Africa-Press – Niger. Pourquoi les moustiques nous piquent-ils ? On sait que ces insectes assoiffés de sang sont attirés par le dioxyde de carbone (CO2) que nous expirons, que des infections précédentes peuvent nous rendre plus attractifs aux yeux de ces petits vampires, même que notre choix de gel douche pourrait y jouer un rôle. Mais la vérité est que notre attractivité pour ces insectes ne dépend pas que de nous, et une personne qu’ils auraient attaquée sans répit un jour, peut les laisser complètement indifférents le lendemain. Pourquoi ?
À cause des hormones. Pas les nôtres, mais les leurs. Des chercheurs de l’Université de Géorgie, aux États-Unis, ont mis en évidence que leur envie de nous piquer dépend principalement de deux hormones liées à leur cycle reproductif. Cette découverte a été publiée le 1er juillet 2024 dans le journal PNAS.
Les moustiques femelles nous piquent pour nourrir leurs œufs
Car la soif des moustiques femelles (les seules qui nous piquent, les mâles se montrant plus pacifiques envers nous) dépend de ce cycle. Elles ont besoin de notre sang pour nourrir leurs œufs, mais une fois qu’elles ont mangé suffisamment pour qu‘ils puissent croître, elles ne sont plus intéressées par le sang… jusqu’au prochain cycle. Entre-temps, elles se nourrissent uniquement d’eau et de sucre (tel que le nectar des fleurs).
Ce cycle commence lorsque les moustiques femelles deviennent adultes. Environ deux jours après l’accouplement, les nouveaux œufs sont générés, ce qui active leur soif de sang pour les nourrir. Les protéines contenues dans le sang stimulent la production de plusieurs molécules qui vont permettre la maturation des œufs, processus qui va durer environ 48 heures. Puis, la femelle pourra les pondre (ce qui arrive environ 72 heures après la piqûre) pour qu’ils deviennent à leur tour des petites bêtes assoiffées de sang. Et durant cette période de 72 heures après la dernière piqûre, du moment qu’elle a mangé suffisamment pour assurer la maturation de ses petits jusqu’au moment où elle les libère, l‘insecte n’est plus intéressé par le sang. Puis le cycle recommence, la femelle cherche un nouveau partenaire, génère de nouveaux œufs, et nous pique pour les nourrir.
Cette soif est guidée par une hormone
Pour mieux comprendre le mécanisme qui allume ou éteint leur soif de sang, les chercheurs ont donné à des moustiques femelles accouplés le choix entre du sang de lapin, de l’eau avec des protéines du sang, de l’eau avec du sucre ou juste de l’eau. Ils ont ainsi confirmé que seulement les moustiques ayant pu boire du sang ou de l’eau avec des protéines sanguines ont eu une maturation de leurs œufs. Et que ces mêmes moustiques n’étaient plus intéressés par la main des chercheurs pendant deux jours, et mais qu’ils commençaient à s’y intéresser à nouveau après 72 heures.
Cette attraction pour le sang est causée par une hormone nommée neuropeptide F, ou NPF, sécrétée par des cellules endocrines du système digestif et quelques neurones. Les chercheurs ont observé que cette hormone commence à être produite par le système digestif environ 48 heures après que ces moustiques deviennent adultes, ce qui reflète leur manque d’intérêt pour les humains pendant ces deux premiers jours.
Et la production de NPF s’arrête complètement 6 heures après que ces moustiques aient bu du sang (ou des protéines du sang), et ce durant 48 heures, précisément la période durant laquelle les moustiques ne sont plus intéressés par le sang. La production de NPF reprend ensuite, une fois que les œufs sont déjà arrivés à maturité et qu’ils sont prêts à être relâchés.
Une autre hormone bloque cette soif
Mais l’envie de nous piquer ne dépend pas uniquement de NPF. Les chercheurs ont mis en évidence une deuxième hormone qui agit à l’inverse de NPF, en bloquant la soif de sang. Nommée RYamide-1, cette hormone est produite dans des neurones du cerveau et de l’abdomen des moustiques. Et alors que cette production diminue dans l’abdomen après un bon repas de sang, sa circulation augmente dans les moustiques. Selon les auteurs, cette diminution dans l’abdomen liée à une augmentation de sa circulation indique que l’abdomen est en train de sécréter l’hormone, suite à la prise de sang. Il indique peut-être à l’organisme qu’il a suffisamment de sang pour nourrir les œufs et donc qu’il peut arrêter de chercher des proies, pour le moment.
Cette fonction régulatrice a été confirmée en injectant cette hormone à des moustiques femelles adultes. Elles étaient indifférentes aux mains des chercheurs, contrairement aux autres moustiques. C’est donc une combinaison entre l’intérêt accru pour le sang poussé par NPF et le blocage de cet intérêt par RYamide-1 qui régule la soif de sang de ces moustiques. Les auteurs proposent donc de développer des molécules qui ciblent ou imitent ces hormones pour ainsi réguler le comportement des moustiques femelles, et peut-être leur enlever une bonne fois pour toutes cette manie désespérante de nous harceler tout au long de l’été.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press