ! « Il y a le football en Europe, ici on a les courses de dromadaires », résume Khamid Ekwel, propriétaire réputé de dromadaires de course.

Des jockeys à peine adolescents

Alors samedi matin, dès l’aube, des centaines d’éleveurs se sont pressés contre les barrières du stade – une piste de cinq kilomètres dans le désert délimitée par des pierres peintes en blanc – pour assister à la course.

Des dizaines de pick-up ont été garées stratégiquement pour que, debout sur le toit, on voit le plus loin possible. D’autres ont amené leur dromadaire pour regarder d’en haut. Tous attendent sous le soleil montant dans le ciel bleu, en pariant sur lequel des vingt-cinq animaux en course arrivera le premier.

Ceux-là arrivent bientôt et se placent derrière une corde verte tendue sur la ligne de départ. Sur chacun, les jockeys, à peine adolescents : plus légers ils sont, plus vite ira la bête. On attend le départ. Lahsanne Abdallah Najim, membre du jury et lui-même propriétaire d’un des dromadaires favoris, est stressé : il doit veiller à la bonne organisation mais, surtout, il veut que sa bête gagne !

Le moment fatidique approche, il se place dans son pick-up, accorde d’un signe à une quinzaine de personnes de monter à l’arrière, réajuste son chèche sur le nez, puis ronge son frein en attendant que le drapeau blanc s’envole enfin.

« Un sprint final terrible »

D’un coup, ça y est. Les dromadaires partent au galop, les spectateurs crient. Le véhicule de Lahsanne Abdallah Najim démarre en trombe avec une dizaine d’autres. Le sable s’envole comme les dromadaires et, bientôt, on ne voit plus grand-chose, les bêtes sont déjà loin. Dans la voiture, M. Najim sourit : « Il y a certains qui choisissent la vitesse maintenant mais, en fin de compte, ils seront les derniers : c’est au deuxième tour qu’il faut accélérer. »

Deux tours de cinq kilomètres : la course est longue. Après le premier, quatre dromadaires sont au coude à coude. Celui de Lahsanne Abdallah Najim est parmi ceux-là. Sous son chèche, il récite des sourates du Coran. Sur la piste, les motos et les pick-up filent et leurs conducteurs crient, mais les jockeys n’en ont cure. Eux ne font que frapper leurs bêtes pour accélérer : c’est le sprint final.

Bientôt, les quatre arrivent devant la tribune où est installé le président nigérien Mohamed Bazoum. Le petit Moussa arbore un grand sourire : sur Mahokat (« le fou »), il finit d’un chouïa en tête. « Ça a été un sprint final terrible, et encore plus terrible pour moi car je suis quatrième », précise M. Najim.

L’entraîneur de Mahokat, Mohamed Ali, est heureux mais pas surpris. Avant la course, il l’avait prédit : « C’est un dromadaire qui gagne ! Aujourd’hui même, Inch’Allah ! » C’est lui qui, au quotidien, monte l’animal, fait des courses d’entraînement. Il explique le nourrir au mil, nourriture à laquelle nombre d’éleveurs de brousse n’ont plus accès faute d’argent.

Ces dromadaires de luxe, s’ils vivent au fond du désert, sont connus dans la région : ce sont les mêmes qui gagnent de course en course. Leurs propriétaires sont riches, ils ne recherchent pas l’argent mais la gloire saharienne. « Il y a des prix certes, mais ce ne sont pas eux qui nous intéressent, c’est de gagner », confirme Hassan Mohamed, grand propriétaire. « On cherche le plaisir et la gloire seulement », ajoute-il en souriant.

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