Entretien avec le Gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel Major Oumarou Tawaye : « Il est essentiel que la population prenne conscience que la fraude des hydrocarbures est une pratique très néfaste »

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Entretien avec le Gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel Major Oumarou Tawaye : « Il est essentiel que la population prenne conscience que la fraude des hydrocarbures est une pratique très néfaste »
Entretien avec le Gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel Major Oumarou Tawaye : « Il est essentiel que la population prenne conscience que la fraude des hydrocarbures est une pratique très néfaste »

Africa-Press – Niger. Tahoua est l’une des régions touchées par l’insécurité qui sévit au Niger depuis plusieurs années. Avec l’avènement du CNSP, la situation sécuritaire dans cette région est en train de s’améliorer progressivement. En effet, grâce aux efforts et l’engagement constant des Forces de Défenses et de Sécurité, la région de Tahoua se porte bien. Cependant, dans cette même région, la fraude en générale, et celle des hydrocarbures prend des proportions inquiétantes, une activité qui peut aider les groupes criminels à s’approvisionner en carburant. Dans cette interview, le Gouverneur de la région de Tahoua, le Colonel Major Oumarou Tawaye aborde plusieurs questions dont la sécurité, la lutte contre la fraude, la mise en œuvre de la stratégie de ‘’Grande irrigation’’, ainsi que la lutte contre la fraude des hydrocarbures dans la région de Tahoua.

Quelles sont vos priorités stratégiques, M. le Gouverneur, pour engager la population en général et les jeunes afin de les éloigner des activités illégales ?

Le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a déjà défini ses priorités dans le nouveau programme visant à impliquer les jeunes dans des activités plus dignes. Par exemple, l’autosuffisance alimentaire est l’une de ses priorités. Et pour y parvenir, il est essentiel de revenir à l’agriculture. Plusieurs projets sont en cours de préparation dans le but d’offrir des opportunités aux jeunes. Des aménagements sont prévus, comme l’aménagement hydro-agricole de Konni, ainsi que d’autres sites sélectionnés, afin que les jeunes puissent avoir des emplois dignes. Une fois que ces investissements porteront leurs fruits, les jeunes auront suffisamment d’opportunités professionnelles pour s’engager dans des emplois légaux plutôt que de se tourner vers des activités illicites.

La question du carburant est problématique dans les zones concernées par l’insécurité. M. Le Gouverneur, pourriez-vous nous parler des mesures que vous prenez pour faire respecter la réglementation en matière de vente de carburant et pour sensibiliser la population à se conformer aux dispositions légales ?

La SONIDEP est l’entité autorisée à distribuer du carburant au Niger, plus spécifiquement dans la région de Tahoua. Cette importante organisation fournit en permanence et en abondance du carburant à toutes les stations-service. Des rumeurs de pénurie de carburant avaient circulé à un moment donné dans la ville de Tahoua. Un comité a été immédiatement constitué en réponse à cette rumeur, et il s’est attelé à examiner la situation pour déterminer s’il y avait réellement une pénurie de carburant. Ce comité était formé de divers responsables, y compris ceux des Forces de Défense et de Sécurité, les gestionnaires de stations-service, ainsi que des vendeurs ambulants, ces derniers étant à l’origine de la rumeur de pénurie de carburant. Lors de cette réunion, des discussions productives ont eu lieu et plusieurs conditions ont été établies pour distribuer ce carburant. Des mesures avaient été prises auparavant, comme la limitation à deux bidons d’essence par utilisateur, et cette politique est toujours en place, les stations-service étant conscientes de ne pas dépasser cette limite.

Il convient de noter que ce problème concerne un large éventail de structures, au-delà des stations-service, telles que les compagnies de téléphonie mobile qui utilisent du carburant pour alimenter des générateurs répartis sur tout le territoire national. Cette situation constitue un défi majeur pour nous, car ces structures consomment une quantité significative de carburant, certains dépassants même les quotas autorisés. Nous avons donc pris des mesures pour soumettre à une autorisation de l’autorité pour toute fourniture excédant deux bidons de 25 litres. Cette autorisation doit être approuvée par le gouvernorat, qui va l’examiner pour vérifier sa raison d’être. Si l’examen conclut à la légitimité de la demande, le carburant sera alloué aux structures concernées afin d’éviter toute pénurie, car un dysfonctionnement de leurs moteurs entraînerait des problèmes de communication. Cela souligne l’importance cruciale de cette question en matière de communication, et des efforts sont déployés pour minimiser les plaintes de la population à ce sujet.

En ce qui concerne les vendeurs ambulants, la plupart s’approvisionnent en essence de manière frauduleuse. Lorsque cette option est bloquée, ils se tournent vers les stations-service. C’est ce qui s’est produit récemment lorsque l’approvisionnement en essence en provenance du Nigeria a été interrompu. Ils ont afflué vers les stations avec des bidons, prétendant qu’ils allaient desservir des zones non couvertes par les stations. Les revendeurs ont acheté de l’essence à la station à 540 francs et l’ont revendue dans la rue à un prix plus élevé, en spéculant sur une pénurie d’essence à Tahoua. Le comité s’est réuni pour réguler l’utilisation de ce carburant et a pris des mesures strictes pour empêcher la revente à des fins spéculatives dans les quartiers. Nous considérons que cette pratique n’est pas éthique, elle encourage la fraude et nuit à l’économie. La SONIDEP n’autorisera jamais la vente de fournitures qui ne sont pas autorisées par les autorités administratives.

Depuis que vous êtes arrivé à Tahoua, vos efforts pour lutter contre la fraude ont été remarqués. Quels sont vos objectifs pour éliminer ou réduire la fraude dans la région de Tahoua ?

Depuis mon arrivée, nous avons toujours lutté contre la fraude. En tant que Forces de Défense et de Sécurité, nous avons saisi des milliers de litres de carburant de contrebande. Notre but est de stopper cette fraude pour permettre à l’État de vendre légalement le carburant par le biais de la SONIDEP. Nous déployons des mesures pour mettre fin à cette pratique et nous avons pris de nombreuses initiatives dans cette lutte, menant ainsi de nombreuses actions.

On ne peut pas espérer éliminer complètement cette pratique de fraude dans un laps de temps, car elle existe depuis longtemps. Peu importe ce que vous ferez, il sera difficile de l’éradiquer complètement ; même si vous la combattez vigoureusement, il y aura toujours des individus malicieux qui tenteront de la faire parvenir là où ils le souhaitent. Les fraudeurs ont plusieurs méthodes pour se procurer du carburant. La frontière entre le Niger et le Nigéria est très vaste, et régulièrement des jeunes circulant à moto avec de nombreux bidons, transportant du carburant à travers plusieurs chemins. Cela se produit quotidiennement. Bien que les douanes les interceptent systématiquement, ils continuent à persister dans ces pratiques.

Nous nous efforçons de lutter contre cette pratique frauduleuse. Nous mettons tout en œuvre pour limiter ses conséquences, mais l’éradiquer complètement s’avère très difficile, car même les pays plus développés n’y sont pas parvenus. Notre devoir est de veiller à ce que ceux impliqués dans cette activité illégale soient tenus responsables, et nous avons obtenu des résultats encourageants dans la lutte contre la fraude dans la région de Tahoua.

Quelle est votre opinion, M. le Gouverneur, sur l’idée selon laquelle la fraude des hydrocarbures pourrait renforcer les activités des groupes terroristes ?

Il est évident que la lutte contre cette fraude vise à briser l’élan du terrorisme, car certains de ces fraudeurs véreux alimentent également des groupes terroristes. La plupart transportent le carburant du sud vers le nord. Dès que vous quittez Tahoua, vous entrez dans la zone Tchinta, Tassara, Tilia, jusqu’à la frontière du Mali, qui est une zone de prédilection des terroristes. Ces criminels effectuent même des attaques pour s’approvisionner en carburant. En empêchant leur approvisionnement en carburant, nous neutralisons leurs actions et mettons fin à leurs opérations. C’est pourquoi nous accordons une attention particulière à la circulation du carburant et des stupéfiants. Le travail acharné que nous avons accompli a contribué à garantir la sécurité dans la région de Tahoua. La stabilité de cette zone est préservée malgré les doutes de certains, grâce aux grands efforts déployés.

Monsieur le Gouverneur, quel est votre message à la population en général, et en particulier aux jeunes qui s’adonnent à cette pratique ?

Il est essentiel que la population prenne conscience que la fraude est une pratique très néfaste. Plutôt que d’importer des substances illégales, il est crucial de respecter la réglementation. Un véritable patriote se conforme à la réglementation, ce qui lui permettra d’exercer ses activités dans le respect de la loi et en toute sécurité, avec la protection des textes en vigueur. Chacun doit s’acquitter de ses obligations conformément à la législation en vigueur, et les activités économiques de chacun doit être régies par les lois reconnues par le gouvernement. En d’autres termes, toute infraction sera sanctionnée, il est donc inutile d’investir dans des pratiques frauduleuses, car les autorités douanières peuvent saisir vos investissements. Il vaut donc mieux se conformer à la loi.

 

Source: ONEP

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