Ensablement du fleuve Niger : Un problème qui persiste chaque année et trouble la quiétude des riverains

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Ensablement du fleuve Niger : Un problème qui persiste chaque année et trouble la quiétude des riverains
Ensablement du fleuve Niger : Un problème qui persiste chaque année et trouble la quiétude des riverains

Africa-Press – Niger. Le Fleuve Niger est l’un des fleuves les plus longs de l’Afrique. Il est en effet, le troisième fleuve le plus long avec une longueur d’environ 4 200 km. Ce fleuve qui jadis faisait la fierté du peuple nigérien, est depuis quelques années confronté à l’ensablement qui menace de plus en plus son existence. À chaque période de décrue, le lit du fleuve se remplit d’une quantité importante de sable qui le vide petit à petit de son eau, laissant ainsi apparaître des espaces sans eau, des rochers, des espaces verdoyants à la merci des ordures et des déchets plastiques. Cela n’est pas sans conséquence sur l’environnement et entrave le bon déroulement de certaines activités pratiquées sur le fleuve.

Pendant la période de crue, le fleuve Niger se remplit entièrement d’eau. Il est très difficile en cette période d’apercevoir des espaces sans eau. Cette période est le moment pro­pice pour le transport fluvial des marchandises par les pi­rogues ainsi que la traversée des personnes à bord des pi­rogues qui se fait dans cer­taines localités et villages. Cette ressource naturelle constitue une source impor­tante d’approvisionnement en eau pour les hommes, la faune et la flore. Nonobstant, son importance, le fleuve Niger est menacé de nos jours par d’innombrables fléaux, dont la pollution et l’ensablement qui favorisent une importante baisse du ni­veau du fleuve caractérisée par un étiage cruellement sévère.

Aujourd’hui, se rendre au fleuve pour une petite ba­lade ou un pique-nique entre amis pour se distraire, contempler le coucher du soleil et écouter le bruit de l’eau n’est plus possible à certaines périodes. Sur la digue de la rive droite, on y voit des enfants à moitié couvert faire la course pour se jeter dans le fleuve. Ce moment d’attraction est un pur bonheur pour eux, car à les entendre, l’eau n’est pas très profonde. Pour consta­ter cet état de fait, il suffit d’emprunter le premier pont ou de monter sur l’échan­geur pour observer des es­paces vides, sablonneux recouverts à certains en­droits de petites végétations.

Du côté de la rive gauche, derrière le somptueux Palais des congrès, le vide lais­sé par l’eau, est aujourd’hui remplacé par la terre, les déchets et la végétation. Dans cet endroit précis, il serait difficile de dire à un étranger qui met pied pour la première fois à Niamey, que l’eau du fleuve débordait jusqu’à cet endroit. On note ainsi, que le fleuve devient moins profond. A de nom­breux endroits des bancs de sable et des îlots de végéta­tions émergent, rendant ain­si difficile, voire impossible la navigation à certains en­droits à partir des mois de mars jusqu’à juillet. Il suffit de se rendre pour consta­ter que la terre est sèche, des déchets plastiques, des plantes aquatiques et des plantes qui servent souvent de fourrage sont présents.

Sur la même rive, du côté du terrain de « Maracana » au niveau du pont des Martyrs, le constat est le même, en lieu et place de l’eau, on y trouve un espace recou­vert de végétation. Dans ce même lieu, des plants em­ménagées dans de la poterie ou des ustensiles destinés à la vente sont soigneuse­ment posés. Le matin de bonheur, pendant que les travailleurs se rendent sur leurs lieux de travail, l’on aperçoit de loin les blanchis­seurs avec leur colis au bord du fleuve pour les tâches quotidiennes. Pendant que certains sont déjà à la fin de leur tâche, d’autres s’ins­tallent pour débuter leur tra­vail quotidien. On y voit aussi des pécheurs avec des fi­lets, dans une pirogue ou à pied, tenant un seau à la main, prenant d’assaut les rives tout en espérant que la pêche sera bonne. Il faut savoir qu’à cet endroit pré­cis, le fleuve est divisé en deux avec l’apparition d’un espace verdoyant, laissant voir ainsi des rochers et de la verdure.

Les deux rives qui, avant l’ensablement du fleuve, étaient couvertes d’eau servent aujourd’hui de lieu de séchage pour les blan­chisseurs, car les herbes qui s’y trouvent sont à ma­turité. Cette situation incon­fortable et inquiétante à la fois est le principal sujet de débat des acteurs du fleuve, c’est-à-dire les habitués qui se rendent pour une et mille raisons. L’ensablement est un processus, pendant le­quel les grains de sable sont transportés d’un lieu d’ali­mentation à un autre sous l’effet de l’écoulement ou du vent. Ce dernier s’accumule et se dépose lorsqu’il ren­contre un obstacle. Selon les récits d’un passant, le fleuve faisait peur aux enfants par le passé, mais aujourd’hui tel n’est pas le cas. « Pendant la décrue, j’ai l’habitude de voir des bergers descendre jusque dans le fleuve pour abreuver leurs troupeaux en raison de l’ensablement et du manque de profondeur », souligne un passant.

Le retrait de l’eau, un problème pour les jardi­niers et piroguiers

La situation du fleuve in­quiète plus particulièrement les hommes et les femmes dont les moyens de subsis­tance sont liés à ce dernier. « L’Etat du fleuve n’est plus comme on le connaissait dans le temps », susurre un vendeur de courges. La navigation qui jadis se fai­sait dans la simplicité est devenue aujourd’hui difficile pour ces usagers, affectant ainsi le transport des mar­chandises qui, par voie de conséquence, se répercute sur le coût de la marchan­dise et le délai de livraison. En effet, cette situation pré­sente des répercussions sur les prix des marchandises pour le citoyen lambda qui a du mal en temps normal à s’approvisionner. « Le mor­ceau de la courge que nous avons l’habitude d’acheter à 25 f est aujourd’hui vendu à 50 f. Lorsque nous nous plaignons auprès des dé­taillants, ils disent que cette cherté vient des grossistes qui se plaignent eux aussi de l’ensablement du fleuve qui rend difficile la navigation », a indiqué une ménagère rencontrée au marché.

Cette situation plus ou moins déplaisante touche égale­ment les jardiniers. Assis à même le sol, les yeux rivés sur ses plantations, Abdoul déplore cet état lamentable du fleuve et les problèmes que rencontrent les hommes du fleuve. « Chaque année, on vit le même scénario à pareil moment. La situation est critique, et nous ne pou­vons rien. Pour arroser nos plants, il faut tout un pro­cessus pour ceux qui n’ont pas de motopompe, car ce n’est pas à la portée de n’im­porte qui de se procurer une motopompe, surtout dans ce contexte de fermeture des frontières imposées à notre pays », souligne Abdoul. Notre fleuve se meurt à pe­tit feu, laisse entendre un vieil homme se trouvant à côté de notre interlocu­teur. « Nous n’avons pas d’autres activités en dehors du jardinage, si le fleuve sur qui nous comptons est mal entretenu, qu’allons nous faire ou devenir ? », s’inter­roge-t-il avec un air inquiet. « L’Etat et ses partenaires doivent revoir cette situation pour redonner vie au fleuve », a martelé le vieil, homme le regard rivé sur le fleuve.

Outre le transport et le jar­dinage, de nombreuses activités sont pratiquées dans cet environnement dont la pêche. Mais les ac­teurs gardent leur mal en patience en attendant une lueur d’espoir, un jour nou­veau qui éclaircirait l’hori­zon. En effet, les menaces de l’ensablement du fleuve viennent de plusieurs fac­teurs. C’est ainsi que nous avons les causes naturelles et anthropiques. Comme le disent certains, l’être humain est l’acteur de ses propres malheurs. À travers le dé­boisement des plantes aux alentours du fleuve, et même dans certaines parties vides laissées par le fleuve, les hommes contribuent ainsi à la dégradation du fleuve. Actuellement au bon milieu du fleuve, on voit des plantes mortes consumées par le feu. Cela est le résultat de la mauvaise pratique de cer­tains pêcheurs.

Pour les causes naturelles, nous avons l’érosion, la dimi­nution des pluies, l’augmen­tation des températures, la jacinthe d’eau, etc. Plusieurs programmes de lutte contre l’ensablement du fleuve ont été initiés par l’Etat avec l’ap­pui des partenaires. La situa­tion actuelle du fleuve Niger ne date pas d’hier. Depuis fort longtemps les autorités ont déployé et continuent de déployer des efforts qui jusque-là ne suffisent pas à inverser la tendance. En période d’étiage, les ca­mions-bennes remplacent les pirogues, pour prélever le sable qui est utilisé dans le cadre de la construction.

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