Maria Håkansson (Swedfund) : « Nous allons augmenter nos investissements directs en Afrique de l’Ouest »

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Maria Håkansson (Swedfund) : « Nous allons augmenter nos investissements directs en Afrique de l’Ouest »
Maria Håkansson (Swedfund) : « Nous allons augmenter nos investissements directs en Afrique de l’Ouest »

Thaïs Brouck

Africa-Press – Niger. Avec un nouveau directeur régional à sa tête, l’institution suédoise de financement du développement vient d’ouvrir un bureau en Côte d’Ivoire. Entretien avec la directrice générale du fonds, qui a pour objectif à terme de tripler ses engagements sur le continent.

Swedfund part à la conquête de l’Ouest. Après Nairobi en 2009, l’institution suédoise de financement du développement (IFD), dont la mission est de lutter contre la pauvreté par des investissements durables, vient d’ouvrir un bureau à Abidjan. Avec près de deux tiers de ses investissements annuels en Afrique subsaharienne, elle souhaitait renforcer sa présence en Afrique francophone. Le bureau ouest-africain de l’institution financière de développement est dirigé par son nouveau directeur régional, Kitanha Touré.

En 2023, Swedfund a approuvé quatorze nouveaux investissements dans les domaines des énergies renouvelables et du climat, ainsi que dans ceux de l’inclusion financière, de la santé et de la numérisation, pour un montant total d’environ 220 millions d’euros. La valeur du portefeuille de l’institution a continué de croître et s’est établie à près de 930 millions d’euros, contre environ 750 millions d’euros à la fin de 2022. En plus d’investir dans le secteur privé, l’institution offre un soutien aux institutions publiques par le biais de son accélérateur de projet, qui soutient par exemple l’initiative de Bus Rapid Transit (BRT) de l’Autorité des transports d’Abidjan, comme nous l’a expliqué Maria Håkansson, sa directrice générale.

Jeune Afrique: Vos investissements sont principalement concentrés en Afrique anglophone. Pourquoi l’Afrique francophone est-elle une nouvelle priorité ?
Maria Håkansson: Oui, historiquement, nous avons investi davantage en Afrique de l’Est, à partir de Nairobi. Afin de rééquilibrer cette situation et d’avoir un impact plus important en Afrique de l’Ouest, nous avons désormais une présence locale dans la région. Notre bureau d’Abidjan couvrira l’ensemble de la zone, tant les pays anglophones que francophones.

Quels sont vos projets en cours dans la région ?

Avec notre accélérateur de projets, nous soutenons quinze projets en Afrique de l’Ouest – certains en cours et d’autres terminés –, en particulier dans les domaines de la mobilité urbaine et du recyclage des déchets. Nos trois derniers investissements directs sont dans: Husk Power Systems, pour augmenter l’énergie renouvelable au Nigeria ; le fonds Joliba Capital, qui opère dans toute la région ; et Bridge Microfinance, afin de favoriser l’inclusion financière des femmes. Nous travaillons actuellement sur de nouveaux investissements, en particulier dans les systèmes alimentaires et l’inclusion financière.

La plupart de vos investissements se concentrent sur les pays d’Afrique à revenu faible ou intermédiaire. Pourriez-vous investir dans la région du Sahel, par exemple ?

Le rôle d’une institution financière de développement comme Swedfund est de prendre des risques, d’être complémentaire et catalytique. Cela signifie que nous devons investir là où d’autres investisseurs privés hésitent à aller. Pour le faire de manière responsable, il faut une stratégie, un modèle d’entreprise et une expertise pour atténuer les risques. Bien que nous soyons situés en Côte d’Ivoire, le portefeuille de notre directeur régional couvre les pays du Sahel. Nous avons déjà investi au Burkina Faso et au Mali par l’intermédiaire de fonds de capital-investissement.

Le contexte géopolitique actuel de la région ne modifie-t-il pas votre politique d’investissement ?

Plus de 60 % de nos investissements se font en Afrique. Par le biais de ces engagements, nous sommes par exemple présents en Éthiopie, au Soudan du Sud, en RD Congo et en Somalie. Le contexte géopolitique au Sahel ne nous empêchera donc pas d’y lancer des opérations. Nous travaillons dans des contextes parfois difficiles, dans des pays fragiles. Lorsque nous investissons, nous le faisons avec prudence. Nous analysons la situation pour nous assurer que nous comprenons les enjeux et les risques d’un point de vue géopolitique et de celui des droits de l’homme. L’objectif est d’apporter notre contribution. Nous pensons en matière d’impact à long terme et durable et cherchons un équilibre entre les investissements sûrs et les contextes plus risqués.

Vous avez investi environ 220 millions d’euros dans 14 projets en 2023. Comment Swedfund choisit-il d’investir dans un projet plutôt qu’un autre ?

Notre priorité est toujours l’impact que notre investissement peut avoir sur les objectifs de développement durable. Nous examinons s’il peut créer des emplois, promouvoir l’égalité des sexes, réduire les inégalités en général ou contribuer à la lutte contre le changement climatique. Pour concentrer notre travail et notre expertise là où nous pouvons apporter le plus de valeur ajoutée, nous avons identifié quatre secteurs stratégiques: le climat et l’énergie, l’inclusion financière, les entreprises durables et, plus récemment, les systèmes alimentaires.

Notre ambition est de tripler nos investissements.

La plupart des investissements de Swedfund sont destinés à des fonds d’investissement, alors que vous pourriez investir directement dans des entreprises. Pourquoi ce choix ?

Un peu plus de la moitié de nos investissements se font dans des fonds d’investissement qui opèrent dans des environnements difficiles, et nous continuerons à le faire. Mais nous augmentons aussi progressivement nos investissements directs. Cela va de pair avec le renforcement de notre présence sur le terrain en soutenant directement les entreprises.

En quoi consiste la stratégie à l’horizon 2030 que vous êtes en train de déployer ?

Nous sommes partis d’un constat: les besoins de développement augmentent. Notre modèle fonctionne bien et, grâce à la confiance de notre actionnaire [le gouvernement], nous avons bénéficié d’injections de capital, ce qui nous donne l’opportunité de faire plus. En fait, notre ambition est de tripler nos investissements. Nos priorités restent les mêmes, mais l’objectif est de faire plus. Le principal changement est que nous allons augmenter nos investissements directs et étendre notre présence géographique, par exemple en Afrique de l’Ouest. Nous sommes l’une des plus petites IFD, mais l’une de celles qui se développent le plus rapidement. Je me réjouis des années à venir et de l’impact que nous pouvons avoir.

Source: JeuneAfrique

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