Africa-Press – Niger. Pour l’instant, l’attaque n’est pas revendiquée et aucun communiqué officiel ne confirme le bilan provisoire recueilli auprès de plusieurs sources. Seule information confirmée à ce jour : des civils, dont une dizaine de femmes et d’enfants, ont été tués lundi dans l’ouest du Niger lors de l’attaque par des djihadistes présumés d’un village de la région de Tillabéri, proche du Mali, ont indiqué mardi des sources locales. « L’attaque a lieu à Darey-Daye vers 15 heures (14 heures GMT) » lundi « par des hommes armés venus à moto » qui ont tiré « sur des gens en train de cultiver leurs champs », a déclaré un élu local, cité par l’Agence France-Presse, en précisant que « le bilan est lourd : il y a eu 37 morts dont quatre femmes et treize mineurs ». Quatre femmes ont également été blessées, a-t-il dit.
Guerre contre la population
Un journaliste de la région a confirmé cette attaque qu’il a décrite « comme très sanglante ». « Ils ont trouvé les victimes dans leurs champs et ils ont tiré sur tout ce qui bougeait », a-t-il affirmé.
Le village de Darey-Daye, situé à 40 km à l’est de la ville de Banibangou, a déjà été la cible d’hommes armés. Le 15 mars, des djihadistes présumés avaient massacré 66 personnes au total lors d’attaques contre Darey-Daye et contre des véhicules qui rentraient du grand marché hebdomadaire de Banibangou.
Depuis le début de l’année, des djihadistes multiplient les assauts sanglants contre des civils dans le département de Banibangou, une zone enclavée dans le nord-est de la région de Tillabéri, située dans la zone dite des « trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali.
Cette zone est le théâtre depuis des années d’actions sanglantes de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique (EI) commises contre des civils et des militaires, malgré d’importants efforts pour tenter de les sécuriser.
Depuis le début de la saison des pluies, en juin, les attaques visent surtout des civils travaillant dans les champs. Le 9 août, « des individus armés » avaient attaqué « des populations travaillant dans un champ » du village de Falanzandan, dans le même département de Banibangou, tuant 15 personnes et en blessant deux autres, selon le ministère nigérien de l’Intérieur.
Le 25 juillet, 14 civils avaient été tués dans le village de Wiyé, et trois jours plus tard, le 28 juillet, 19 personnes avaient été massacrées dans le village de Dèye Koukou, toujours dans ce département de Banibangou, selon les autorités.
Comme lors de l’attaque de lundi, les assaillants étaient venus à moto et certaines victimes avaient été froidement abattues, selon des témoins.
Psychose totale
Human Rights Watch (HRW) a estimé la semaine dernière à plus de 420 le nombre de civils tués depuis le début de l’année dans l’ouest du Niger dans des attaques menées par des groupes djihadistes, qui ont également contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir de chez elles. Du 23 juin au 4 juillet, des membres de l’ONG se sont rendus au Niger où ils ont rencontré des témoins d’exactions, des chefs traditionnels, des autorités locales, des membres d’organisations nigériennes des droits humains et des diplomates étrangers. « Des groupes islamistes armés semblent mener une guerre contre la population civile dans l’ouest du Niger. Ils ont tué, pillé et brûlé, semant dans leur sillage mort et destruction et brisant des vies », selon Corinne Dufka, directrice chargée du Sahel à HRW.
Ces groupes ont également détruit des écoles et des églises et imposé des restrictions s’appuyant sur leur interprétation de l’islam, dénonce l’ONG. « Depuis 2019, cette zone a connu une hausse spectaculaire des attaques contre des cibles militaires et, de plus en plus, contre des civils », relève l’Organisation internationale.
Parmi les victimes, on compte des chefs de village, des imams, des handicapés et de nombreux enfants, dont « certains ont été exécutés après avoir été arrachés des bras de leurs parents ». « Les personnes qui commettent de graves violations des lois de la guerre, y compris des exécutions sommaires et des actes de torture, peuvent être poursuivies pour crimes de guerre », rappelle HRW, estimant que « le gouvernement du Niger a l’obligation d’enquêter et de poursuivre de manière appropriée les crimes de guerre présumés commis sur son territoire ».
En termes de riposte, un contingent de 1 200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, a été déployé dans la zone des « trois frontières », dans le cadre de la force multinationale antijihadiste du « G5 Sahel » comprenant des troupes du Niger, du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritaniere. Un fragile dernier espoir, alors que dans le sud-est, le Niger doit également faire face aux atrocités des djihadistes de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
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