Niger / Union européenne : « Un nouveau tournant » au bénéfice des Nigériens?

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Niger / Union européenne : « Un nouveau tournant » au bénéfice des Nigériens?
Niger / Union européenne : « Un nouveau tournant » au bénéfice des Nigériens?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Dans le cadre du développement des relations futures, entre l’Union européenne et le Niger, il était primordial que l’UE devienne un véritable partenaire du Niger tout en devant cesser d’œuvrer à travers la France, en particulier sur les questions clés, sachant que quatre domaines prioritaires de coopération future ont été déjà définis, comme suite :

• l’aide au développement, qui doit être fournie plus efficacement pour réduire les inégalités entre les citoyens,
• fournir une expertise dans le domaine de la lutte contre le changement climatique pour des raisons environnementales et de sécurité également,
• apporter un soutien à d’autres épidémies, comme le paludisme, le choléra, la méningite et la tuberculose, que le Niger considère comme plus dangereux que le coronavirus,
• enfin, en matière de sécurité, les Nigériens espèrent voir un rôle plus important pour l’Union européenne en tant qu’entité autonome, non représentée par la France ou un État membre individuel.

Il importe de rappeler aussi que le Niger se trouve dans le collimateur de violents conflits régionaux et des défis de la migration mondiale, et pendant ce temps, le pays est aux prises avec ses propres problèmes politiques, sociaux, économiques et environnementaux.

Certes, les politiques et orientations de l’Union européenne ont réussi à atténuer les crises de sécurité et de développement dans la région du Sahel en général, mais les problèmes continuent de s’étendre à d’autres régions.

C’est pourquoi on se demande comment les Nigériens perçoivent-ils l’approche européenne, ses politiques et leurs implications pour la prévention des maladies et pour rétablir la sécurité dans leur pays ?

Interaction du Conseil de l’Europe

C’est probablement dans cette optique que le Conseil européen a annoncé avoir lancé, le lundi 20 février 2023, une mission conjointe de partenariat de défense pour la politique de sécurité et de défense commune au Niger, car les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne réunis à Bruxelles ont déclaré dans un communiqué que la mesure avait été prise pour soutenir le pays dans sa guerre contre le terrorisme et les groupes armés.

Ils ont expliqué que l’objectif de la mission de partenariat, qui a été officiellement créée le 12 décembre 2022, à la demande des autorités nigériennes, est de renforcer la capacité des forces armées nigériennes à contenir la menace terroriste, protéger la population du pays et garantir un environnement sûr et sécurisé conformément aux règles des droits de l’homme et au droit international humanitaire.

La Mission appuiera, en particulier :

• la création d’un Centre de formation des techniciens des forces armées,
• la fourniture de conseils à la demande et de formations spécialisées aux professionnels des forces armées nigériennes,
• et appuiera également la création d’un nouveau bataillon d’appui aux communications et au commandement.

Mais auparavant, des actions ont été prises par l’UE en général, et par l’Allemagne en particulier en faveur du soutien envisagé pour le Niger.

Retour sur le Business Forum co-organisé 3 semaines avant à Niamey par l’UE et le Niger

Le Business Forum UE-Niger qui a été organisé à Niamey, les 7 et 8 février 2023, a été officiellement ouvert par le Président Bazoum en présence du Chef de la Délégation de l’Union européenne au Niger, Salvador Pinto Da França.

Les thèmes abordés lors des nombreux panels et événements ont couverts divers secteurs clé : énergies, pétrole, mines, hydraulique, agriculture, élevage, agro-industrie, nouvelles technologies, infrastructures, tourisme et artisanat.

Vu sa position géographique, sa richesse en ressources naturelles dont l’eau, ses terres arables et un cheptel très important, de nombreuses sources d’énergies, des minéraux, son héritage humain et civilisationnel, et sa jeune population, ceci fait du Niger une charnière entre le Nord et le Sud, entre l’Europe et l’Afrique, et un pivot de stabilisation et d’échanges commerciaux.

L’objectif de ce Forum était d’amener les entreprises étrangères sur le terrain, pour qu’elles puissent voir de leurs yeux les potentialités du Niger, pour pouvoir ramener un investissement de qualité mais aussi pour pouvoir promouvoir l’intégration régionale.

La mission de Team Europe au Niger

Venue rejoindre les représentants diplomatiques de l’UE accrédités au Niger (Délégation de l’Union européenne, Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) pour prendre part au Business Forum, la première mission Team Europe à se rendre au Niger s’inscrivait à la fois dans le cadre des engagements pris lors du « Sommet Union européenne – Union africaine » de février 2022, qui a débouché sur un engagement de l’Union européenne de 150 milliards d’euros au profit des secteurs de l’énergie, des transports, des infrastructures numériques, de la santé et de l’éducation, et dans la continuité de la contribution financière commune « Team Europe » annoncée lors de la Table Ronde de Paris de décembre 2022 pour le financement du Plan de Développement Economique et Social 2022-2026 du Niger.

Rappel de l’engagement de l’Allemagne

La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht à Niamey

L’Allemagne, quant à elle, a exprimé son soutien à la mission de l’UE au Niger pour sécuriser l’approvisionnement énergétique.

Dans ce contexte, lors de sa visite au Niger, à la mi-décembre 2022, la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a affirmé l’engagement de son pays à continuer de soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme dans le Sahel africain, et qu’il ne laissera pas la région seule.

Lambrecht a eu de longues réunions avec des responsables nigériens, dont le président Mohamed Bazoum et à l’issue de ces pourparlers, elle a déclaré que Berlin jouerait un rôle majeur dans la nouvelle mission militaire que l’Union européenne envisage de constituer au Niger.

De son côté, la ministre allemande des Affaires étrangères, Analina Birbock, a laissé entendre qu’il y a environ 200-250 soldats allemands qui participeront à la prochaine mission militaire de Bruxelles au Niger.

Ainsi, il semblerait que la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, ait pour objectif de discuter de l’avenir de cette mission de formation avec des responsables à Niamey, de coordonner la prolongation ou non de cette mission, et jusqu’à présent aucun consensus n’a été annoncé concernant cette mission de formation.

Quel pari occidental sur le Niger ?

Selon certains observateurs européens, les mesures allemandes actuelles pour renforcer l’engagement au Niger reflètent l’une des caractéristiques de la dépendance occidentale actuelle à l’égard de ce dernier dans les efforts de lutte contre le terrorisme au Sahel, après que le Mali a longtemps été le principal point focal des puissances occidentales dans cette région, qui témoigne de l’importance de Niamey dans le cadre de la stratégie occidentale visant à redéployer les forces européennes au Sahel, afin de contrer l’influence croissante de la Russie et de la Chine dans ladite région.

Ainsi, la mission militaire européenne attendue au Niger, et la contribution importante attendue de l’Allemagne à celle-ci, reflétaient des indications importantes concernant la convergence des intérêts occidentaux avec Niamey.

Dans ce contexte, la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, tenue en décembre dernier à Bruxelles, est venue ouvrir la voie à cette mission attendue, qui sera d’une durée de trois ans, d’un coût estimé à environ 27,3 millions d’euros, car la formation d’une mission de « partenariat militaire pour la politique conjointe de sécurité et de défense » a été approuvée pour renforcer les capacités des forces nigériennes à contenir les menaces terroristes, à sécuriser les civils et à fournir un environnement stable dans le pays.

D’ailleurs, certains rapports occidentaux indiquaient que l’Allemagne et l’Italie coordonnaient leurs mouvements en Afrique de l’Ouest, en échange des mouvements parallèles poursuivis par Paris dans cette région.

La Grande-Bretagne a également commencé à prendre des mesures individuelles pour accroître sa présence sur le continent africain en général, parallèlement aux tendances actuelles américaines cherchant à restaurer son influence sur le continent, et donc l’absence d’une vision commune pourrait menacer l’efficacité de la présence occidentale, notamment européenne, en Afrique de l’Ouest, notamment avec la présence croissante de la Russie et de la Chine.

En fin de compte, il semble qu’il y ait de nouvelles orientations adoptées par l’Allemagne récemment, à travers lesquelles elle veut renforcer son rôle dans le système international, en élargissant la portée et la taille de sa participation étrangère. Par conséquent, la période à venir devrait voir une présence plus directe de Berlin en Afrique en général, et son Ouest en particulier, et le Niger pourrait constituer un point de départ stratégique pour l’Allemagne.

L’appui européen au « Plan de développement du président Bazoum »

Mohamed Bazoum – Charles Michel – Emmanuel Macron

Un important soutien militaire occidental au Niger est intervenu parallèlement à l’annonce par son président, Mohamed Bazoum, de son plan de développement socio-économique 2022-2026, qui vise à favoriser le développement de Niamey.

Dans ce contexte, le président nigérien a cherché à obtenir un financement occidental pour ce plan, dont le coût initial est estimé à environ 29,6 milliards d’euros, ce qui s’est traduit par la visite de Bazoum en France, début décembre 2022, où il a pu nouer de larges partenariats avec les secteurs public et privé à Paris, et a obtenu un financement d’un montant d’environ 31,4 milliards d’euros, ce qui dépasse le budget initial de son plan.

Bazoum a précédemment annoncé que le gouvernement nigérien injecte environ 10 milliards d’euros au financement total du plan, car Niamey compte sur l’augmentation attendue de ses revenus provenant des exportations de pétrole, vu qu’il est prévu que le volume total des exportations de pétrole du Niger en 2023 s’élèvera à environ 110.000 barils par jour, contre environ 20.000 barils en 2022, ce qui est dû à l’augmentation attendue de l’exploitation de l’oléoduc reliant le Niger au Bénin.

Désormais, le Niger ne sera plus « abandonné » à son sort, l’Union européenne avec tous ses pays membres seront avec lui.

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