Sénégal, Tchad, Éthiopie… Un bilan en demi-teinte pour les pays africains au Sommet de Paris

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Sénégal, Tchad, Éthiopie… Un bilan en demi-teinte pour les pays africains au Sommet de Paris
Sénégal, Tchad, Éthiopie… Un bilan en demi-teinte pour les pays africains au Sommet de Paris

Yara Rizk

Africa-Press – Niger. Il faut commencer le travail dès maintenant» a déclaré le président français, Emmanuel Macron, en annonçant dans la foulée une «réunion de suivi» à Paris dans deux ans sur ce «nouveau consensus complet» censé «réformer en profondeur le système financier mondial».

Utilisé comme un leitmotiv tout le long du sommet, le terme «consensus» manque de substance et n’est pas suffisamment concret. Car, si toutes les voix qui comptent se sont accordées à dire qu’un réel changement au niveau de l’architecture de la finance mondiale est nécessaire, aucun accord global n’a été conclu ni le moindre changement de structure au niveau des institutions de Bretton-Woods officiellement annoncé.

LES RÈGLES QUI RÉGISSENT LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES NE SONT PAS EN ADÉQUATION AVEC LES BESOINS DES PAYS

Et, pourtant, l’urgence est là. Comme l’a souligné lors de cette grand-messe économique le président sénégalais Macky Sall, «les règles qui régissent les institutions financières internationales ne sont pas en adéquation avec les besoins des pays. Ces règles ne tiennent pas compte des urgences en matière d’infrastructures et de climat». Ce n’est pas le vice-Président de Citigroup, Jay Collins, qui pourra le contredire. Ce dernier estime que l’«on parle toujours des mêmes choses, mais [que] rien ne change. Nous connaissons les solutions mais ne les mettons pas en place. Les banques multilatérales de développement doivent accompagner plus de projets».

Ajoutez à cela une dose de frustration chez certains dirigeants du continent, à l’image du président éthiopien, Abiy Ahmed, qui clamait que ses homologues africains et lui-même ne partiraient pas «sans de vraies réformes». Ou encore du président de la République du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, qui a insisté sur le besoin d’un nouveau départ, en indiquant : «pour cela nous avons besoin que nos dettes soient gelées. J’ai posé la question tout à l’heure et je n’ai pas eu de réponse».

Quelques acquis

Néanmoins, ce sommet aura eu le mérite de permettre de débloquer certains dossiers. Parmi lesquels la restructuration de 6,3 milliards de dollars de la dette zambienne. Pour rappel, le montant total de cette dette s’élève à 32,8 milliards de dollars, dont 18,6 milliards auprès de créanciers étrangers, selon les chiffres de son ministère des Finances à la fin 2022.

Mais également l’octroi par le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne de 2,5 milliards d’euros au Sénégal dans le cadre du mécanisme innovant des JETP (Partenariat pour une transition énergétique juste) qui mobilise des financements publics et privés pour aider les pays en développement à abandonner les énergies fossiles.

On peut aussi mettre en avant la concrétisation de l’objectif de réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) par le FMI. «Nous atteignons l’objectif, nous avons les 100 milliards», a fièrement clamé la dirigeante du Fonds, Kristalina Georgieva, au cours d’une table-ronde en présence du président français, Emmanuel Macron, et du président de la Banque mondiale, Ajay Banga.

LE SECTEUR DU TRANSPORT MARITIME N’EST PAS DU TOUT TAXÉ, C’EST L’UN DES SEULS

« Le FMI se concentre sur l’amplification des bénéfices de l’allocation des DTS, en facilitant l’acheminement volontaire des DTS de nos membres ayant une position extérieure forte vers les membres dans le besoin, a confié à Jeune Afrique un porte-parole du FMI. C’est essentiel pour que le Fonds puisse continuer à aider nos membres les plus pauvres à faire face aux chocs actuels et à lutter contre le changement climatique’.

Et, enfin, il faut noter le déblocage effectif des 100 milliards de dollars par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement climatique.

Pistes de réflexion

Ce sommet pour un nouveau pacte financier mondial intervient quelques mois avant la COP28 et les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI. Dans la continuité des annonces actuelles, de nouvelles initiatives et réformes y seront attendues.

Par exemple, l’éventuelle clause de «dette résistante au climat» de la Banque mondiale, pour laquelle la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a longuement bataillé, et qui a pour objectif de permettre la suspension des remboursements en cas de « catastrophe » naturelle. Mais aussi une taxe sur les transactions financières, les billets d’avion et le transport maritime. « Le secteur du transport maritime n’est pas du tout taxé, c’est l’un des seuls », a en effet fait remarquer Emmanuel Macron devant un parterre de journalistes.

Sur cette liste d’engagements et d’initiatives, « tous ceux qui sont prêts à y adhérer formellement pourront signer », a lancé le président français aux dirigeants présents, dont le Brésilien Lula, le Premier ministre chinois, Li Qianq, la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen, et les nombreux chefs d’État africains.

La Source: JeuneAfrique.com

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