Des reptiles marins au long cou décapités par leurs prédateurs

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Des reptiles marins au long cou décapités par leurs prédateurs
Des reptiles marins au long cou décapités par leurs prédateurs

Africa-Press – Niger. En 1830, le géologue anglais Henry de la Beche peignait une aquarelle, le Duria Antiquior, qui est considérée comme la première représentation picturale scientifique d’une scène de vie passée. Largement inspirée du travail de Mary Anning (une pionnière de la paléontologie), l’œuvre représente notamment un reptile marin dont le long cou est en train de se faire croquer par un animal ressemblant à un ichtyosaure. L’artiste avait donc déjà dans l’idée que cette anatomie toute particulière pouvait constituer un talon d’Achille. Il faudra cependant près de 200 ans pour confirmer que le cou pouvait constituer une cible ! Et ce malgré le nombre relativement important de fossiles de reptiles marins à long cou découvert.

Un animal en grande partie dans l’eau

Les Tanystropheus sont des reptiles du Trias, vieux de 225 millions d’années, caractérisés par un cou démesurément long atteignant jusqu’à trois fois la taille de leur torse. Une récente étude a prouvé que ces animaux vivaient une grande partie de leur journée dans l’eau sans pour autant exclure l’idée qu’il puisse faire des excursions sur la terre ferme. Deux espèces sont connues : Tanystropheus hydroides qui pouvait atteindre 6 mètres de long et une plus petite Tanystropheus longobardicus qui atteignait environ 1,5 mètres de longueur.

Pour chacune des deux, les paléontologues connaissent un fossile comprenant la tête et une partie du cou très bien conservés mais dont le reste du corps est absent. C’est en réexaminant ces deux pièces que Stephan Spiekman et Eudald Mujal (un expert dans les interactions proies/prédateurs) du Staatliches Museum de Stuttgart ont retrouvé des traces de dents vers la zone de section. Comme Eudald Mujal l’explique, dans la revue Current Biology : « Les cous se terminent brusquement, indiquant qu’ils ont été complètement sectionnés par un autre animal lors d’un événement particulièrement violent, comme en témoigne la présence de traces de dents ».

Un cou pas très appétissant

Les cous et les têtes quant à eux sont très bien préservés avec la peau et certains tissus mous encore présent ce qui suggère qu’ils n’ont pas été grignotés après la chasse. Logique : la tête est petite et le cou maigre alors que d’autres parties de l’animal sont bien plus charnues. « Il est intéressant de noter que le même scénario – bien que certainement exécuté par des prédateurs différents – s’est déroulé pour les deux spécimens, qui, rappelons-le, représentent des individus de deux espèces de Tanystropheus qui sont très différentes en taille et peut-être en mode de vie », ajoute Stephan Spiekman.

Cela signifie donc que la présence de ce long cou, lié à l’augmentation du nombre de vertèbres cervicales chez les reptiles marins (chez la girafe c’est la taille des vertèbres qui a augmenté), est associée à des inconvénients en termes de survie. Néanmoins cette structure est retrouvée chez de nombreuses espèces marines qui ont évolué durant 175 millions d’années : c’est donc une stratégie évolutive qui s’est avérée plus avantageuse que nuisible. Sans doute a-t-elle permis à tous ces animaux de peaufiner des techniques de chasses plus rentables que celles des animaux à cous plus dimensionnés ?

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