Bételgeuse: Détection d’une Compagne Stellaire

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Bételgeuse: Détection d'une Compagne Stellaire
Bételgeuse: Détection d'une Compagne Stellaire

Africa-Press – Niger. L’une achève sa vie, l’autre ne l’a pas encore commencée. C’est un duo bien singulier que vient de photographier une équipe d’astrophysiciens dirigée par Steve Howell, de la Nasa. D’abord Bételgeuse, une supergéante rouge au rayon colossal — 700 fois celui du Soleil ! Avec son éclat rougeâtre, c’est la star de nos soirées d’hiver lorsque la constellation d’Orion qui l’abrite est bien haute dans le ciel. Âgée de 8 millions d’années seulement, elle est déjà en train de mourir après avoir brûlé la chandelle, et son hydrogène, par les deux bouts. Désormais, il faudra considérer qu’elle est en couple avec une étoile au contraire si jeune qu’elle ne s’est pas encore allumée… Ce qui n’a pas empêché les astrophysiciens de la « voir », bleue, pâle, si discrète dans le voisinage de l’immense Bételgeuse.

Relation fusionnelle

« Les articles qui prédisaient l’existence de la compagne de Bételgeuse pensaient que personne ne pourrait probablement jamais l’imager », souligne l’astrophysicien de la Nasa Steeve Howell dans un communiqué. Il aura fallu combiner une méthode d’observation à très haute résolution avec la puissance du télescope Gemini Nord, à Hawaï, pour percer enfin les brumes de l’étoile géante afin d’apercevoir cette bien discrète compagne. Elle orbite à seulement 4 fois la distance Terre-Soleil, autrement dit à l’intérieur même de l’atmosphère étendue de Bételgeuse. C’est dire si la relation entre les deux est fusionnelle…

Cette découverte commence avec le mystère du « grand assombrissement »: en 2019-2020, la luminosité de Bételgeuse chute brutalement de presque 70 %. Le monde entier retient son souffle: serait-ce l’annonce d’une supernova imminente? Hélas non. L’événement s’explique par un gigantesque nuage de poussière éjecté par l’étoile, masquant temporairement sa lumière. Mais ce regain d’attention relance les recherches. Dans les données d’archives, les scientifiques identifient une variation secondaire de luminosité, d’une période de six ans, qui pourrait trahir la présence d’un compagnon stellaire selon plusieurs études théoriques. Les instruments Hubble et Chandra sont braqués vers l’étoile… Mais ils ne détectent rien.

La largeur d’une pièce de monnaie vue à plusieurs kilomètres

Jusqu’à cette observation de décembre 2024. À l’aide de l’instrument Alopeke — « le renard », en hawaïen — monté sur le télescope Gemini Nord, les chercheurs observent Bételgeuse trois jours après le moment théorique de la plus grande séparation angulaire de son hypothétique compagne. Ils utilisent une technique appelée « imagerie speckle ». Elle consiste à prendre des milliers d’images dans un temps ultra-court de l’ordre de quelques millisecondes, afin de figer les turbulences de l’atmosphère terrestre qui brouillent les observations classiques. Ces images sont ensuite recombinées par traitement informatique, permettant de reconstruire un cliché net. Grâce à cette méthode, les astronomes ont pu distinguer un point lumineux 6 magnitudes plus faible que Bételgeuse, situé à seulement 52 millisecondes d’arc de l’étoile géante – soit la largeur d’une pièce de monnaie vue à plusieurs kilomètres. C’est la compagne de Bételgeuse, apparaissant exactement là où les modèles l’avaient prédit !

Sa compagne ne devrait pas lui survivre

« C’est la première détection directe d’un compagnon stellaire aussi proche d’une étoile supergéante », souligne l’équipe. Sa masse est estimée à environ 1,5 fois celle du Soleil. Il s’agirait d’une étoile dite « pré-séquence principale », dont l’hydrogène n’a pas encore commencé à fusionner au cœur. En somme, une étoile en devenir. Les deux astres seraient nés ensemble. Mais tandis que Bételgeuse devrait exploser en supernova dans moins de 10.000 ans, sa compagne, elle, n’aura pas le temps de devenir une étoile stable: les forces de marée et l’enveloppement progressif dans l’atmosphère de la géante la condamnent à une lente disparition.

Cette découverte, au-delà de sa singulière beauté, prouve que les techniques d’imagerie actuelles peuvent atteindre des niveaux de résolution angulaire insoupçonnés. « Cette détection se situait aux limites extrêmes de ce que Gemini permet d’obtenir, admet Howell. Cela ouvre désormais la voie à d’autres recherches observationnelles de nature similaire. » Rendez-vous en novembre 2027, date du prochain écart maximal du compagnon, pour confirmer… et mieux comprendre la dynamique de ce duo stellaire hors norme.

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