éducation, santé, transparence… Les autres défis de l’après-Issoufou

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Niger : éducation, santé, transparence… Les autres défis de l’après-Issoufou
Niger : éducation, santé, transparence… Les autres défis de l’après-Issoufou

Africa-PressNiger. Le pouvoir est accusé d’avoir sacrifié l’éducation, la santé et la lutte contre la corruption au profit d’une sécurité toute relative. À Niamey, une seule chose semble certaine : à la fin de février 2021, Mahamadou Issoufou ne sera plus le président. Au pouvoir depuis 2011, réélu en 2016, il a en effet assuré qu’il respecterait la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, et il n’était donc pas candidat au premier tour de l’élection, organisé le 27 décembre 2020.

Le deuxième tour prévu le 20 février, verra s’affronter Mohamed Bazoum, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir) arrivé en tête du premier tour avec 39,33% des suffrages, et l’opposant Mahamane Ousmane, arrivé en deuxième position avec 17 % des voix.

Quel que soit le successeur du président sortant, il aura fort à faire. Le Niger est en effet frappé de plein fouet par les crises sécuritaires dans le Sahel, en Libye ou dans le bassin du lac Tchad, et fait notamment face à l’État islamique, dans le Grand Sahara ou en Afrique de l’Ouest (Boko Haram).

Ambitions pétrolières

Face aux critiques, qui l’accusent d’avoir sacrifié l’éducation, la santé et la lutte contre la corruption au profit d’une sécurité relative, Niamey met en avant la construction d’hôpitaux de référence dans la capitale, à Maradi et prochainement à Tahoua, mais aussi celle de la centrale hydroélectrique du barrage de Kandadji (130 MW) et d’un oléoduc (de 2 000 km vers le Bénin) qui pourrait permettre au pays de passer d’une production de 20 000 à 500 000 barils de brut par jour d’ici à 2030.

Les ambitions pétrolières nigériennes ont notamment pour objet de soutenir un secteur de l’agriculture qui représente plus de 40 % du PIB, occupe près de 80 % de la population active, mais demeure vulnérable aux changements climatiques.

Niamey, qui s’est notamment fortement rapproché de la Turquie (laquelle a beaucoup investi dans le domaine des infrastructures aéroportuaires, routières ou hôtelières), espère également attirer toujours plus d’investisseurs étrangers. Entre 2016 et 2019, les investissements directs étrangers sont ainsi passés de 155 milliards à 340 milliards de F CFA, selon les autorités.

Des enjeux sécuritaires toujours prégnants

« Avec le début prévu des exportations de pétrole en 2022 et le maintien de la vigueur de l’investissement, à moyen terme, la croissance devrait être de 9 % en moyenne », a conclu le FMI lors d’une mission virtuelle en septembre 2020.

Selon le Fonds, dès 2021, l’économie devrait atteindre 6,9 % de croissance, malgré les contrecoups de la pandémie de Covid-19. L’État traîne cependant toujours un déficit budgétaire de 5,8 %, dû aux dépenses de santé et de sécurité. Quel que soit l’heureux élu à l’issue de la prochaine présidentielle, il n’aura donc pas tout à fait les coudées franches.

Les enjeux sécuritaires demeurent cependant. Les jihadistes ont frappé à plusieurs reprises le long de la frontière malienne en 2020 et font peser une menace constante dans la zone des trois frontières, entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali.

Sous tension permanente, le Niger, par ailleurs engagé au sein du G5 Sahel (coalition regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad), dépense toujours entre 15 % et 20 % de son budget dans le secteur de la défense, un effort qui ne devrait a priori pas faiblir.

Le futur président nigérien devra en outre montrer une attention toute particulière à son ministère de la Défense, durement frappé en 2020 par le scandale puisque, selon un audit de l’Inspection générale des armées, pas moins de 76 milliards de F CFA (116 millions d’euros) y auraient été détournés entre 2013 et 2016 à l’occasion de commandes d’armement.

Ces détournements présumés, qui auraient eu lieu alors que de hautes personnalités du parti au pouvoir étaient chargées du ministère de la Défense, sont entre les mains d’un juge d’instruction à Niamey, l’opposition et la société civile mettant la pression pour que justice soit faite.

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