Africa-Press – Niger. À bien des égards, l’évolution procède comme une série de compromis entre les différentes espèces pour ne jamais trop avantager l’innovation biologique de l’une sur une autre. Une balance des pouvoirs qui s’établit sur des millions d’années entre toutes les espèces vivantes et maintient un équilibre écologique.
Parfait exemple: celui dévoilé par Nick Peoples et ses deux collaborateurs du département d’évolution et d’écologie de l’Université de Californie (Etats-Unis) dans le numéro du 24 juin 2025 de la revue PLOS Biology. Leur sujet d’étude, les poissons. Précisément les Actinopterygii ou « poissons à nageoires rayonnées ». Le plus large groupe de vertébrés aquatiques représente plus de 30.000 espèces et 99% de tous les poissons, excluant quelques individus dont les lamproies, les requins et les cœlacanthes.
Ces poissons se partagent en deux catégories. Ceux qui possèdent de grosses dents et ceux qui peuvent projeter leur mâchoire vers l’avant.
Des dents assez longues pour servir de cage
Aux premiers, associée à une vitesse de progression éclair, une large dentition permet de s’attaquer à un vaste choix de proies, de pouvoir les blesser mortellement en attendant de les tuer et même de parvenir à les décrocher de substrats rocheux sur lesquels les animaux s’étaient enkystés. Chez certains poissons des abysses tels les Ceratioïdes, quand les longues dents de leurs mâchoires supérieure et inférieure se rabattent, elles forment même une cage qui emprisonne le futur festin.
Quant aux seconds, leur méthode de chasse est bien différente. Dépourvus de la même vitesse foudroyante et carnassière, ils ont été contraints de développer quantité de tactiques. La plus essentielle consistant à projeter largement et rapidement leur mâchoire vers l’avant, et ainsi créer une force de succion qui attire les petits poissons vers eux.
Deux caractéristiques morphologiques incompatibles
Mais est-ce que les deux attributs peuvent cohabiter chez la même espèce? Pour le savoir, les chercheurs ont capturé, en vidéo haute-vitesse, le comportement de 161 espèces étalées sur 23 ordres et 66 familles. Ils ont analysé les différentes stratégies de chasse employées et les ont corrélées avec la taille des dents et la morphologie des mâchoires.
Ils ont ainsi calculé que la taille optimale des dents pour les espèces à mâchoire extensible devait être quatre fois plus petite que pour celles qui en sont dépourvues. En somme, les deux caractéristiques apparaissent incompatibles.
Probablement, estiment les auteurs, parce que des mâchoires extensibles limitent structurellement la taille des dents qu’elles peuvent contenir.
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