Union africaine : cinq questions pour comprendre les enjeux du sommet d’Addis-Abeba

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Union africaine : cinq questions pour comprendre les enjeux du sommet d’Addis-Abeba
Union africaine : cinq questions pour comprendre les enjeux du sommet d’Addis-Abeba

Manon Laplace

Africa-Press – Niger. Présidence de l’organisation, régimes putschistes, conflits militaro-diplomatiques, crises politiques… Les dossiers seront nombreux, ces 17 et 18 février, lors du 37e sommet des chefs d’État de l’UA, qui se tiendra au siège de l’organisation, à Addis-Abeba.

À l’occasion de la 37e session ordinaire de la conférence de l’Union africaine (UA), des dizaines de délégations gouvernementales sont attendues dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, à partir du 14 février. Les chefs d’États du continent, eux, se réuniront les 17 et 18 février.

Plusieurs sujets brûlants sont déjà à l’ordre du jour de cette grand-messe panafricaine. Bien sûr, les pays membres plancheront sur les conflits qui font rage, comme c’est le cas au Soudan ou en Libye. Mais les chefs d’État, ministres des Affaires étrangères et représentants gouvernementaux aborderont aussi les différentes crises politiques et institutionnelles qui agitent le continent. Au menu donc, les soubresauts entraînés par le report de la présidentielle au Sénégal, les turbulences traversées par la Cedeao avec le départ annoncé des pays sahéliens de l’organisation sous-régionale, ou encore l’escalade des tensions entre la RDC et le Rwanda.

Quand ils ne seront pas en train de négocier à huis clos, les présidents désigneront officiellement le successeur d’Azali Assoumani. Élu en février 2023, le Comorien devrait céder la présidence tournante à son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Une candidature longtemps incertaine en raison des divergences entre les pays de la région.

1. Pourquoi a-t-il été si difficile de trouver un successeur à Azali Assoumani ?

Selon le principe d’alternance régionale qui régit la tête de l’organisation, sa présidence, après avoir été assurée par le Comorien Azali Assoumani et le Sénégalais Macky Sall avant lui, revient cette année à un pays d’Afrique du Nord. Pour tous, ou presque, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est le candidat du consensus. Pourtant, sa candidature a été incertaine jusqu’au bout.

La région, plombée par les vives tensions entre Rabat et Alger, et le caractère clivant, sur l’ensemble du continent, des présidents tunisien et égyptien, a longtemps été incapable de trouver un compromis. Faute d’accord, les pays du Nord ont même pris le risque de voir la présidence de l’UA passer directement à un pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), prochaine région dans l’ordre de succession.

À moins d’une semaine de l’ouverture du sommet, Nouakchott n’a toujours pas annoncé officiellement sa candidature. Mais il est désormais acquis, sauf revirement de dernière minute, que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani sera le nouveau président de l’UA.

2. Qui représentera l’UA au G20 ?

À l’heure du bilan, Azali Assoumani peut se targuer d’avoir, notamment, engrangé une victoire diplomatique de taille. En septembre 2023, l’Union africaine est officiellement devenue membre du G20. L’organisation panafricaine rejoint ainsi l’Inde, la Turquie, ou encore l’Afrique du Sud, jusqu’alors seul représentant du continent, au sein du « Groupe des vingt ».

En dépit du fait que, malgré ses appels répétés, l’Afrique ne dispose d’aucun siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, son entrée au G20 lui offre l’opportunité de peser davantage sur les questions de gouvernance mondiale.

Les contours de la participation de l’UA au sein du groupe commencent à se dessiner. Selon nos informations, c’est le dirigeant de l’organisation qui siègera au forum intergouvernemental mondial. D’ailleurs, le chef de l’État brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a pris la présidence du G20, sera l’un des invités d’honneur du sommet d’Addis-Abeba.

3. La crise politique en Afrique de l’Ouest sera-t-elle au cœur des discussions ?

Les soubresauts de la vie politique ouest-africaine devraient être en bonne place dans les discussions. Plongée dans une crise politique sans précédent depuis sa création en 1975, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui offrait jusqu’alors le modèle d’intégration le plus réussi du continent, se prépare aux conséquences, essentiellement économiques, du départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Une annonce faite fin janvier par les trois pays réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Au-delà des régimes putschistes – lesquels sont actuellement suspendus de l’UA –, l’organisation devra également se pencher sur le cas sénégalais. Alors que l’annonce du report de la présidentielle par Macky Sall a ouvert une crise politique inédite, Dakar est au centre des attentions. Érigé en modèle de démocratie depuis son indépendance, le pays a connu plusieurs alternances politiques et il est le seul de la région, avec le Cap-Vert, à n’avoir jamais connu de coup d’État militaire.

4. Comment relancer la médiation RDC-Rwanda ?

Autre sujet de premier plan de cette 37e session ordinaire de la conférence de l’UA: le bras de fer militaro-diplomatique qui oppose la RDC à son voisin rwandais. Kinshasa, dont les forces armées affrontent les rebelles du M23 dans les territoires de Rutshuru et Masisi, dans le Nord-Kivu, depuis fin 2012, accuse Kigali de soutenir la rébellion. Depuis que le bref cessez-le-feu, entré en vigueur au mois de décembre, a volé en éclat, les violences ont redoublé d’intensité dans la région frontalière avec le Rwanda.

Tandis que Washington accentue la pression sur ses partenaires régionaux afin de trouver une sortie de crise, la rencontre d’Addis-Abeba pourrait permettre de relancer les médiations en cours. Celle menée par l’Angolais João Lourenço en premier lieu, médiateur de l’UA depuis 2022. En juillet de la même année, l’entremise de Luanda avait abouti à une rencontre entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Mais depuis, la relation entre les deux hommes n’a eu de cesse de se détériorer.

En parallèle, Nairobi tente également de jouer les intermédiaires en la personne de son ancien président, Uhuru Kenyatta – dont la présence au sommet de l’UA n’a pas été confirmée pour l’instant. Mais les relations houleuses entre l’ancien chef de l’État et son successeur, William Ruto, pourraient entraver la poursuite de la médiation kényane.

5. Pourquoi la Corne de l’Afrique ne sera pas oubliée ?

Parmi les sujets qui seront passés au crible lors de ce sommet: les tensions diplomatiques dans la Corne de l’Afrique. Début janvier, elles ont été ravivées par les discussions autour de la coopération militaire entre Addis-Abeba et la région séparatiste du Somaliland, une semaine après avoir conclu un accord maritime.

Un partenariat visant à redonner un accès à l’Éthiopie à la mer – qui en disposait avant l’indépendance de l’Érythrée en 1993 –, mais qui passe très mal chez le voisin somalien. Mogadiscio combat en effet âprement l’indépendance autoproclamée du Somaliland, lequel n’est d’ailleurs pas reconnu par la communauté internationale.

Au point mort depuis l’échec des négociations de 2020, les pourparlers devraient reprendre entre la Somalie et le Somaliland. Sous la houlette du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, les deux parties ont signé, le 29 décembre dernier, un accord pour la reprise du dialogue.

Source: JeuneAfrique

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