Pourquoi le groupe AFD est contraint de réduire la voilure en Afrique

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Pourquoi le groupe AFD est contraint de réduire la voilure en Afrique
Pourquoi le groupe AFD est contraint de réduire la voilure en Afrique

Thaïs Brouck

Africa-Press – Niger. En 2023, l’activité du groupe Agence française de développement (AFD) a atteint de nouveaux sommets. L’institution, qui regroupe l’AFD, Proparco et Expertise France, a validé le financement de plus de 1 000 nouveaux projets pour un total de 13,5 milliards d’euros, contre 12,3 milliards en 2022. Les deux filiales du groupe ont d’ailleurs atteint des résultats historiques: Proparco avec 2,7 milliards d’euros d’engagements et Expertise France, dont l’activité a triplé depuis 2015, avec près de 600 millions d’euros de signatures.

Malgré ces résultats record au niveau mondial – le groupe AFD est présent dans 160 pays –, le volume des projets financés en Afrique est en baisse. De 5,5 milliards d’euros en 2022, les nouveaux projets signés sur le continent en 2023 ont plafonné à environ 5 milliards d’euros, soit 38 % du volume financier mobilisé par l’ensemble du groupe. En 2022, près d’un nouveau financement sur deux bénéficiait au continent.

Divorce avec trois pays sahéliens

Mais, depuis, l’institution a dû quitter successivement le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les trois pays, jusqu’alors considérés comme prioritaires par Paris, ont décidé de rompre les liens avec la France. En 2022, le portefeuille de projets du groupe dans sa direction régionale Grand Sahel représentait 5 milliards d’euros. Le divorce a donc nécessairement eu un impact sur les nouveaux investissements du groupe sur le continent.

Mais ce repli des pays du Sahel n’explique pas à lui seul ce recul de l’AFD sur le continent. « La capacité d’endettement de nos clients publics africains est en baisse. En conséquence, les flux financiers sont également en baisse. Pour autant, la stratégie de l’AFD reste la même, l’Afrique reste notre priorité », a expliqué Rémy Rioux, le directeur général du groupe, lors de la présentation des résultats, à Paris le 14 mai.

Montée en régime de Proparco

De fait, selon le FMI, le ratio d’endettement moyen en Afrique subsaharienne a presque doublé en seulement dix ans, passant de 30 % du PIB à la fin de 2013 à un peu moins de 60 % du PIB à la fin de 2022. En parallèle, de 2000 à 2024, la part de la dette commerciale en Afrique est passée de 17 % à 44 %. Le coût du remboursement de cette dette a donc lui aussi augmenté.

« Pour compenser le recul des prêts aux États, nous mettons particulièrement l’accent sur l’endettement non souverain », explique Marie-Hélène Loison, la directrice générale adjointe de l’AFD. En 2023, 52 % des engagements du groupe ont bénéficié à des acteurs non souverains: organisations de la société civile, collectivités, établissements publics, secteur privé. Proparco, la filiale du groupe chargée du financement du secteur privé, a ainsi vu son activité augmenter en Afrique, passant de 1 milliard à 1,4 milliard d’euros d’engagements.

Source: JeuneAfrique

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