Le Niger … pivot de la lutte pour l’influence russo-française au Sahel

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Le Niger … pivot de la lutte pour l'influence russo-française au Sahel
Le Niger … pivot de la lutte pour l'influence russo-française au Sahel

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Le Niger … pivot de la lutte pour l’influence russo-française au Sahel Tous les médias internationaux sont revenus sur le fait que la France cherche à mettre à l’œuvre une nouvelle stratégie dans la région sahélienne de l’Afrique de l’Ouest, avec pour base le Niger, avec comme objectif d’empêcher l’expansion du terrorisme et faire face plus intensément à l’influence russe, afin d’éviter de commettre les mêmes « erreurs » de son expérience au Mali.

De même, les experts en la matière ont confié que Paris a pris conscience que l’intervention militaire à elle seule n’atteindra pas son objectif de gagner l’estime et l’acceptation populaire qui lui permettrait de lutter contre les groupes armés et de protéger, surtout, ses intérêts économiques dans la région, et c’est pour ces raisons qu’il s’est tourné vers l’adoption d’une nouvelle stratégie.

Pourquoi le Niger, dites-vous ?

A l’exception de l’Algérie et du Bénin, tous les voisins du Niger, à savoir le Mali en premier lieu, le Burkina Faso, le Nigeria, le Tchad et la Libye, souffrent d’instabilité.

Dans ce contexte, les spécialistes des affaires africaines estiment que les autorités françaises sont conscientes de la nécessité de protéger « la fermeté du Niger », car si le gouvernement du président Mohamed Bazoum tombe dans un coup d’Etat, le terrorisme finira par prendre le contrôle d’une ceinture reliée du Mali jusqu’au Nigeria, et les vagues de l’immigration clandestine vers l’Europe vont évidemment augmenter.

Selon Mohamed Ag Ismail, professeur de sciences politiques à l’Université de Bamako, le choix émis par le Niger quant à la nouvelle stratégie de la France est l’une des raisons de la solidité des relations entre les deux pays, et ceci est confirmé par la présence de la Société française de l’uranium et d’autres, au point de laisser croire à certains que l’intervention de la France au Mali « était l’un de ses objectifs pour protéger ses intérêts économiques au Niger ».

Le professeur a ajouté que la stabilité au Niger aidera l’armée française à obtenir des résultats, contrairement à son expérience au Mali, et que sa situation géographique contribuera également à surveiller la frontière avec la Libye, source d’armement des groupes armés, et à lutter contre l’immigration irrégulière.

L’ampleur de l’influence russe

Vladimir Poutine lors du dernier Sommet Russia-Africa

Moscou possède une influence croissante sur le Sahel ouest-africain, notamment après que son groupe privé « Wagner » ait remplacé les forces françaises au Mali après des relations tendues entre Paris et Bamako, et que ce groupe russe se soit rendu en Centrafrique, pour protéger le président Faustin Arkang Touadera, et diriger des entreprises rentables telles que celles de l’extraction de l’or.

Pour rappel, plusieurs gouvernements africains avaient également signé des accords de défense et de sécurité avec la Russie, comme celui signé auparavant par le Mali.

Les caractéristiques de la nouvelle stratégie

Il importe de noter que pour faire face à Moscou, le président français Emmanuel Macron s’est rendu au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau en juillet dernier, dans le but de renouveler l’engagement de la France en faveur de la sécurité africaine, alors même que ses soldats poursuivaient leur retrait du Mali.

Macron a laissé entendre, lors de sa tournée africaine, que l’implication de son pays s’étendrait au-delà du Sahel, dans le golfe de Guinée et dans les pays qui doivent affronter des groupes armés.

Et d’après ce qu’ont rapporté les médias, le succès de Macron au Niger et au Sahel nécessite davantage de résultats en matière de développement et de sécurité, ainsi que l’ouverture d’un dialogue avec les régimes en place malgré les réserves sur leur légitimité.

C’est donc dans cet objectif que l’Agence française de développement a décidé d’augmenter ses investissements au Niger de 100 millions à 150 millions d’euros de prêts et subventions, dont une partie sera affectée à des projets de développement à Tillabéri, la « zone rouge », où des protocoles de sécurité stricts sont appliqués aux fonctionnaires français.

La France finance également des projets tels que l’électricité et l’irrigation, et crée des opportunités d’emploi pour les jeunes qui sont la cible des groupes armés, dans l’optique d’un changement de stratégie de Paris pour gagner le soutien populaire à sa présence dans la région.

A noter qu’au cours de cette visite, Paris et Niamey ont signé un accord de prêt de 50 millions d’euros et un don de 20 millions d’euros en faveur du Niger, qui fait partie des pays prioritaires de l’aide française au développement.

Un sentier miné devant la France

Unité française au Sahel

L’analyste politique togolais Mohamed Madi Djabakate a souligné quant à lui que l’un des freins à la stratégie française est l’escalade du mouvement anti-français, expliquant à ce propos : « Malheureusement pour la France, l’influence russe est la bienvenue dans divers pays convaincus que l’alliance avec Moscou limitera l’influence de Paris, et ouvrir la voie à des Partenariats Bénéfiques ».

Djabakate a souligné que la seule présence militaire française n’aboutira pas à un résultat si elle n’est pas accompagnée de projets de développement et du renforcement des systèmes politiques démocratiques.

Deux ministres français à Niamey

Le président Mohamed Bazoum recevant les deux ministres français

Les ministres français Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, la première Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France depuis 2022, et le second Ministre de la Défense également depuis 2022 avaient entamé une visite officielle au Niger, principal partenaire de Paris dans la région du Sahel, au moment même où la France cherche à redéfinir sa présence militaire et diplomatique en Afrique.

Rappelons que devant l’Assemblée nationale, Catherine Colonna avait déclaré avant l’entame de cette visite : «… Hormis le Mali, le déclin démocratique en Afrique de l’Ouest est très préoccupant, avec des coups d’État successifs, deux fois au Mali, et en Guinée en septembre 2021, et au Burkina Faso en janvier de cette année… ».

Malgré que l’armée française ne se sera complètement retirée de ce pays que d’ici la fin de l’été, après neuf ans de lutte contre les groupes armés les plus violents, l’objectif de ce voyage conjoint est de « concrétiser la combinaison civile et militaire et de démontrer que notre démarche repose sur ces deux fondements », a indiqué Colona.

La France poursuit donc sa coopération avec le Niger, où elle maintiendra plus de 1000 hommes et des capacités aériennes pour apporter plus d’appui aux forces nigériennes dans le cadre d’un « partenariat de combat ».

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