Africa-Press – Niger. Située dans le département de boboye, au Sud-Ouest du Niger, la commune urbaine de Birni N’Gaouré, chef-lieu du département, se distingue par son dynamisme économique. Dans cet entretien, l’Administrateur Délégué de cette commune revient sur les grandes missions qui lui incombent, les initiatives déjà entreprises, les résultats enregistrés et les difficultés à surmonter. Il évoque notamment les efforts en faveur de l’autonomisation économique des femmes rurales, les dispositifs mis en place pour soutenir l’entrepreneuriat local, ainsi que les moyens mobilisés pour offrir de nouvelles perspectives à une jeunesse souvent laissée pour compte.
Monsieur l’Administrateur Délégué, présentez-nous brièvement la commune urbaine de Birni N’ Gaouré?
Avant la présentation de la commune, je tiens, tout d’abord, à vous remercier très sincèrement pour l’intérêt que vous accordez à cette commune. La commune urbaine de Birni N’Gaouré a été créée par la loi N° 2002-014 du 11 juin 2002 portant création des communes et fixant les noms de leurs chefs-lieux et les différents textes subséquents. Elle est administrativement composée de 72 villages et quartiers et couvre une superficie de 516 km2. La commune est limitée à l’ouest par les communes rurales de Fakara et de N’Gonga, au sud par les communes rurales de Kankandi et de Fabidji, au Nord par la Commune Rurale de N’Gonga, à l’est par la commune rurale de Golé (Département de Dosso). La ville de Birni N’Gaouré est située à 33 km de Dosso (chef-lieu de la région) et à 105 km de Niamey la Capitale. En 2012, sa population était estimée à 53.323 habitants avec un taux d’accroissements intercensitaire annuel moyen de 2, 1%. Aujourd’hui, cette population est estimée à 70.316 habitants. Avec deux ethnies principales à savoir les peulh et les zarma, auxquelles s’ajoutent une minorité de touaregs, haoussa.
Quelles sont vos principales missions en tant qu’Administrateur Délégué?
En tant qu’Administrateur Délégué, mes missions s’articulent autour de plusieurs axes majeurs. D’abord, je représente l’État au sein de ma circonscription administrative et veille à l’application des lois et règlements nationaux. Je joue également un rôle d’interface entre les autorités locales et l’administration centrale, tout en veillant au maintien de l’ordre public, avec l’appui des forces de sécurité. Par ailleurs, je suis appelé à intervenir dans la gestion des crises locales, qu’il s’agisse de conflits fonciers, de manifestations ou de catastrophes naturelles. Mon rôle consiste aussi à initier, en collaboration avec le personnel administratif et les agents techniques, des actions concrètes en faveur du bien-être des populations. Je m’investis activement dans la recherche de partenaires techniques et financiers pour accompagner la commune dans ses projets d’investissement. Enfin, je m’emploie à mobiliser les ressources internes disponibles et à soutenir la planification stratégique, en vue de promouvoir un développement local durable et inclusif.
Quels sont aujourd’hui les grands défis de développement auxquels la commune est confrontée?
La commune de Birni N’Gaouré fait face à de nombreux défis qui freinent un peu son élan vers un développement durable. Parmi les plus urgents, on note la faible mobilisation des recettes locales, ce qui limite la capacité d’investissement de la commune dans les services de base. À cela s’ajoute une faible participation citoyenne à la gestion des affaires communales, une situation qui complique la mise en œuvre d’actions collectives. L’accès à l’eau potable et à l’électricité demeure limité dans plusieurs villages. Les secteurs de l’éducation et de la santé sont confrontés à un déficit d’infrastructures et à la rupture récurrente de certains produits essentiels. Sur le plan des infrastructures, la dégradation avancée des pistes rurales et l’absence de voies d’accès dans certaines localités freinent considérablement les échanges commerciaux. Par ailleurs, l’absence de planification urbaine a favorisé une prolifération d’installations anarchiques, compliquant la gestion de l’espace communal. A cela, s’ajoutent les conflits liés à la transhumance, notamment sur les couloirs de passage des animaux, qui sont également une source de tension. Aussi, la commune, située au cœur du Dallol, est particulièrement vulnérable aux inondations et à l’érosion due aux eaux de ruissellement, entraînant une dégradation importante des sols. Enfin, l’assainissement urbain reste également un défi majeur. La ville de Birni N’Gaouré est confrontée à une insalubrité grandissante, aggravée par les comportements peu civiques de certains citoyens.
Quelles initiatives concrètes avez-vous mises en place pour améliorer les conditions de vie des populations?
La commune a entrepris plusieurs initiatives concrètes visant à améliorer les conditions de vie de ses habitants, en collaboration avec divers Partenaires Techniques et Financiers.
Tout d’abord, nous avons mis en place un cadre de concertation inclusif, réunissant les acteurs de développement et les leaders locaux, afin de discuter ouvertement des problèmes de la commune et de proposer des solutions durables. Chaque agent communal a été responsabilisé pour renforcer l’efficacité administrative.
Dans le domaine de l’éducation, des efforts ont été déployés pour améliorer les infrastructures scolaires, notamment la confection de tables-bancs pour équiper un maximum d’écoles. Des réunions régulières sont tenues avec les bureaux des parents d’élèves et les Comités de Gestion Décentralisée des Établissements Scolaires (CGDES). En collaboration avec les chefs de village et les leaders communautaires, des actions sont menées pour améliorer la fréquentation des établissements. De plus, des classes en matériaux définitifs ont été réhabilitées pour réduire le nombre de classes en paillotes à la prochaine rentrée. Des plaidoyers ont également été adressés aux partenaires techniques et financiers pour doter les établissements scolaires en eau potable et en latrines.
Dans le domaine de la santé, la commune accompagne les sorties foraines, les campagnes de vaccination et renforce la sensibilisation en matière de santé publique, avec l’appui de la radio communautaire et des crieurs publics. Pour ce qui est de l’hydraulique, bien que de nombreux villages disposent d’ouvrages hydrauliques pour l’approvisionnement en eau potable, plusieurs systèmes d’adduction d’eau sont défaillants en raison de problèmes de gestion. En collaboration avec les techniciens spécialisés, la commune est en train de recruter un délégataire pour reprendre la gestion des systèmes non fonctionnels.
S’agissant de l’assainissement, la commune a sollicité le financement du plan urbain de référence de la ville. Des campagnes de salubrité ponctuelles ont été organisées en mobilisant les jeunes et les femmes et certaines voies ont été aménagées pour faciliter la circulation.
Quelles actions la commune mène-t-elle pour soutenir l’autonomisation des femmes, en particulier en milieu rural?
La commune a mis en œuvre plusieurs initiatives concrètes pour soutenir l’autonomisation des femmes, en collaboration avec des partenaires tels que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Coopération Suisse à travers le Programme PROMEL. Dès le début de notre mandat, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le service communal de l’agriculture et du développement local pour créer une base de données des structures coopératives en milieu rural. Cette initiative vise à structurer les groupements féminins afin de faciliter leur accès aux ressources et aux formations. Nous avons identifié des actions prioritaires pour soutenir les femmes, notamment en renforcement des capacités en organisant des formations en alphabétisation fonctionnelle, en leadership, ainsi que des formations techniques en agriculture et en élevage ; sur l’accès aux ressources économiques en facilitant l’accès aux intrants agricoles, aux équipements et aux financements pour développer leurs activités génératrices de revenus.
Ces initiatives témoignent de l’engagement de la commune de Birni N’Gaouré à promouvoir l’autonomisation des femmes en milieu rural, en leur offrant les outils et les opportunités nécessaires pour améliorer leurs conditions de vie et contribuer activement au développement local.
Quels résultats ou exemples de réussite pouvez-vous partager concernant l’entrepreneuriat féminin local?
Parmi les résultats concrets en matière d’entrepreneuriat féminin local, plusieurs exemples illustrent les avancées enregistrées dans la commune. On peut citer notamment la transformation de l’arachide par divers groupements féminins répartis dans plusieurs localités. Ces femmes, organisées et dynamiques, transforment l’arachide en huile, pâte et tourteau, générant ainsi des revenus pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le groupement PINAL s’illustre dans la transformation du lait, une activité qui permet aux femmes de valoriser les produits laitiers locaux tout en renforçant leur autonomie financière.
Enfin, une initiative plus récente mais prometteuse est celle portée par les groupements de Margou, qui se sont lancés dans la transformation du gamsa (pomme de Cayor), une ressource abondante dans la région. Cette nouvelle expérience ouvre la voie à de nouvelles opportunités économiques et démontre la capacité d’innovation des femmes de la commune.
La jeunesse est souvent confrontée au chômage et au manque d’opportunités. Comment la commune accompagne-t-elle les jeunes dans leur insertion économique?
Conscients des défis majeurs auxquels la jeunesse est confrontée, nous avons mis en place un programme avec un de nos partenaires dont le projet est intitulé insertion des jeunes. Dans ce cadre, deux conseillers en insertion économique sont mobilisés et basés au centre de formation aux métiers pour accompagner les jeunes dans leur parcours professionnel. Grâce à ce dispositif, vingt-cinq jeunes ont déjà réussi à s’installer à leur propre compte, preuve que l’accompagnement local peut être un levier efficace pour promouvoir l’autonomie et l’initiative entrepreneuriale des jeunes.
Source: lesahel
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