Médecine Traditionnelle Au Niger: Thérapies Ancestrales

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Médecine Traditionnelle Au Niger: Thérapies Ancestrales
Médecine Traditionnelle Au Niger: Thérapies Ancestrales

Africa-Press – Niger. Au Niger, la médecine traditionnelle est largement utilisée par la population pour traiter des maladies courantes comme la drépanocytose, le diabète, les ulcères, le paludisme, les hépatites virales, l’hypertension, les fractures, l’arthrose, etc. Selon une étude menée en 1997 par Agaray et Alfary, environ 60 % à 80 % de la population y ont régulièrement recours. Cela s’explique souvent par des raisons culturelles, le coût abordable et la facilité d’accès à cette forme de soin.

Convaincues par les vertus de la pharmacopée traditionnelle, de plus en plus de personnes se tournent vers les plantes médicinales. À Niamey, dans les marchés, les quartiers et même au bord des routes, ces plantes sont exposées à même le sol et vendues par des personnes spécialisées dans cette activité. Le célèbre marché de Katako est l’un des principaux centres de ce commerce.

A notre arrivée dans la journée du jeudi 21 août 2025, le marché battait déjà son plein. Des plantes médicinales sous forme séchée et en poudre sont exposées et vendues dans diverses boutiques. Ali Moussa Moumouni, à qui il est donné 101 ans d’âge, officie dans ce marché. Il est le président des vendeurs de Produits de la pharmacopée du Niger. Assis dans son échoppe, le vieil Ali Moussa Moumouni affirme vendre divers types de produits de la pharmacopée utilisables dans le traitement de plusieurs maladies.

« Ce métier est un héritage que mon père m’a légué depuis mon enfance. J’ai eu à soigner beaucoup de Nigériens et d’étrangers à travers les plantes médicinales et je suis connu partout au Niger en tant que spécialiste des plantes médicinales », dit-il en guise de présentation. Aussi, relève-t-il, la plupart des vendeurs des plantes médicinales se trouvant dans le marché Katako et ailleurs ont bénéficié de sa formation. « À vrai dire, je ne peux pas compter le nombre de personnes que j’ai formées dans ce domaine. J’ai toujours été associé par les hôpitaux et le ministère de la Santé dans le cadre de leurs activités », précise-t-il.

Par jour, selon ce spécialiste des plantes médicinales, plus de 100 malades viennent chez lui pour se procurer ses produits. « Ce sont les racines, les plantes, les herbes, les feuilles d’arbres que j’utilise pour soigner les malades. J’ai eu à effectuer beaucoup de voyages à la Mecque pour découvrir encore différentes plantes bénies pour soigner les gens », explique-t-il.

Au-delà du marché Katako, on trouve également des vendeurs de médicaments traditionnels un peu partout dans la ville de Niamey. C’est le cas de Salou Alio, un guérisseur traditionnel rencontré dans sa boutique sise au quartier Boukoki 4. Selon ses dires, grâce aux plantes qu’il montre, exposées devant lui, il arrive à soigner divers types de maladies, notamment la grippe, la diarrhée, l’ulcère, la tension, le diabète, les maux du corps, les démangeaisons, les infections. « J’ai 42 ans d’expérience dans le traitement des maladies. Certains des produits que j’utilise pour soigner les malades viennent du Nigeria, et d’autres, je les cueille moi-même en brousse », notifie-t-il.

M. Harouna Ali promoteur de « Arewa Islamic And Traditional Médecine », une entreprise spécialisée dans la vente des produits à base de plantes, huiles et produits cosmétiques traditionnels depuis 2017-2018, affirme avoir acquis des connaissances sur des milliers de plantes à travers ses voyages de découvertes en Europe. « Pour être médecin ou praticien traditionnel, il faut se référer au Coran et chercher des connaissances auprès des anciens sur toutes les plantes qui existent au monde. Car tout arbre est un remède d’une maladie », dit-il, soulignant qu’au temps des prophètes, la pharmacopée traditionnelle a joué un rôle excellent et impeccable dans la mesure où les prophètes eux-mêmes ont bénéficié des bienfaits et des vertus des plantes pour le traitement des maladies diverses. « Pendant l’Antiquité, la pharmacopée traditionnelle a été utilisée, valorisée et intégrée par les prophètes contre les maladies. Selon le Prophète Muhammad (SAW), toute maladie à des remèdes à travers les plantes médicinales, sauf la mort », rappelle-t-il.

Les médecines traditionnelle et moderne se complètent

Selon le président du Collectif des Organisations des Tradipraticiens de Santé du Niger (COTRASNI), Iliassou Oguytan, «la médecine conventionnelle’’ et la ‘’pharmacopée’’ sont des domaines de santé qui se complètent l’un l’autre pour le traitement des malades. « La pharmacopée traditionnelle est la première médecine au monde et le premier pilier du système de santé mondiale. Elle est aussi un domaine traditionnel de santé, fiable et efficace, dans lequel les personnes malades récupèrent leur santé régulière, tout comme dans la médecine conventionnelle », explique-t-il. Iliassou Oguytan rappelle que, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 80% des populations africaines vont vers la médecine traditionnelle avant d’aller vers la médecine occidentale. « Cette analyse est en vigueur depuis plusieurs années grâce à l’efficacité et l’efficience des plantes de la médecine traditionnelle. C’est pourquoi l’OMS a décrété une journée africaine de la médecine traditionnelle », souligne-t-il.

Pour Iliassou Oguytan, la pharmacopée traditionnelle occupe une place centrale dans le cœur des pays africains. « Pendant la période du covid-19 en 2020, qu’il s’agisse des africains ou des occidentaux, tout le monde avait convergé vers cette pharmacopée pour chercher des plantes médicinales et des produits à base de plantes prophétiques », se souvient-il, rappelant que, depuis l’Antiquité, tout le monde utilise les plantes notamment les épices, les feuilles, les graisses des animaux et consorts pour soigner les maladies. « Mais, aujourd’hui, la pharmacopée est en train d’être délaissée pratiquement dans les pays pour la médecine conventionnelle», déplore-t-il. Toutefois, le président du Collectif des Organisations des Tradipraticiens de Santé du Niger demande à l’Etat de continuer à promouvoir la médecine traditionnelle nigérienne partout en Afrique. « Nous détenons un savoir-faire qui nous permet de soigner à base des plantes médicinales divers types de maladies comme l’hypertension, le diabète, les ulcères, les infections, etc.», estime-t-il.

Chercheur Biologiste à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Abdou Moumouni, Dr Douma Soumana apprécie positivement la pharmacopée traditionnelle qui, dit-il, joue un rôle important dans la médecine conventionnelle, en fournissant des traitements de base pour la santé à travers les plantes. « L’importance de la médecine traditionnelle est de traiter et de prévenir les maladies, de promouvoir la santé et le bien-être de l’organisme mais aussi de préserver les connaissances et les pratiques traditionnelles », soutient-il.

Selon Dr Douma Soumana, des études scientifiques ont montré l’efficacité de certaines plantes médicinales et ont fait constater des résultats prometteurs. « La pharmacopée traditionnelle peut être une approche efficace pour améliorer la santé et le bien-être, et elle peut être utilisée en complément de la médecine conventionnelle », affirme-t-il. Toutefois, ce chercheur biologiste invite la population à faire preuve de prudence dans l’utilisation des plantes médicinales. « Il est important de consulter toujours un professionnel de la santé avant d’utiliser les remèdes traditionnels parce que la médecine traditionnelle peut avoir des impacts positifs et négatifs sur la vie des consommateurs », conseille-t-il.

Témoignages des utilisateurs des remèdes traditionnels

Pour de nombreuses personnes, la médecine traditionnelle est un moyen très efficace pour lutter contre les maladies. Amadou est un adepte de l’utilisation des remèdes traditionnels. « La prise des plantes m’a aidé à guérir mes problèmes de digestion dont j’ai souffert depuis plusieurs années. Chaque fois, en cas de maladie, mon remède primordial est toujours les plantes médicinales », assure-t-il.

Issoufou, un autre utilisateur rencontré au marché de Katako, témoigne qu’il utilise toujours les plantes médicinales pour se soigner en cas de maladie. « Je viens d’acheter ces plantes pour aller me traiter contre les hémorroïdes et les ulcères. Personnellement, chaque fois que je me sens malade, le plus souvent, je fais recours aux plantes médicinales pour me remettre en bonne santé. Les produits de la pharmacopée traditionnelle sont très abordables et je me soigne toujours avec ça sans aucun danger », confie-t-il.

Un autre témoin, Aziz Moumouni, victime d’un accident avec une fracture au niveau de son pied, témoigne aussi que c’est grâce à la médecine traditionnelle qu’il a pu recouvrer la santé. Selon ses dires, il a d’abord commencé son traitement pendant des semaines par la médecine conventionnelle sans soins favorables et, finalement, il s’est dirigé vers la médecine traditionnelle où il a eu une nette satisfaction. « Quand j’avais eu cet accident, j’étais transporté dans une ambulance à l’hôpital. J’ai passé six semaines en suivant des examens et des radiologies sans aucun changement et mon pied continuait toujours à me faire du mal. C’est ainsi qu’une voisine du quartier m’a suggéré de consulter un guérisseur traditionnel, ce qui fut fait immédiatement. Ce guérisseur m’a soigné en moins de trois jours avec l’efficacité des plantes médicinales. Alhamdoulilah, je suis vraiment guéri et les douleurs que je ressentais avant ont disparu », se réjouit-il.

Un cadre législatif et réglementaire en vigueur pour la pratique de la médecine traditionnelle

Afin d’encadrer la pratique de la pharmacopée traditionnelle, l’État a mis en place un cadre législatif et réglementaire régi par l’ordonnance n°97-002 du 10 janvier 1997 portant législation pharmaceutique et ses textes d’application, incluant le décret n°97-301/PRN/MSP du 6 août 1997 fixant les modalités d’application et les règles d’exercice de la médecine traditionnelle ainsi que les catégories professionnelles des tradipraticiens (praticiens de la médecine traditionnelle) au Niger. L’Etat a également adopté une stratégie nationale de la médecine traditionnelle en 2002. Cette stratégie est par la suite renforcée par une stratégie d’intégration de la médecine traditionnelle dans le système de soins en 2009. Ce qui a permis la mise en place d’une commission nationale visant à développer et à intégrer la médecine traditionnelle dans le système de soins moderne. Figure également dans cette stratégie une réglementation sur l’autorisation d’exercice pour les tradipraticiens au même titre que les pharmaciens et une autre réglementation spécifique en place pour assurer la sécurité, la qualité et l’hygiène dans la pratique de la médecine traditionnelle.

… en vente dans les marchés et les rues de Niamey

A l’occasion de la 22è édition de la journée africaine de la médecine traditionnelle, le ministre de la Santé Publique, le médecin Colonel-major, Garba Hakimi, avait, dans son message, souligné l’intérêt accordé par les plus hautes autorités à intégrer cette médecine traditionnelle dans le système formel de soins et à établir un répertoire des plantes médicinales. Il a ensuite évoqué des progrès significatifs réalisés en ce qui concerne la réglementation et la promotion de la médecine traditionnelle. Ainsi, parmi ces progrès figure la mise en place des textes réglementaires sur l’exercice privé de la médecine traditionnelle, des textes réglementaires sur l’homologation des médicaments traditionnels améliorés, le fichier national comportant les listes des tradipraticiens réglementés auprès du ministère de la Santé publique. Tous ces efforts visent particulièrement à garantir la sécurité et l’efficacité thérapeutique des produits issus de la pharmacopée traditionnelle et à promouvoir la recherche et la protection du savoir-faire traditionnel. L’État, à travers le ministère de la Santé publique, travaille avec l’OMS et d’autres partenaires pour faire la promotion de la médecine traditionnelle partout dans le monde. D’où l’intérêt de la célébration chaque année de la Journée africaine de la médecine traditionnelle. L’objectif est de renforcer le plaidoyer pour une promotion de cette médecine comme étant partie intégrante du patrimoine culturel des populations africaines. Les praticiens de la médecine traditionnelle sont détenteurs d’un savoir-faire incommensurable pour l’amélioration de la santé des populations. C’est pourquoi l’État déploie d’énormes efforts pour aider la population à avoir accès de façon rationnelle aux soins offerts par la médecine traditionnelle.

Yacine Hassane et Mahamadou Maifada (Stagiaire)
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Un autre témoin, Aziz Moumouni, victime d’un accident avec une fracture au niveau de son pied, témoigne aussi que c’est grâce à la médecine traditionnelle qu’il a pu recouvrer la santé. Selon ses dires, il a d’abord commencé son traitement pendant des semaines par la médecine conventionnelle sans soins favorables et, finalement, il s’est dirigé vers la médecine traditionnelle où il a eu une nette satisfaction. « Quand j’avais eu cet accident, j’étais transporté dans une ambulance à l’hôpital. J’ai passé six semaines en suivant des examens et des radiologies sans aucun changement et mon pied continuait toujours à me faire du mal. C’est ainsi qu’une voisine du quartier m’a suggéré de consulter un guérisseur traditionnel, ce qui fut fait immédiatement. Ce guérisseur m’a soigné en moins de trois jours avec l’efficacité des plantes médicinales. Alhamdoulilah, je suis vraiment guéri et les douleurs que je ressentais avant ont disparu », se réjouit-il.

Un cadre législatif et réglementaire en vigueur pour la pratique de la médecine traditionnelle

Afin d’encadrer la pratique de la pharmacopée traditionnelle, l’État a mis en place un cadre législatif et réglementaire régi par l’ordonnance n°97-002 du 10 janvier 1997 portant législation pharmaceutique et ses textes d’application, incluant le décret n°97-301/PRN/MSP du 6 août 1997 fixant les modalités d’application et les règles d’exercice de la médecine traditionnelle ainsi que les catégories professionnelles des tradipraticiens (praticiens de la médecine traditionnelle) au Niger. L’Etat a également adopté une stratégie nationale de la médecine traditionnelle en 2002. Cette stratégie est par la suite renforcée par une stratégie d’intégration de la médecine traditionnelle dans le système de soins en 2009. Ce qui a permis la mise en place d’une commission nationale visant à développer et à intégrer la médecine traditionnelle dans le système de soins moderne. Figure également dans cette stratégie une réglementation sur l’autorisation d’exercice pour les tradipraticiens au même titre que les pharmaciens et une autre réglementation spécifique en place pour assurer la sécurité, la qualité et l’hygiène dans la pratique de la médecine traditionnelle.

A l’occasion de la 22è édition de la journée africaine de la médecine traditionnelle, le ministre de la Santé Publique, le médecin Colonel-major, Garba Hakimi, avait, dans son message, souligné l’intérêt accordé par les plus hautes autorités à intégrer cette médecine traditionnelle dans le système formel de soins et à établir un répertoire des plantes médicinales. Il a ensuite évoqué des progrès significatifs réalisés en ce qui concerne la réglementation et la promotion de la médecine traditionnelle. Ainsi, parmi ces progrès figure la mise en place des textes réglementaires sur l’exercice privé de la médecine traditionnelle, des textes réglementaires sur l’homologation des médicaments traditionnels améliorés, le fichier national comportant les listes des tradipraticiens réglementés auprès du ministère de la Santé publique. Tous ces efforts visent particulièrement à garantir la sécurité et l’efficacité thérapeutique des produits issus de la pharmacopée traditionnelle et à promouvoir la recherche et la protection du savoir-faire traditionnel. L’État, à travers le ministère de la Santé publique, travaille avec l’OMS et d’autres partenaires pour faire la promotion de la médecine traditionnelle partout dans le monde. D’où l’intérêt de la célébration chaque année de la Journée africaine de la médecine traditionnelle. L’objectif est de renforcer le plaidoyer pour une promotion de cette médecine comme étant partie intégrante du patrimoine culturel des populations africaines. Les praticiens de la médecine traditionnelle sont détenteurs d’un savoir-faire incommensurable pour l’amélioration de la santé des populations. C’est pourquoi l’État déploie d’énormes efforts pour aider la population à avoir accès de façon rationnelle aux soins offerts par la médecine traditionnelle.

Yacine Hassane et Mahamadou Maifada (Stagiaire)

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