Oignon Violet de Galmi: un Délice ÉMotionnel

1
Oignon Violet de Galmi: un Délice ÉMotionnel
Oignon Violet de Galmi: un Délice ÉMotionnel

Africa-Press – Niger. Par l’envoyé spécial de l’ANP Mahaman Sabo Bachir

Tahoua, 26 Décembre (ANP)- Tahoua, Centre-Nord du Niger, est une région à vocation agricole dont la réputation tient entre autres aux ‘’forces de ses lutteurs’’… et à l’oignon labellisé ‘’violet de Galmi’’.

Ce vivier du légume aux bulbes produirait plus de 75% de l’oignon du pays, dont une grande partie est destinée à l’exportation.

Plusieurs variétés y sont produites, dont le violet de Galmi qui est la plus prisée pour ses vertus culinaires et nutritives. Elle est surtout la plus cultivée pour son rendement et sa durabilité dans la conservation. Sa culture fait le bonheur des producteurs.

65 ans, Bila Mohamed, un fonctionnaire à la retraite et résident à Tahoua, s’est converti en producteur maraîcher depuis sa prise de retraite, il y a cinq (5) ans.

Sur son champ de 5 hectares sont cultivées plusieurs variétés de légumes et fruits. Cette ferme agricole située à moins d’une dizaine de kilomètres de la ville de Tahoua est un refuge de biodiversité.

S’y côtoient des gros et petits ruminants, et une multitude d’espèces végétales offrant des gîtes aux insectes et aux oiseaux.

Mais le plus important aux yeux de Bila Mohamed est sa culture de l’oignon ‘’violet de Galmi’’.

« Je produis de l’oignon, précisément le violet de Galmi sur un espace d’un demi-hectare. Je produis des semences d’oignon que je revends à des clients, mais je cultive surtout l’oignon proprement dit », affirme le producteur lors d’une visite sur le champ avec le reporter de l’ANP.

Chaque année, Bila cultive l’oignon durant une seule campagne agricole, soit de Décembre à Avril. Le reste de l’année, il prépare le même terrain à la culture sous pluies, et ce, généralement du mil et du sorgho.

« Par campagne agricole, je produis en moyenne 125 sacs d’environ 120 kg », renseigne-t-il.

Bila n’est pas habitué à vendre sa production juste après la récolte. Il préfère attendre ‘’la saison des vaches grasses’’.

« Le problème de l’oignon, ce qu’à la récolte, durant les mois de Mars et Avril, nous sommes au plus bas prix, car le sac se vend autour de 6.000 francs CFA. Au maximum, il se vend à 10.000 Fcfa. Alors ceux qui peuvent conserver le produit jusqu’à 3 à 4 mois après la récolte, ils peuvent vendre le sac jusqu’à 20. 000 à 40.000 FCFA, voire au-delà », informe le maraîcher.

Enchaînant: « A la récolte, c’est le produit le moins cher. S’il est vendu à cette période, sa production peut ne même pas être rentable pour celui qui utilise une main d’œuvre. Par contre, ceux qui cultivent eux-mêmes leurs propres champs peuvent s’en sortir, car ils n’ont pas à payer des travailleurs ».

C’est pourquoi, explique-t-il « Pour des producteurs comme nous qui employons des ouvriers, nous ne nous en sortirons pas à ces prix. Il nous faut donc le conserver durant quelques mois, le temps que le produit prenne de la valeur. Et ça peut monter aux alentours de 20.000, à ce prix-là nous pouvons nous en sortir ».

Pour conserver ce produit jusqu’à quatre (4) mois après la récolte, il est entreposé dans des greniers construits sur des terrains en altitude, là où il y a moins de rosée.

« A partir des mois de Juillet et Août, nous commençons à vendre. Les gens viennent jusqu’ici dans les champs pour l’acheter », fait-il savoir.

A l’échelle régionale, la variété la plus productive est le violet de Galmi avec un rendement moyen de 50-55 Tonnes à l’hectare, selon des sources officielles.

Mahamane Maazou Oumarou Sanda, Directeur régional de l’agriculture de Tahoua explique que « Cette variété est préférée pour sa qualité gustative ; sa conservation et sa résistance aux maladies.’’ ‘’Elle est également très demandée sur les marchés locaux et internationaux, ce qui en fait une culture très rentable pour les producteurs de la région ».

Selon le Ministère de l’agriculture et l’élevage, la Région de Tahoua produit environ 75% de la production nationale de l’oignon, soit environ 375 000 tonnes par an sur une production nationale de 500 000 tonnes.

La chaîne de valeur ajoutée de ce produit génère quelque 135 milliards de FCFA par an, soit 1,7 du PIB National et 4,3% du PIB agricole.

Sur le plan social, la filière oignon mobilise l’équivalent de 82 400 emplois l’équivalent plein temps dont 32 000 emplois additionnels dans la chaîne de valeur.

Au plan économique, ajoute la même source, plus de 95% de la production d’oignon de Tahoua est destinée à l’exportation principalement vers les pays de la CEDEAO (Cote d’Ivoire, Ghana, Benin, Nigéria) et Burkina Faso.

« Le Prix de l’oignon a connu une flambée ces derniers temps atteignant des records de 100 000 FCFA le sac de Malanville (Benin) et 38 000 FCFA le sac de 46 kg à Agadez », fait savoir Mahaman Maazou Oumarou Sanda, le Directeur Régional de l’agriculture de Tahoua.

Selon lui « les chiffres sur la commercialisation de l’oignon montrent l’importance de la filière oignon pour l’économie de la région de Tahoua ».

Cependant, a-t-il relativisé, « la commercialisation de l’oignon est confrontée à des défis tels que la concurrence des oignons importés ; les coûts de transport et les fluctuations de prix ».

La culture de l’oignon et ses difficultés

Cette année, la campagne agricole a été marquée par des attaques de Sautériaux qui ont affecté certaines cultures notamment l’oignon dans la région de Tahoua, souligne le Directeur régional de l’agriculture.

« Les Sautériaux sont l’un de principaux ravageurs qui ont été signalés dans plusieurs départements de la région notamment Madaoua ; Tchintabadaren, Illéla ; Abalak ; Keita ; Tahoua ; Bouza », documente Mahaman Maazou Oumarou Sanda.

Ce problème de criquets, Bila Mohamed en souffre encore dans son champ où l’impact des attaques saute à l’œil.

Dans les végétations, les gros criquets sont visibles passant d’arbre en arbre. Les cimes des arbres sont sans feuilles, car elles sont dévorées par les criquets.

« Je n’ai jamais vu de criquets en Décembre. Habituellement, après le mois d’octobre, les criquets disparaissent, mais cette fois, nous sommes bien en Décembre, mais ils sont toujours là », déplore le producteur.

« Quand nous avions planté l’oignon, la première vague de plantation a été détruite par les criquets. C’est le second semis qui a résisté. Quant à la tomate, elle a carrément été dévorée, même un seul pied n’en reste », ajoute-t-il.

Cette situation perdure dans ce champ malgré des traitements avec des produits phytosanitaires et une intervention de la brigade de la protection des végétaux à deux reprises.

« Mais le problème des criquets ne se gère pas avec des traitements localisés. Même si je traite bien mon champ et que mes voisins ne font pas de même, les criquets vont quitter pour quelques jours pour ensuite revenir. J’ai fait le traitement à deux reprises, ils reviennent toujours, peut-être c’est parce que toute la zone n’est pas traitée. Il lui faut un traitement d’envergure de toute la zone », explique le fonctionnaire à la retraite.

Outre les attaques de criquets, la culture de l’oignon est habituée à d’autres aléas, notamment des maladies, dont les plus fréquentes sont, selon Mahaman Maazou Oumarou Sanda: les maladies de racines roses (Pyrenochaeta terrestris ) qui provoquent une coloration rose des racines et peut entraîner une perte de rendement de (40 à 100%) ; la Fusariose:(Fusaruim sp) qui est la maladie la plus fréquente au Niger et peut entraîner un jaunissement progressif de feuilles et une pourriture basale de la bulbe ou encore l’Alternariose: qui se traduit par un dessèchement des extrémités des feuilles et de taches ovales sur celles-ci.

Outre ces maladies, la production de l’oignon souffre habituellement des attaques des rongeurs, comme les Thrips (Thrips tabaci) qui provoquent des lésions argentées sur les feuilles et les Chenilles (spodoptera spp) qui peuvent détruire les plants.

Cette culture a aussi ses exigences climatiques: des hautes températures supérieures à 35 et 40 °C qui raccourcissent le cycle de culture et hâtent la barbification tandis que la faible luminosité limite la croissance de l’oignon.

Quant à la forte humidité, elle favorise le développement de maladies et les pourritures.

Les autres défis de cette filière sont l’accès limité au financement pour les producteurs, des importantes pertes post-récoltes dues à un manque d’infrastructures de stockage et de conservation ou la faible organisation des producteurs et du système bleu de collecte et de commercialisation.

Des solutions envisagées

Selon le Directeur régional de l’agriculture de Tahoua, l’Etat Nigérien et ses partenaires ont mis en place plusieurs initiatives pour soutenir la filière Oignon. L’une de ces actions vise l’amélioration de la production. En effet, le Gouvernement a lancé des programmes pour améliorer la productivité et la qualité de l’oignon en particulier le violet de Galmi.

Des actions de renforcement des capacités ont également été menées à travers des formations au profit des producteurs et les transformateurs pour améliorer leurs compétences techniques et leurs gestions.

Sur la question des financements, des mécanismes adaptés sont mis en place pour aider les producteurs et les transformateurs à accéder aux ressources nécessaires.

Aussi pour développer les infrastructures, ajoute la même source, des investissements sont réalisés pour améliorer les infrastructures de stockage ; de transformation ; et de commercialisation.

En fin, souligne le responsable régional, pour promouvoir la filière, le Gouvernement et les partenaires travaillent à promouvoir la filière oignon Nigérienne sur les marchés régionaux et internationaux, ajoutant que des organisations comme la FAO et le CRA sont également impliquées dans les efforts pour soutenir la filière oignon

En Octobre 2021, le Gouvernement du Niger a décidé de l’enregistrement de l’oignon Violet de Galmi en Indications Géographiques (IG). Selon le Directeur régional de l’agriculture de Tahoua, cette mesure vise une reconnaissance officielle de la qualité et de l’origine de cette variété d’oignon.

Concrètement, explique-t-il, elle vise à protéger l’origine et la qualité de l’oignon violet de Galmi empêchant ainsi les contrefaçons et les utilisations abusives du nom. Elle permet aussi de valoriser la production d’oignon violet de Galmi ce qui peut entraîner une augmentation de la demande et de prix.

En effet, cette labellisation contribue au développement économique de la région de Tahoua, dont l’oignon violet de Galmi est principalement produit.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here