La vision politique au Niger sous la haute autorité de Mohamed Bazoum

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La vision politique au Niger sous la haute autorité de Mohamed Bazoum
Le Président nigérien lors d’une visite de travail à Paris

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Africa Press, consacre un « round-up » à la situation politique au Niger, en cette fin d’année de 2021, par le biais duquel nous brossons le parcours du Président Mohamed Bazoum, notamment durant les 8 premiers mois ayant suivi son investiture le 2 avril dernier.

Notons que le président élu au suffrage universel, a donc pris les rênes du pouvoir des mains du président sortant, Mohamedou Issoufou, le 4 avril 2021, à l’issue des deux mandats constitutionnellement autorisés (de 2011 à 2021).

Bien que le Niger, comme la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, ait connu une véritable ouverture démocratique depuis le début des années 90 en passant d’un système à parti unique au pluralisme politique et aux élections libres, cette voie a connu une vague continue de trébuchement qui a nécessité l’intervention de l’armée à trois reprises (en 1996, 1999 et 2010) dans le cadre de graves crises politiques et sécuritaires.

La situation politique a connu quelques manifestations de relative stabilité avec l’élection du président Mohamedou Issoufou, issu du nationalisme majoritaire « haoussa », en 2011, et qui est l’une des figures marquantes de la sphère politique depuis le début des années 90.

Issoufou a pu maîtriser l’état de stabilité politique dans le pays, améliorer ses conditions économiques, développer ses relations extérieures et respecter les règles constitutionnelles qui limitent désormais la durée du régime présidentiel à deux mandats de 5 ans pour chaque mandat.

Mohamed Bazoum à la présidence, celà signifie assurément la poursuite de la ligne politique suivie par son prédécesseur, face à l’opposition radicale qui avait rejeté les résultats des élections, et qui était représentée par Mahaman Osman.

Se considérant l’homme fort du Sahel, du moins en cette période, il entretient des relations distinguées dans la région ouest-africaine, notamment au Mali, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, et noue également des liens forts avec la Mauritanie et l’Algérie, tout en ayant des liens solides en Libye et au Tchad.

Soutien de la France à Bazoum

En compagnie du Président français Emmanuel Macron

De son côté, la France le considère comme étant un partenaire fiable dans les dossiers de sécurité et les politiques de lutte contre l’immigration clandestine vers l’Europe.

A noter que lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, à Paris, le 9 juillet dernier, le président nigérien a été particulièrement virulent à l’égard des nouvelles autorités de Bamako, soulignant textuellement à l’occasion : « Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être, et que des colonels deviennent des ministres et des chefs d’États. Qui va faire la guerre à leur place ? », a-t-il dénoncé, depuis l’Élysée, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français.

Toutefois, même si le nom d’Assimi Goïta, président de la République de transition du Mali n’a pas été prononcé, Bazoum visait sans aucun doute possible le colonel malien qui a participé à la chute du président Ibrahim Boubacar Keita, le 18 août dernier, avant de mener un nouveau coup d’Etat, dix mois plus tard, contre le président de transition Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane.

En tenant ses propos aux côtés du président français, Mohamed Bazoum voulait sûrement montrer à Emmanuel Macron qu’il possède bien la carrure politique nécessaire pour assumer le rôle pivot au Sahel, surtout que la place de leader régional est vacante depuis la mort d’Idriss Deby Itno, et donc Bazoum chercherait à s’en emparer. Les prises de position et les déplacements de ces dernières semaines en Europe et dans la région le prouvent bien.

Perspectives de la situation politique au Niger

Bien que le Niger soit l’un des pays les plus riches d’Afrique en ressources naturelles (notamment en uranium et en or), et que l’extraction des ressources pétrolières débutera en 2022, le défi le plus sérieux auquel est confronté le nouveau président est lié au difficile dossier économique, car le La population du Niger compte 23 millions d’habitants, dont la plupart (80 %) dépendent de l’agriculture, qui dépend elle-même et en grande partie des précipitations dans un pays qui souffre d’une grave sécheresse depuis des années.

En plus, la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver les difficultés économiques du Niger, tandis que le soutien international a diminué pour le gouvernement de Niamey, qui est confronté à une incapacité totale à résoudre les problèmes vitaux de subsistance de la population, sans oublier le fait que, le Niger fait face en particulier à une grave crise sécuritaire avec l’exacerbation du phénomène du terrorisme violent dans cinq de ses huit États : Diffa, Tillabri, Tahoua, Agadez et Maradi.

Ces deux crises, économique et sécuritaire, constituent le plus grand défi auquel est confronté le président. Si Mohamed Bazoum parviendrait à construire un véritable consensus national au Niger, il lui sera facile de renforcer le rôle de son pays dans le nouveau système côtier soutenu par la France, l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique, au sein du nouveau système régional et international pour faire face au défi sécuritaire qui menace la région du Sahel.

Bazoum fait confiance à l’armée pour sécuriser le pays

Contingent de l’armée nigérienne

D’ailleurs, le président nigérien compte beaucoup sur l’armée du pays, sachant qu’il a appelé ses compatriotes de Banibango à s’appuyer sur l’armée pour lutter contre la menace terroriste : « Je voudrais que vous vous en remettiez à l’armée nigérienne, son travail est d’assurer votre sécurité ».

Ces propos sont intervenus lors d’une visite le samedi 4 décembre, dans la ville de l’ouest, dont 69 habitants ont été tués dans une embuscade djihadiste la semaine écoulée.

Sur le plan international, le Président Bazoum a multiplié les visites et les rencontres à l’étranger, en vue d’imposer son statut de « leader dans les pays du Sahel », qui pourrait avoir la baguette magique nécessaire pour stabiliser toute cette région.

Visites effectuées par le Président de la République du Niger :
• Suite à son investiture le 2 avril 2021, le président de la république du Niger, Mohamed Bazoum, s’est rendu au Luxembourg dans le cadre de son premier déplacement en-dehors du continent africain.
• Le 30 mai 2021 à un sommet extraordinaire à Accra placé sous l’égide de Nana AKUFO-ADDO, chef de l’Etat ghanéen et président en exercice de la CEDEAO
• C’est la deuxième fois que le président Bazoum Mohamed se rend en France depuis son investiture le 2 avril dernier. Les deux chefs d’Etat ont participé à un sommet virtuel du G5 Sahel avec leurs pairs du Burkina, de la Mauritanie, du Mali et du Tchad.
• Mi-mai, le chef de l’Etat a participé à Paris, en compagnie de plusieurs de ses homologues du continent, au Sommet sur le financement des économies africaines.
• Sur invitation du président algérien Abdelmajid Tebboune Mohamed Bazoum s’est rendu en Algérie du 12 au 14 juillet 2021, dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié
• Le Président du Niger, Mohamed Bazoum s’est rendu le dimanche 17 octobre 2021 à Ouagadougou pour une séance de travail de 48 heures.
• Il a effectué également une visite de travail dans la capitale française, dans la journée du vendredi 12 et le samedi 13 novembre 2021.

Afin de surmonter les deux principaux défis auxquels le Niger est confronté, la situation économique difficile et le terrorisme, Mohamed Bazoum est tenu de mener à bien l’initiative de dialogues politiques avec tous ses opposants, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, car si ces initiatives lancées dans ce sens n’aboutissent pas positivement, le Niger pourrait renouer avec un état de tension interne.

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