Au Niger, Sani Mahamadou Issoufou et d’autres anciens ministres emprisonnés

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Au Niger, Sani Mahamadou Issoufou et d’autres anciens ministres emprisonnés
Au Niger, Sani Mahamadou Issoufou et d’autres anciens ministres emprisonnés

Mathieu Olivier

Africa-Press – Niger. Le fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou, ministre du Pétrole jusqu’au coup d’État du 26 juillet, a été placé en détention ce 20 septembre. Plusieurs de ses ex-collègues au gouvernement ont subi le même sort.

Est-ce un nouveau rebondissement du coup d’État au Niger et de la prise de pouvoir du général Abdourahamane Tiani ? Ce 20 septembre, Sani Mahamadou Issoufou, fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou, a été placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison de Filingué, à environ 180 kilomètres au nord-est de Niamey.

L’ex-ministre de Pétrole de Mohamed Bazoum, en poste jusqu’au putsch du 26 juillet, était jusqu’ici en résidence surveillée à Niamey, dans la villa Diouf, en compagnie du président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Foumakoye Gado. Cet autre ancien ministre du Pétrole aurait, lui, été transféré dans une prison de la capitale, tout comme Kalla Moutari, son ex-homologue de la Défense.

Un tournant ?

Plusieurs autres membres du gouvernement de l’ex-Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, lesquels étaient également en résidence surveillée depuis le putsch, ont, eux aussi, été placés en détention ce même 20 septembre. Hamadou Adamou Souley, ancien titulaire de l’Intérieur, a ainsi été transféré à la prison de Kollo. Ahmat Jidoud, en charge du portefeuille des Finances, a quant à lui pris la direction de Say, dans la région de Tillabéri.

Aucune communication officielle n’a pour le moment été faite par les nouvelles autorités nigériennes pour expliquer les motifs de ces placements en détention. Le Conseil national pour la sauvegarde de la démocratie (CNSP) a toutefois annoncé, toujours le 20 septembre, la création d’une Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff), qui aura pour mission principale « le recouvrement de tous les biens publics illégalement acquis et/ou détournés ».

Assiste-t-on à un tournant à Niamey, avec la détention à Filingué de Sani Mahamadou Issoufou ? Depuis plusieurs semaines, le président de la transition, le général Abdourahamane Tiani, était en tout cas sous pression et sommé par ses alliés de circonstance de s’attaquer aux caciques du régime renversé et, en premier lieu, à Mahamadou Issoufou et son entourage.

« La situation de la junte n’est pas tenable »

« [Abdourahamane Tiani] recevait des messages menaçants de la part de certaines franges de l’armée et de la population », croit savoir un ancien ministre contacté par Jeune Afrique. En réaction, le général a-t-il lâché du lest afin de contenter certains alliés ? Y a-t-il été contraint ?

Depuis plusieurs semaines, la théorie selon laquelle Mahamadou Issoufou aurait contribué à déclencher le putsch du général a en tout cas pris de l’épaisseur, au point de menacer l’équilibre au sein du CNSP, où cohabitent des officiers hostiles au PNDS, et ceux réputés proches de l’ancien parti au pouvoir, dont Tiani et son bras droit, Ibro Amadou Bachirou.

« La situation de la junte n’est pas tenable. Tiani, Ibro et quelques autres restent pro-PNDS, tandis qu’une bonne partie de l’armée, qui les a rejoints par opportunisme le 26 juillet, est farouchement opposée à Issoufou. Il y a une forme d’unité face aux menaces de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest], mais cela ne peut pas durer éternellement. Tiani va devoir donner des gages s’il ne veut pas être trop fragilisé », conclut notre ancien ministre.

Source: JeuneAfrique

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