Menaces grandissantes des groupes extrémistes sur les frontières Algériennes avec le Mali et le Niger

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Menaces grandissantes des groupes extrémistes sur les frontières Algériennes avec le Mali et le Niger
Menaces grandissantes des groupes extrémistes sur les frontières Algériennes avec le Mali et le Niger

Africa-Press – Niger. L’extrême sud de la République algérienne démocratique et populaire, frontalier des pays du Mali et du Niger, a connu deux affrontements armés entre l’armée algérienne et des « groupes extrémistes », en moins de deux mois.

Ceci n’a fait que confirmer que le contexte particulier du Sahel africain soulève vraiment des questions sur la nature de l’activité des groupes armés dans la région.

Il importe de rappeler que l’Algérie possède une frontière longue de 1.359 km avec le Mali, 951 km avec le Niger et environ 1.000 km avec la Libye.

Dans ce contexte, les autorités algériennes ont indiqué, qu’au cours des dernières années, elles ont déployé des milliers de soldats avec comme objectif principal de sécuriser les frontières sud avec les trois pays (Algérie-Mali-Niger) pour repousser ce que les autorités qualifient de « tentatives d’infiltration de djihadistes et de contrebandiers d’armes ».

Le ministère algérien de la Défense a annoncé, le 20 mars 2022, que trois militaires algériens ont été tués « dans un accrochage avec un groupe extrémiste » sur la bande frontalière avec le Mali, et que l’accrochage, selon la même source, a eu lieu dans la région de Timiaouine, relevant de la wilaya de Brodj Badji Mokhtar.

Les trois victimes étaient des militaires des gardes-frontières, dont les membres sont connus pour être équipés d’armes légères.

Armée algérienne dans l’axe frontalier : Algérie – Mali – Niger

Par ailleurs, dans un autre communiqué, le ministère a également annoncé, fin janvier dernier, l’assassinat de deux militaires (le sous-lieutenant de carrière Merbah Eddine Sidhom et le caporal contractuel Nassim Benalioua) et « l’élimination de deux membres du groupe extrémiste » dans un affrontement armé survenu dans la région de Hassi Tiririne, au secteur opérationnel D’Aïn Guezzam, près de la frontière avec le Niger.

Une mitrailleuse lourde, calibre (12,7 mm), deux pistolets mitrailleurs de type Kalachnikov, un véhicule tout-terrain et une quantité de munitions de différents calibres ont été récupérés.

A noter que les groupes armés extrémistes opèrent dans cette zone depuis les années 1990.

Commentant l’opération menée à succès par les militaires algériens, le Général de Corps d’Armée, Saïd Chanegriha, Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a déclaré : « L’opération qualitative signifie que ce groupe extrémiste armé a été complètement détruit ».

Il a tenu à préciser, textuellement, dans ce contexte que « l’Algérie a vaincu le terrorisme seule, sans l’aide d’aucun pays ».

De son côté, le ministère algérien de la Défense a annoncé, le 17 mars, a fait état de l’arrestation de « 7 membres de ces groupes » et de la saisie d’armes et de munitions, lors d’une opération de ratissage lancée par l’armée dans une forêt de la Wilaya de Skikda, dans l’Est du pays.

A croire l’un des experts en sécurité et en affaires stratégiques, « l’opération qui a tué un officier et deux soldats indique bien que l’armée nationale algérienne faisait face à un groupe armé qui voulait pénétrer sur le territoire national, à travers le sud ».

Rappelons qu’en février 2020, la ville de Timiaouine fût témoin de la mort d’un soldat algérien, dans l’explosion d’une voiture piégée conduite par un « extrémiste suicidaire ».

Une source de l’armée algérienne de l’époque avait confirmé que : « L’incident était la première opération terroriste dans le sud de l’Algérie depuis 2013, lorsqu’un groupe extrémiste avait tenté de contrôler une énorme installation gazière, et qui s’était soldé par l’élimination des 32 assaillants qui formaient le groupe ».

Toute l’attention des autorités algériennes s’est concentrée sur les extensions géographiques de ce qui se passe au nord du Mali, jusqu’au territoire algérien, surtout que “Timiaouine est adjacente à la ville malienne de Kidal, et ceci a poussé ces autorités à appeler à « une surveillance étroite les développements qui ont lieu là-bas, afin que la crise ne s’étende pas aux habitants des zones frontalières algériennes ».

Dans ce contexte, un ancien haut responsable de l’immigration au sein du ministère algérien de l’Intérieur, a évoqué quant à lui « les éléments de la contrebande et du crime organisé, comme un facteur de renforcement de l’activité des groupes extrémistes dans cette région devenue très dangereuse, et qu’on peu qualifier de couloir des seigneurs du crime transfrontalier, en particulier le trafic de drogue et les migrants clandestins ».

Par ailleurs, l’Algérie a toujours été sous pression pour impliquer ses forces dans la guerre contre les groupes armées sur le territoire du Mali, mais elle s’y refuse et la considère comme étant contraire à sa doctrine militaire.

Néanmoins, cela ne réduit en rien le rôle joué par la valeureuse armée algérienne dans la protection des vastes frontières, car elles sont bien sécurisées, et toutes les attaques de groupes extrémistes et des contrebandiers, qu’elles soient petites ou grandes, seront vouées à l’échec, d’après les observateurs et les spécialistes des affaires africaines.

Et du fait de leur situation géographique, et compte tenu de l’intensité des menaces existantes qui les guettent, des régions telles que Timiaouine, Aïn Guezzam et la frontière de Tinzoaten, ont besoin d’une vigilance sécuritaire renforcée.

Pour revenir aux attaques meurtrières qui se sont déroulées dans un rayon territorial impliquant le sud algérien et les points frontaliers adjacents au Niger et au Mali, ces observateurs considèrent que de cela découle plus d’une signification, notamment dans le contexte sécuritaire général de la région du Sahel, alors que les forces françaises s’apprêtent à quitter définitivement le Mali.

Dans ce même contexte, ces dernières années, divers médias ont évoqué à de nombreuses reprises le refus de l’Algérie d’apporter un soutien et une assistance militaires aux forces françaises opérant au Mali.

Il semblerait également, que le récent affrontement avec des groupes armés serait sujet à toutes les interprétations, y compris une tentative de faire pression sur l’Algérie et de l’entraîner dans le bourbier vécu par le Sahel africain, après le départ des forces françaises.

D’un autre point de vue, cela pourrait être considérée aussi comme un processus comme celui d’autres opérations par lesquelles des groupes extrémistes souhaiteraient enregistrer une « aura » médiatique et briser le siège qui leur est imposé.

Qu’est-ce qui facilite l’accès des groupes armés au Sahel ?

Il faudrait savoir tout d’abord que la majorité des pays du Sahel se situent dans l’un des déserts les plus arides au monde, les plus difficiles d’accès et les moins peuplés. Ces pays, où il est difficile de vivre en raison de la rareté de l’eau, voient leurs conditions se répercuter sur le nombre et l’aspect des agglomérations urbaines, la faiblesse de l’activité économique et sa répartition dans l’immensité de cet espace saharien.

C’est donc pour ces raisons que les puissances internationales trouvent facilement le moyen d’exploiter cette situation et de créer toutes sortes de crises afin de faire pression et d’arracher des conventions à des conditions très favorables pour piller les ressources naturelles de la région. Il leur suffit ensuite de favoriser toutes les tensions et toutes les crises possibles pour pérenniser cet état de fait.

Immensité de l’espace sahélien

Du fait de l’étendue de l’espace sahélien et de l’importance des superficies des pays, on peut affirmer que la géographie est mortelle au Sahel. Une telle situation transforme ces pays en zones extrêmement fragiles, d’où la facilité avec laquelle les bandes du crime organisé s’y implantent, les organisations et les groupes terroristes y multiplient leurs activités, ce qui accélère la déstructuration de l’Etat déjà très affaibli dans cette région du monde.

Incapacité des Etats à sécuriser leurs territoires

L’incapacité de l’Etat à défendre ses frontières face à l’immigration clandestine et au trafic d’armes a fait de cette zone l’un des environnements les plus propices à l’activité du crime organisé.

Les bandes organisées, en particulier les groupes armés et les trafiquants de drogues, concentrent aisément leurs activités dans la région, implantent leurs bases, font des alliances et inter changent les rôles, loin du contrôle des Etats et des parties prenantes influentes au plan international.

Que devrait-on retenir de cette situation ?

Reconnaissons tout d’abord que l’attention focalisée par la France sur le retrait du Nord du Mali uniquement, vise essentiellement à punir l’auteur du coup d’Etat, en l’occurrence le colonel Assimi Goïta, qui avait renversé le Président intérimaire proche de Paris, Bah N’daw, malgré l’échec de l’armée malienne à faire face aux groupes extrémistes disséminés dans le pays.

Sachons également que les régions de Kidal et de Tessalit, proches des frontières algériennes, ainsi que la cité ancestrale des Touareg, Tombouctou, souffrent d’une marginalisation par rapport aux villes du sud du Mali, desquelles elles sont séparées par le fleuve du Niger, qui constitue une barrière naturelle.

Quant au Nord du Mali, il a connu, au cours des décennies écoulées, une série de rébellions, durant lesquelles l’Algérie a joué un rôle central pour calmer la situation, à travers les négociations.

Une force conjointe « Algérie – Mali – Niger » pourrait elle se développer dans ce sens pour sécuriser cet axe de l’espace Sahélien qui les implique plus particulièrement ?

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