Inflation, croissance, dette… Les réponses d’Adesina aux défis africains

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Inflation, croissance, dette… Les réponses d’Adesina aux défis africains
Inflation, croissance, dette… Les réponses d’Adesina aux défis africains

Africa-Press – Niger. Malgré la grande résilience des économies africaines, celles-ci demeurent exposées à des risques : croissance mondiale faible, resserrement des conditions financières, impact climatique… Mais le potentiel reste énorme, estime la Banque africaine de développement dans son dernier rapport.

En 2022, l’Afrique a fait preuve de résilience. Et 2023 s’annonce vraisemblablement identique. C’est du moins ce que les responsables de la Banque africaine de développement (BAD) ont avancé, chiffres à l’appui, lors de la publication officielle des perspectives économiques de 2023, en marge des assemblées générales de l’institution à Charm el-Cheikh.

Et pourtant, il s’agirait d’accélérer la machine. Car à en croire l’économiste en chef et vice-président de la BAD, Kevin Chika Urama : si en 2022 le continent a affiché un taux de croissance moyen de 3,8 % (contre une moyenne mondiale à 3,4 %), cela reste insuffisant pour enclencher le rattrapage économique du continent. « Cela nécessiterait une croissance à 9-10 %. C’est ambitieux mais ce n’est pas impossible, si nous parvenons à transformer les défis actuels en réalisations concrètes », a-t-il avancé. Et d’ajouter, « en 2023-2024, la moitié des dix économies à plus forte croissance se trouveront en Afrique ».

Différentes perspectives

D’après la BAD, la croissance en Afrique connaîtra des évolutions disparates au sein des différentes régions. En Afrique centrale, elle devrait ralentir, passant de 5,0 % (estimation) en 2022 à 4,9 % en 2023, et à 4,6 % en 2024. Cette décélération étant le reflet d’une dépendance trop importante aux produits de base.

A contrario, l’Afrique de l’Est – à l’exception du Soudan, en guerre – devrait voir sa croissance accélérer, passant de 4,4 % en 2022 à 5,1 % en 2023 et 5,8 % en 2024. Pas moins de sept pays de la région (dont le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie) devraient enregistrer une croissance de 5 % a minima. Ces bons résultats s’expliquent par des structures de production assez diversifiées et une baisse des prix des produits de base. Toutefois, des poches de sécheresse et d’insécurité persistent et pourraient restreindre les développements économiques.

L’Afrique du Nord devrait, quant à elle, maintenir une croissance d’environ 4 %, passant de 4,1 % en 2022 à 4,6 % en 2023, pour redescendre à 4,4 % en 2024. L’augmentation prévue en 2023 étant principalement causée par la reprise économique du Maroc, durement touché par des sécheresses dévastatrices, et de la Libye, laquelle a subi des fluctuations de sa production pétrolière.

En revanche, la croissance en Afrique australe devrait ralentir de 1,1 point, passant de 2,7 % en 2022 à 1,6 % en 2023. La BAD estime cependant « qu’avec des interventions politiques appropriées, elle pourrait rebondir à 2,7 % en 2024 ». La diminution prévue en 2023 étant induite par la faiblesse continue de la croissance en Afrique du Sud. Entre 2022 et 2023, le pays devrait passer d’une croissance de 2 % à seulement 0,2 %, en raison de l’impact des taux d’intérêt élevés et des pannes de courant persistantes sur l’activité économique.

En Afrique de l’Ouest, le taux de PIB devrait légèrement augmenter et passer de 3,8 % en 2022 à 3,9 % en 2023 et 4,2 % en 2024. Ces perspectives favorables reflètent une croissance plus élevée dans les petites économies de la région. Parmi les neuf pays qui prévoient des taux de croissance élevés, le Bénin, la Cote d’Ivoire et le Niger devraient se démarquer avec des croissances respectives à plus de 6 %, 7 % et 9 %.

Impact des chocs exogènes

Au cours des dernières années, les conditions financières mondiales se sont resserrées. La politique monétaire des États-Unis, en particulier, a renforcé le dollar américain et créé des déséquilibres macroéconomiques mondiaux, exerçant ainsi une pression sur les devises africaines. Précisément, en 2022, les devises les plus dévaluées par rapport au dollar américain étaient le dollar zimbabwéen, le cedi ghanéen et le leone sierra-léonais, avec des taux de dépréciation respectifs d’environ 323,4 %, 42,5 % et 34,0 %. Malgré une légère dépréciation mécanique due au taux de change euro-dollar, le franc CFA a réussi à maintenir une stabilité relative et s’est même imposé comme une valeur refuge sur le continent.

L’inflation devrait rester un problème persistant sur le continent. En moyenne, les prix à la consommation devraient continuer d’augmenter en 2023, passant de +14,2 % estimés en 2022 à +15,1 %, avant de diminuer à 9,5 % en 2024.

De leur côté, les pays exportateurs de pétrole semblent avoir encore de beaux jours devant eux. Globalement, ils ont enregistré un excédent du compte courant en 2022, et cette tendance devrait, selon les pronostics de la BAD, s’installer dans la durée. La dette publique reste et restera un problème majeur en Afrique. « Elle devrait rester élevée, avec des vulnérabilités persistantes », indique la BAD. Les pays les plus touchés étant le Ghana, la Zambie, l’Égypte, et la Tunisie.

INVESTIR EN AFRIQUE EST UNE DÉMARCHE HAUTEMENT LUCRATIVE.

Face à ces enjeux de long terme et au financement qu’ils impliquent, la banque multilatérale de développement a appelé les investisseurs privés à davantage s’impliquer sur le continent.

75 milliards de dollars de perdus

« Qu’est-ce que Dieu aime l’Afrique ! Le continent bénéficie d’un potentiel vert, d’un potentiel humain et d’un potentiel technique », s’est exclamé le patron de la BAD, Akinwumi Adesina, lors de la présentation du rapport. Car, comme l’a souligné son collège Kevin Urama, à lui seul, le continent africain détient 44,8 % des opportunités en termes d’énergies renouvelables. » Les opportunités d’investissement y sont énormes. Investir en Afrique est une démarche hautement lucrative », a-t-il insisté.

Selon les données avancées, à l’horizon 2030, en Afrique, les marchés de l’agriculture et de l’énergie devraient représenter chacun 1 000 milliards de dollars, et celui des nouvelles technologies 104,2 milliards. Sans oublier le marché des transports qui devrait connaître une croissance exponentielle de 22 % chaque année, grâce à la demande de batteries pour véhicules électriques.

« Investir dans l’infrastructure africaine représente un risque de 1,9 % en termes de retour sur investissement, contre 12,4% en Europe de l’Est, 10% en Amérique Latine ou et 6% aux États-Unis !» a souligné l’économiste en chef en s’appuyant sur une étude réalisée par Moody’s en 2020. Tout en pointant du doigt les notations pays qu’il juge « subjectives », ce qui induirait en erreur les investisseurs. D’après les estimations de la BAD, si les notations étaient plus justes, 75 milliards de dollars d’investissements supplémentaires pourraient être engagés en Afrique.

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