3,5 millions d’immigrés africains en France : quelles origines et quel niveau social ?

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3,5 millions d’immigrés africains en France : quelles origines et quel niveau social ?
3,5 millions d’immigrés africains en France : quelles origines et quel niveau social ?

Matthieu Millecamps
et Marie Toulemonde

Africa-Press – Niger. Un tiers des Africains ayant émigré pour s’installer en France estiment être en situation de déclassement social. C’est l’un des nombreux enseignements d’une étude de l’Insee sur le sujet, à découvrir en infographies.

En 2023, la France comptait 3,5 millions d’immigrés nés en Afrique, soit 48 % du nombre total d’immigrés présents sur le territoire. Dans une note publiée fin août, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) brosse un portrait particulièrement instructif des Africains qui ont opté pour la France.

Origines géographiques, raisons qui ont motivé le départ, niveau social des migrants ou encore conséquences de cette expatriation sur le parcours professionnel: l’étude, dont nous reprenons ci-dessous en infographies les principaux chiffres, apporte un éclairage salutaire sur ce sujet hautement sensible, trop souvent instrumentalisé politiquement par la frange la plus populiste de la classe politique française.

D’où viennent les immigrés ?

Avant tout, un point sémantique est nécessaire. Qu’est-ce qu’un immigré au sens de l’Insee ? C’est « une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France ». En outre, « un individu continue à être un immigré, même s’il acquiert la nationalité française ». Un immigré en France est donc un émigré vu du continent. Sur le plan des pays d’origine, le Maghreb est surreprésenté, avec six émigrés africains présents sur le territoire français sur dix nés en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. En 1968, ils représentaient 93% des immigrés.

3,5 millions d’immigrés nés en Afrique vivent en France

Origine des immigrés africains en milliers

L’étude, qui porte sur un demi-siècle d’évolution du visage de l’immigration en France, montre également une hausse plus que notable des migrants venus d’Afrique subsaharienne. Les années 1990 ont marqué un premier virage: la migration de personnes originaires d’« Afrique guinéenne et centrale » – typologie un peu surprenante adoptée par l’Insee dans cette étude – s’est développée « avec les conflits et l’instabilité politique ».

Mais c’est depuis le début des années 2000 que « l’immigration d’Afrique sahélienne et d’Afrique guinéenne ou centrale augmente fortement, notamment l’immigration étudiante venant du Sénégal, de Côte d’Ivoire et du Cameroun ». Un chiffre résume ce changement de paradigme: depuis 2006, le nombre de migrants provenant de ces deux régions a doublé pour atteindre 932 000 en 2023.

Le nombre d’immigrés originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale a doublé depuis 2006

Sujet politiquement sensible: les raisons qui sous-tendent les migrations en provenance du continent. Sur ce point, l’étude de l’Insee est à la fois complète et éclairante. Première raison invoquée comme motivation au départ: la famille. « Parmi ceux âgés de 18 à 59 ans présents en France en 2019-2020 et qui sont arrivés à l’âge de 16 ans ou plus, 46 % déclarent être venus pour accompagner ou rejoindre un membre de leur famille », écrivent les auteurs de l’étude. Autre raison avancée: les études. C’est en particulier le cas des immigrés sahéliens, dont un tiers affirment avoir choisi la France pour y suivre une formation ou des études.

Un immigré africain sur quatre vient en France pour étudier

Autre enseignement: le sentiment de déclassement social ressenti par nombre de ces migrants qui, une fois en France, estiment être employés à des tâches en deçà de leurs qualifications professionnelles. Un constat partagé par nombre d’immigrés, quelle que soit l’origine géographique, mais qui est plus durement ressenti encore par les personnes venant d’Afrique: « 32 % d’entre eux estiment connaître une situation de déclassement, contre 26 % de ceux nés en Europe, en Asie, en Amérique ou en Océanie ». Un sentiment qui dit, en creux, la réalité du racisme structurel dans l’Hexagone.

Plus inquiétant, être détenteur d’un diplôme n’est pas une garantie pour éviter ce que l’Insee qualifie de « mobilité descendante »: 36 % des Africains ayant migré en France, employés à des postes très au-dessous de leurs qualifications, sont diplômés du supérieur. L’une des causes de cette situation tient à la non-reconnaissance par la France des diplômes obtenus dans les pays d’origine des migrants.

26 % des migrants africains occupent un emploi moins qualifié en France que dans leur pays d’origine

l convient cependant de noter que plus de la moitié des Africains ayant émigré pour rejoindre la France ont retrouvé un emploi d’un niveau identique (43 %) ou supérieur (19 %) à celui qu’ils exerçaient avant leur départ. L’immigration est aussi synonyme d’ascension sociale pour 32 % des ouvriers et des employés non qualifiés.

Source: JeuneAfrique

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