Enfin un premier remède éprouvé contre le hoquet !

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Enfin un premier remède éprouvé contre le hoquet !
Enfin un premier remède éprouvé contre le hoquet !

Africa-Press – Niger. Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°917-218, daté juillet-août 2023.

Son utilité n’est pas toujours comprise mais nous le partageons avec tous les vertébrés. C’est le hoquet, cette contraction involontaire spasmodique et coordonnée des muscles inspiratoires dont on ne sait jamais très bien quand elle démarre ni combien de temps elle va durer. Pour le faire céder, nombreux sont les remèdes populaires parfois très insolites : boire un verre d’eau à l’envers, bloquer sa respiration, faire fondre un glaçon sur son nombril, rencontrer un horrible monstre pour sursauter… Autant de solutions empiriques dont l’efficacité demeure difficilement vérifiable.

Or, depuis peu, un dispositif a été homologué aux États-Unis comme premier traitement du hoquet. Hiccaway est un objet rigide en forme de L, une paille astucieuse mise au point par le Dr Ali Seifi, neurologue à l’Université du Texas. « En 2015, j’ai été confronté aux questions de l’un de mes patients qui, à la suite d’une intervention cérébrale, a développé un hoquet comme effet secondaire. Il m’a demandé pourquoi il n’y avait pas encore à ce jour de traitement efficace. Cela m’a donné envie de comprendre et depuis, j’ai développé ce dispositif « , explique le neurologue qui a dû convaincre certains de ses collègues quelque peu sceptiques de l’intérêt de ces recherches.

« Myoclonie phrénoglottique »

Nul doute que Charles Osborne (1893-1991), détenteur du triste record mondial du plus sévère hoquet rapporté à ce jour, eut apprécié en disposer. Ce paysan de l’Iowa a hoqueté 30 fois par minute pendant 68 ans (soit 400 millions de fois au total !), son hoquet ayant démarré et disparu sans qu’aucune cause n’ait à l’époque été trouvée.

Pour bien comprendre les travaux d’Ali Seifi, il faut faire un petit détour par la physiologie du hoquet. Les médecins préfèrent parler de « myoclonie phrénoglottique », en clair d’un mécanisme sous l’influence de différents muscles (diaphragme, muscles intercostaux) impliqués dans l’inspiration et innervés par le nerf vague et le nerf phrénique. Ce réflexe involontaire découle d’une contraction brutale et coordonnée de ces muscles, rapidement suivie par la fermeture au niveau des voies aériennes supérieures de la glotte, une structure proche des cordes vocales. C’est elle qui, en se fermant sous l’effet de l’augmentation de la pression d’air, produit le fameux « hic », sonore, irrépressible et parfois très gênant. Mais les voies cérébrales du contrôle du hoquet restent à ce jour mal connues.

Heureusement, il est le plus souvent bénin et dure moins de quarante-huit heures, tout simplement provoqué par un repas ingéré trop vite, en lien avec le gonflement de l’estomac pesant alors mécaniquement sur le diaphragme. Parfois, il peut être dû à certains médicaments (anti-inflammatoires de la famille des corticoïdes, antibiotiques, antalgiques, anticancéreux, opiacés, benzodiazépines, agonistes de la dopamine) et cesse à l’arrêt du traitement.

Dans d’autres cas cependant, il peut devenir chronique (plus de quarante-huit heures) et nécessite un avis médical, car il traduit le plus souvent une complication sous-jacente : tumeur locale comprimant le diaphragme, maladie neurologique ou pulmonaire… Les médecins peuvent alors prescrire certaines molécules (oméprazole, chlorpromazine, gabapentine…) qui détendent les muscles et modifient la réactivité des nerfs.

Des volontaires pour un nouvel essai clinique

La paille d’Ali Seifi est, elle, plutôt destinée aux personnes atteintes de hoquet chronique non grave, en lien par exemple avec un reflux gastro-œsophagien. Elle agit de manière purement mécanique. Une fois qu’elle a été positionnée dans un verre d’eau, il s’agit d’aspirer avec force par l’embout buccal pour vider le verre. « La soupape de pression située à la base induit une aspiration forcée et c’est l’effort de contraction qui permet de débloquer le diaphragme et de retrouver rapidement une vie normale « , explique le spécialiste.

Une première étude parue en 2019 dans la revue Jama, menée auprès de 249 volontaires dont plusieurs étaient atteints de hoquet récurrent, a rapporté une efficacité dans plus de 92 % des cas. Depuis, la paille est en vente en ligne (15 euros). Mais en ce début d’été, l’équipe d’Ali Seifia décidé d’aller encore plus loin pour valider son concept.

Un nouvel essai va être mené mais, cette fois, de manière randomisée (avec tirage au sort) et en aveugle. « Hiccaway sera proposé à la moitié du groupe de volontaires, quand d’autres seront équipés d’une paille factice « , précise le neurologue. Le recrutement d’une cinquantaine de volontaires, sur son site et sur les réseaux sociaux, vient tout juste de démarrer. En attendant, le mieux reste de prévenir le hoquet. Comment ? En s’alimentant dans le calme, avec des repas pas trop copieux ni épicés, et sans boissons gazeuses.

Hoqueter pour mieux respirer

De récentes observations suggèrent que le hoquet permet au bébé d’apprendre très tôt à réguler sa respiration, et joue peut-être un rôle important dans le développement cérébral. L’hypothèse a été formulée dans des travaux britanniques, publiés en 2019 dans la revue Clinical Physiology, durant lesquels 13 nouveau-nés, prématurés ou nés à terme atteints de hoquet avaient été suivis au sein d’un service de néonatologie. Leur activité cérébrale avait été enregistrée par un électroencéphalogramme et des capteurs de mouvements positionnés sur leur torse pour repérer le moment précis des hoquets. Les chercheurs se sont rendu compte que les contractions diaphragmatiques étaient contemporaines d’ondes cérébrales particulières traduisant une hyperactivité au niveau du cortex cérébral.

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