Africa-Press – Niger. Un État exemplaire ne peut exister sans des dirigeants exemplaires et des citoyens exigeants. Trop souvent, nous nous tournons vers nos dirigeants en leur demandant d’être irréprochables, tout en oubliant que nous-mêmes devons être des citoyens exemplaires. C’est en étant exigeants envers nous-mêmes que nous pourrons demander des comptes à nos représentants et ainsi construire ensemble un État à la hauteur de nos attentes. Nul ne devrait demander à autrui ce qu’il ne peut appliquer à lui-même. Agissons en reflet de nos exigences et exigeons le meilleur de nos dirigeants. Seul un équilibre entre exemplarité et exigence peut mener à un État véritablement exemplaire.
Les citoyens ont besoin de leaders qui voient l’avenir, tracent le chemin, défendent le pays, affrontent les défis, ne reculent jamais et ressentent chaque émotion. Les citoyens attendent de leurs dirigeants transparence, intégrité et responsabilité. Ils exigent des décisions politiques courageuses et éthiques, prises dans l’intérêt général et non pour des intérêts personnels ou partisans. Les citoyens attendent également une gestion efficace des ressources publiques, l’égalité des chances, la justice sociale, la sécurité, une lutte contre la corruption et une réelle prise en compte de leurs besoins et préoccupations. Enfin, ils attendent de leurs dirigeants qu’ils soient à l’écoute, qu’ils communiquent de manière claire et qu’ils agissent dans le respect des valeurs partagées et des droits fondamentaux.
Les dirigeants attendent des citoyens qu’ils soient actifs et engagés dans la vie publique de leur pays. Ils espèrent que les citoyens participent au choix des représentants nationaux et locaux, s’informent sur les enjeux de société, et expriment leurs opinions de manière constructive. Les dirigeants attendent également des citoyens qu’ils respectent les lois et les institutions, qu’ils contribuent au bon fonctionnement de la société et qu’ils aient un comportement civique. Enfin, les dirigeants souhaitent que les citoyens soient critiques tout en étant ouverts au dialogue et à la concertation, afin de construire ensemble un État exemplaire et prospère.
Il n’y a pas d’État exemplaire sans un socle solide de confiance mutuelle entre les dirigeants et le people, base essentielle de toute société prospère et harmonieuse.
L’État exemplaire, c’est donc la rencontre de deux confiances, celle des dirigeants en la capacité du peuple qui les soutient, celle des citoyens en leurs leaders qui les protègent, des citoyens exigeants sur leurs droits et respectueux de leurs devoirs.
Au Niger, il se trouve que, depuis trop longtemps, le statut du citoyen est a priori ébranlé par au moins cinq phénomènes:
– Le premier est la crise de confiance des citoyens, non pas à l’égard des fondements de la République, mais envers le fonctionnement global du Système auquel ils reprochent d’être insuffisamment à leur écoute. N’oublions pas, le dialogue ouvre un espace particulier ! Basé sur le partage d’idées, il permet un face-à-face des conceptions qui tend vers autre chose, vers d’autres idées à découvrir, à inventer ensemble. Pour autant que chacun tienne compte de ce que l’autre dit, le dialogue avance et fait avancer constamment.
– Le second, c’est le péché générationnel de notre société, nous vivons une époque d’absence de courage du citoyen habillée en sagesse ; cela nourrit tous les dévoiements, toutes les compromissions. Nous avons trop longtemps été vêtus de la prudence feinte, quand le courage était le seul vêtement digne de notre époque -la lâcheté déguisée en vertu, une faute que nous devons rectifier pour un avenir authentiquement brillant.
– Le troisième est le sentiment que l’égalité de tous devant la loi ne se traduit pas suffisamment dans les faits. Or, l’égalité devant la loi, c’est comme la ponctualité: tout le monde en parle, mais peu la connaissent vraiment. La plupart pensent donc que, devant la loi, nous sommes tous égaux mais jusqu’à ce que le temps de la justice entre en jeu. En fait, quand la justice prend son temps, c’est souvent au détriment de ceux qui n’ont pas le luxe d’attendre.
– Le quatrième est une perception brouillée des devoirs inhérents à la citoyenneté. Dans ce monde 2.0, on a parfois l’impression que les devoirs se perdent dans les méandres du numérique, laissant place à une vision floue de nos responsabilités.
– Le cinquième, c’est l’évidence que nous ne travaillons pas assez collectivement pour combler le fossé qui nous sépare des nations qui connaissent le succès. Il est donc essentiel que nous nous unissions et que chacun d’entre nous fasse sa part pour améliorer notre situation et atteindre nos objectifs communs, parce que le reste du monde ne nous attend pas. Il est temps de redoubler d’efforts et d’agir de manière plus proactive pour surmonter les obstacles qui nous empêchent de progresser. Nous devons nous engager pleinement et mettre en place des actions concrètes pour renverser la tendance et avancer vers la réussite.
À bien des égards, ce diagnostic n’est pas forcément démenti par l’actualité récente.
Pour être parmi les winners, il nous faut sans doute nous adapter aux changements d’époque.
Pour que notre pays prospère, nous devrons être plus forts, nous devrons nous réapproprier nos valeurs ancestrales, les valeurs culturelles intemporelles qui nous unissent.
Nous serons plus forts si nous restons plus unis, si nous luttons efficacement contre toutes les incivilités, selon un ordre et une ligne de fermeté républicains. Produire de l’intelligence dans nos universités et nos grandes écoles, produire notre alimentation dans nos champs comme nos aînés, produire nos médicaments, produire les armes pour notre défense et notre sécurité seuls ou avec des alliés dans un intelligent alignement des intérêts mutuellement avantageux, libérer notre potentiel de production, manufacturer nos matières pour les transformer en produits désirés et compétitifs pour que plus jamais quelque entreprise ou puissance étrangère ne vienne nous priver de la valeur ajoutée de nos ressources naturelles, produire plus, innover mieux, débureaucratiser notre économie au profit des secteurs productifs et financiers, supprimer les normes et pratiques inutiles, arriver à mettre fin aux déserts administratifs en promouvant la proximité effective de l’administration aux citoyens.
Notre pays sera plus fort, s’il retrouve sa souveraineté budgétaire et financière en créant des richesses, s’il ne dépend plus de quiconque pour ses besoins essentiels. Mais le cœur de la bataille budgétaire, c’est une bataille pour l’emploi et la création de richesses. Il nous faut réarmer notre budget. Le réarmement budgétaire, ce n’est rien d’autre que le réarmement du système fiscal, l’adaptation des dispositifs fiscaux pour créer une dynamique progressiste, pour que chaque Nigérien contribue à la hauteur de ses vraies facultés.
La bonne nouvelle, c’est que la solution existe toujours ! Elle est toujours la même: expliquer, dire la vérité, être juste, tracer des perspectives, montrer qu’il existe un projet national et local qui permettrait de satisfaire à la fois les exigences de la frugalité et celles de l’abondance: c’est le projet de l’économie de la vie, dont la croissance ne suppose pas un gaspillage croissant des ressources naturelles et financières. Il s’agit:
– d’abord, de renforcer encore et encore la confiance entre nos concitoyens et nos leaders nationaux en établissant une robuste étanchéité entre autorités, fonctionnaires et dirigeants économiques ;
– ensuite, de protéger les populations, d’assurer l’ordre, de lutter contre la corruption et les passe-droits, de combattre les identitarismes ;
– puis, de valoriser le travail, l’effort et la méritocratie à tous les étages de la société ;
– enfin, d’inciter au civisme par la transparence qui fait que le citoyen a accès à l’information utile.
Il s’agit-là d’un changement d’approche: partir des problèmes, du vécu, du quotidien, écouter davantage les Nigériens, pour les servir et non les asservir. Ne plus se limiter au vecteur normatif pour prétendre résoudre des problèmes qui ont une réalité de terrain limitée. Il faut sûrement aussi de l’audace, de l’efficacité, de l’action, de l’engagement, de la détermination. Comprendre que la force de l’engagement citoyen réside en chacun d’entre nous, au Niger et dans notre diaspora.
Je pense que c’est le projet que le Leadership national nous propose. Il serait passionnant de le comprendre, de l’expliquer, de rassembler le peuple autour de ce seul projet qui puisse définitivement sauver la Nation, et de le mettre en œuvre, de façon souveraine. Après tout, le continuum de la promesse républicaine, c’est un pays qui crée des richesses, un pays plus juste, un pays qui accompagne ceux qui en ont besoin, ceux qui sont dans la précarité, mais jamais celui qui enrichit les passe-droits. Les fertilisants naturels de ce projet sont l’école, l’école, l’école et le travail, le travail, le travail !
Source: lesahel
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