Africa-Press – Niger. C’est aujourd’hui que s’ouvre dans la capitale de l’Ader, la 46ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle. C’est la septième fois que la ville de Tahoua accueille cet événement, après 1975 qui a consacré le sacre de Yacouba Kantou de Maradi en finale devant Bawa Doutchi de Niamey ; 1982 avec la victoire finale de Langa-Langa de Zinder devant Kassou Kazouga de Tahoua ; 1992 avec le sabre enlevé par Labo Maikafo de Maradi devant Balla Harouna de Zinder ; 1998 avec la victoire finale de Mahamadou Idi Commando de Tahoua devant Badamassi Alassane de Zinder ; 2009 avec la victoire de Laminou Maidaba d’Agadez devant Harouna Abdou de Tahoua ; et l’édition de 2017 qui a consacré le sacre de Yahaya Kaka de Tahoua devant Lawali Abdou Dan Tela de Zinder. Aujourd’hui, la ville de Tahoua a fait peau neuve et s’est parée de sa « Sakola » légendaire pour accueillir les quatre-vingt lutteurs des huit régions du Niger sous le thème « 50 ans de Kokowa: au cœur de la Souveraineté, du Patriotisme et de la Refondation du Niger».
Il faut dire que, chaque année, l’enthousiasme et l’engouement que suscite cet événement dédié à la lutte traditionnelle ne font que croître, preuve que cette discipline frappée du label de « sport Roi » au Niger compte des millions d’admirateurs. Mais, il aura fallu beaucoup de temps pour que ce sport, qui tire toute sa popularité des vertus qu’il incarne, soit hissé sur la scène nationale et même internationale. Car, il faut bien le noter, au Niger, la lutte traditionnelle fait partie des valeurs ancestrales les plus profondes. En effet, la plupart des communautés de l’espace nigérien de l’époque pré-coloniale connaissent la pratique ludique de la lutte avec des variantes en fonction des régions. Les rencontres, qui opposaient les jeunes des quartiers et des villages, se déroulaient sur la place publique ou devant la cour du chef, sous la supervision des responsables de la jeunesse (Maï samari), des commerçants jouant le rôle de managers pour les lutteurs. Le calendrier des rencontres est établi suivant les cycles de moisson ou de transhumance. A l’issue des combats, un ‘’roi’’ ou le champion de la région est désigné. Quand la renommée d’un lutteur dépasse les limites de sa contrée, des tournées sont entreprises pour lui rendre visite, pour le vaincre ou pour se faire battre dans une atmosphère de joie et de gaieté. Il faut dire que la lutte a connu son envol au Niger à partir de 1975, lorsque le gouvernement de l’époque, sous la férule du Conseil Militaire Suprême (CMS), a inséré dans son programme l’organisation tournante, dans chaque chef-lieu de département, d’un championnat de lutte traditionnelle. L’objectif recherché par les gouvernants de l’époque était d’abord le renforcement de l’identité et de l’unité nationales et ensuite la cohésion sociale et la mise en place d’infrastructures destinées à la lutte. Pour atteindre ces objectifs, les autorités ont entamé une réforme et la mise en place des instances pouvant prendre, en concert avec le ministère, l’organisation de ces championnats. C’est ainsi qu’une association des lutteurs vit le jour par ordonnance présidentielle
N° 7511/PCMS du 13 mars 1975. Cet acte confirme la vision du régime qui veut que la lutte traditionnelle soit un facteur d’unité nationale et de l’affirmation de l’identité culturelle des Nigériens. Elle est devenue une grande manifestation culturelle et sportive qui mobilise tout le pays: les pouvoirs publics, les lutteurs, les différents animateurs, les journalistes, les techniciens, les spectateurs, les auditeurs, les téléspectateurs, les sponsors. Chacune de ces composantes joue un rôle précis et complémentaire. Après 50 années de pérégrination dans les différentes régions du pays, le Sabre National revient encore où il est né, c’est-à-dire à Tahoua. Cette édition 2025 se tient sous sous le thème de « 50 ans de Kokowa: au cœur de la Souveraineté, du Patriotisme et de la Refondation du Niger ». C’est dire qu’elle cristallisera sans nul doute toutes les attentions des Nigériens pendant une dizaine de jours.
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